La danseuse philippine Eisa Jocson, lauréate du prix Hugo Boss Asia Art
Créé en 2013 par le Rockbund Art Museum de Shanghai, le prix Hugo Boss Asia Art met à l’honneur les artistes asiatiques émergents, ceux qui ne sont qu’aux prémices de leur art et de leurs pratiques. Le 6 novembre, pour sa 4e édition, le jury, mêlant directeurs de musées, conservateurs et critiques d’art, a choisi de récompenser la danseuse philippine Eisa Jocson. Montant de l’enveloppe ? 300 000 yuans… Soit 38 700 euros, pour être précis !
Cette année, le Taïwanais Hsu Che-Yu, le Chinois Hao Jingban et le Vietnamien Thảo-Nguyên Phan ont bien cru qu’ils l’emporteraient. Mais c’est une jolie brune de 33 ans, tout droit venue de Manille, aux Philippines, qui les a détrônés, raflant le prix qu’ils attendaient tant: le Hugo Boss Asia Art. Ils auront le privilège d’exposer, à ses côtés, jusqu’au 5 janvier 2020, dans une salle du Rockbund Art Museum (RAM).
Ce n’est pas un hasard, si Eisa Jocson a été sélectionnée. Elle est d’abord, inclassable : elle vient du ballet classique mais a reçu une formation en arts plastiques. Danseuse, elle se dit autant chorégraphe que performeuse. Son obsession ? Les corps en action et leurs représentations dans les secteurs, où ils sont soumis à rude épreuve, du pôle-dance au job d’hôtesse.
Si elle les dissèque et les met si savamment en scène, c’est pour interroger à travers eux, la question de l’identité et du genre, les relations de pouvoir et la quête du corps parfait, objet de désir et de consommation effrénés. On a bien là, un petit aperçu des bouleversements sociétaux, aux Philippines… Peut-être, avez-vous même été choqué par sa chorégraphie, qu’elle était venue présentée, jusqu’à Paris, intitulée « Machos dancers ». Hommage à ces hommes qui s’adonnent à des shows érotiques pour d’autres hommes et dont elle s’était sur scène, réapproprié les codes, en cuissardes et mini-short.
Lors de la remise du prix, Larys Frogier, directeur du RAM avait préféré ne pas trop entrer dans les détails: « son œuvre représente l’une des créations visuelles contemporaines les plus significatives et les plus abouties, combinant avec brio des supports, tels que la performance, la vidéo et le son », reconnaissait-il. Une artiste trans-genres (on parle d’art), promise à un bel avenir !