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Fondation Vincent Van Gogh Arles

Au printemps 2014, l’inauguration de la Fondation Vincent Van Gogh, à l’instigation de Luc Hoffmann, puis de sa fille Maja Hoffmann en reprise de flambeau, faisait converger tous les regards vers Arles, où le maître hollandais (1853-1890) séjourna quinze mois, produisant près de deux cents toiles. Pourtant, aucune d’elles n’y était conservée. Aussi, restituer à la terre qui a vu la palette du peintre flamboyer de la lumière locale les toiles dispersées dans le monde et, conjointement, analyser le legs esthétique du tumultueux génie auprès des artistes contemporains a été le déclencheur de cet enthousiasmant projet.
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par Yamina Benaï

Ignorées en son temps, ses œuvres figurent aujourd’hui au firmament du marché de l’art. Artiste à la puissante dimension romanesque, Vincent Van Gogh a imprimé un spectre indélébile à Arles. Pourtant, nulle œuvre in situ n’attestait de son séjour… En février 1888, Van Gogh quittait Paris et ses trop vives tentations d’absinthe. En recherche d’autres ciels à peindre que ceux de la capitale, il s’établit à Arles. Il y demeurera quinze mois. La lumière du Sud posera la subtilité de ses nuances sur deux cents toiles : portraits, paysages, scènes rurales, natures mortes, dont la série des Tournesols. Le peintre habitera la Maison Jaune, où il se rêve à créer un phalanstère d’artistes. C’est là que Paul Gauguin le rejoindra. Cohabitation non sans heurts... Van Gogh se tranche le lobe de l’oreille. L’instabilité mentale ne le quitte guère. Deux ans plus tard, de retour à Auvers-sur-Oise, il se tirera une balle en pleine poitrine.

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Comment Arles pouvait-elle incarner les trente-sept ans de la fulgurante existence du peintre, peuplée de quelque huit cents toiles et d’une abondante correspondance avec son frère Théo ? En offrant à la ville, aux habitants et aux visiteurs, un solide projet en phase avec le présent, et les moyens pour le mener à bien. Ainsi, en 2008, Luc Hoffmann choisit de poursuivre et consolider l’action de l’Association pour la création de la Fondation Van Gogh créée en 1983 par Yolande Clergue, qui, du fait de difficultés financières, était menacée de disparition. La Fondation Vincent Van Gogh, reconnue d’utilité publique en 2010, prendra forme dans un édifice, autrefois siège de la Banque de France, acquis par la Ville en 2000. Après une importante campagne de travaux, elle ouvre en avril 2014, sous la direction artistique de Bice Curiger, critique d’art, ex-conservatrice au Kunsthaus de Zurich, commissaire de la 54e édition de la Biennale de Venise en 2011. 

“Un lieu de référence sur Van Gogh et sa filiation contemporaine.”

Curiger confie la signature du portail d’entrée à Bertrand Lavier, et une installation à Raphael Hefti. Un spectre coloré qui couronne la boutique. L’intention est manifeste : activer, et soutenir, la création contemporaine, tout en oeuvrant à la mise en relief et monstration de l’oeuvre de Van Gogh. L’exposition d’ouverture convoque Thomas Hirschhorn, Elizabeth Peyton, Raphael Hefti, Gary Hume, Bertrand Lavier, Camille Henrot, Bethan Huws, Guillaume Bru.re, Fritz Hauser. “Les artistes vivants sont des partenaires pour réexaminer l’histoire, car il est manifeste qu’un artiste ne travaille jamais en vase clos. Il sait qu’il y a un avant et un après”, déclarait Curiger à cette occasion. Depuis, la Fondation orchestre une énergique programmation d’expositions, analysant l’empreinte du peintre dans la production actuelle, via le cheminement à travers un choix d’artistes contemporains qui, pour certains, se voient passer commande. Alternant entre expositions collectives et personnelles, elle accueillera ainsi Yan Pei-Ming, Roni Horn, David Hockney… Autant de typicités d’oeuvres contemporaines en interaction avec les toiles du maître, dans cet élégant espace à la fois intime et vaste. En septembre s’est achevé “Van Gogh en Provence : la tradition modernisée”, troisième volet de la rétrospective consacrée à Van Gogh : la première présentait neuf toiles, la seconde se concentrait sur les dessins. Cette fois, il s’était agi d’un ensemble de trente et une toiles issues des collections des musées Van Gogh à Amsterdam, et Kröller-Müller à Otterlo, dont les somptueux Saules têtards au soleil couchant, peints à Arles (1888). Un prêt exceptionnel, consenti à ce qui constitue aujourd’hui la seule institution internationale d’ampleur consacrée au peintre, après le musée éponyme des Pays-Bas. En écho, les dessins, toiles et sculptures de l’artiste britannique Glenn Brown, – certains produits exclusivement pour l’exposition – définissaient une scansion nouvelle. Verdict sans appel avec une fréquentation record de 140 000 visiteurs. Chemin lumineux de rencontre avec les publics qu’a également emprunté l’exposition portant sur la lecture du Suisse Urs Fischer, inaugurée en octobre dernier.

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La cour intérieure de la fondation Van Gogh Arles.
Glenn Brown, "Suffer Well", 2007.

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