L'Officiel Art

Les choix de L’Officiel... par Yamina Benaï

Du postulat radical visant à sélectionner des œuvres uppercut offertes au regard dans leur plus simple appareil esthétique, à la grande focale accompagnée des mots pour le dire, nous avons sollicité les différents magazines du Groupe des Editions Jalou autour de un, deux, trois... stands, événements inscrits sur leur calendrier de la semaine Fiac. Yamina Benaï, Rédactrice en chef adjointe de L’Officiel Art, présente ici quelques-unes de ses pistes d’intérêt.
painting art modern art plant
Ismaïl Bahri (galerie Selma Feriani)

Si la photographie, le dessin, l’installation émaillent le travail du Tunisien Ismaïl Bahri (né en 1978), la vidéo y occupe une place prépondérante. Répétition du geste jusqu’à l’usure, recherche sur le temps, la trace, la disparition, ce qu’il reste du souvenir, les voies possibles pour continuer à tenir... la profondeur de son imaginaire en archipels, la beauté formelle des “solutions” artistiques qu’il met au point m’intéressent particulièrement.

Kader Attia (galerie Nagel Draxler)

L’extrême acuité de Kader Attia et la force de son propos le placent, à mes yeux, parmi les voix-témoins essentielles des grands questionnements et violences du siècle. A travers une pluralité de médiums – vidéo, sculpture, installation... –, il parvient à formaliser des concepts complexes, souterrains, parfois invisibles et néanmoins délétères : mépris de race, de classe, de genre... Avec pour source inextinguible de travail, la notion de réparation. Lauréat 2016 du prestigieux prix Marcel Duchamp, son engagement dans les débats sociaux l’a incité à inaugurer La Colonie, un lieu de convivialité, où sont organisés des colloques et rencontres de penseurs, universitaires, artistes... Du 18 au 21 octobre, s’y tient le Salon du livre d’art des Afriques (vernissage public le 18 octobre (17h30-21h), performance de l’artiste Michelange Quay à 19h, DJ Bullit à 21h. La Colonie, 128, rue La Fayette, 75010 Paris, Tél. 01 45 81 03 05, http://www.lacolonie.paris/

1 / 3
Cy Twombly (galerie Karsten Greve)

A l’instar d’un livre de Philip Roth, un tableau de Twombly contient tout. La vie, la mort, la peur, l’amour, la joie, la chair, le doute, la solitude.

1 / 11
Samy Baloji (galerie Imane Farès)

Une salle entière était consacrée à Samy Baloji lors de la 13e Biennale d’art contemporain de Lyon (2015, sous le commissariat de Ralph Rugoff). Son travail – intimement lié à la destinée de son pays, le Congo – explore l’histoire et l’humain, de la période coloniale aux désordres successifs. Il serait – à mon sens – superflu de commenter cette photographie.

Juliana Huxtable (galerie Reena Spaulings)

Elle a fait sienne la formule “connais-toi toi-même” en s’autodéfinissant comme un cyborg. Mannequin, DJ, performeuse, combattante... La transgenre Juliana Huxtable poursuit – à sa manière et en la renouvelant – une lutte pour la visibilité initiée par les femmes noires, d’Angela Davis à bell hooks dans son Ain’t I a Woman?, dont on se souvient qu’il emprunte son titre au discours de Sojourner Truth, (1797-1883), née esclave dans l’Etat de New York, libérée en 1827.

Dora Budor, Jasper Spicero, Cédric Fargues, Darja Barjagić (New Galerie)

Les deux jeunes commissaires, Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou, ont installé un univers de personnalités qui ne sont pas forcément perçues de manière bienveillante par le milieu de l’art, ce qui, en soi, est déjà force d’attraction... Bien maîtriser ses classiques pour mieux transgresser les règles, telle est la posture adoptée par le duo, dont l’interview est à retrouver ici

1 / 6
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige au Centre Pompidou

En 2016, le musée du Jeu de Paume consacrait au binôme d’artistes libanais une exposition-manifeste portant sur leur travail depuis la fin des années 1990 : “Se souvenir de la lumière” dévoilait l’un de leurs sujets de réflexion, la latence, “l’état de ce qui existe de manière non apparente mais qui peut à tout moment se manifester”, indiquent-ils, cela plus particulièrement au regard des conséquences de la guerre. Lundi 16 octobre, le prix Marcel Duchamp 2017 leur a été décerné pour Discordances/Uncomformities. “Ils incarnent la complexité d’histoires mêlées, où passé enfoui et présent bouleversé ne cessent de hanter leur conscience. Leur art suggère une archéologie de la mémoire, au cœur d’un présent troublé” a déclaré Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et président du jury.

Exposition des œuvres des artistes nommés pour l’édition au Prix Marcel Duchamp 2017 (Maja Bajevic, Charlotte Moth, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Vittorio Santoro), jusqu’au 8 janvier 2018, tlj de 11h à 21h (sauf le mardi), Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris, https://www.centrepompidou.fr/

1 / 4
Arthur Lescher au Palais d’Iéna

Peu connu en France, l’artiste brésilien a répondu à l’invitation du commissaire et historien de l’art Mathieu Poirier qui lui a octroyé carte blanche pour “habiter” de ses sculptures l’architecture rude et belle conçue par Auguste Perret pour le Palais d’Iéna. Un dialogue béton, métal impressionnant. Retrouvez l’interview sur lofficiel.com

Porticus”, Artur Lescher, du 16 au 25 octobre, Palais d’Iéna, 9, Avenue d’Iéna, 75016 Paris, www.lecese.fr. 

1 / 7
Domestikator, Parvis du Centre Pompidou

Après avoir été bouté hors du domaine du Louvre – laquelle distinguée institution a jugé l’œuvre d’Atelier Van Lieshout susceptible d’indisposer les visiteurs du jardin des Tuileries – le Domestikator, présenté par la Carpenters Workshop Gallery, a trouvé asile sur le parvis du Centre Pompidou. Il prend ainsi part à l’ensemble des 70 œuvres disposées dans l’espace public dans le cadre du Hors les Murs de la Fiac.

Et aussi...

Do Ho Su (STPI - Singapour, Secteur Edition, Stand 1.J01, www.stpi.com.s ; Edmund de Waal (Galerie Max Hetzler - Berlin, Paris, stand 0.B23,  www.maxhetzler.com) ; William Kentridge (Marian Goodman Gallery - Paris, Londres, New York, Stand 0.B35, www.mariangoodman.com) ; Yona Friedman et Larissa Fassler en dialogue (Galerie Jérôme Poggi, interview ici, Stand, 1H09, galeriepoggi.com) ; Daniel Arsham, Farhad Moshiri, Gregor Hildebrandt... (galerie Perrotin, Stand 0.A32 https://www.perrotin.com/fr) ; “Women House”, exposition collective d’artistes femmes, sous le commissariat de Camille Morineau (directrice des expositions et des collections de la Monnaie de Paris) et Lucia Pesapane (commissaire d’exposition à la Monnaie de Paris), du 20 octobre 2017 au 28 janvier 2018, 11 quai de Conti, 75006 Paris ; “L’exposition d’un rêve” (commissariat Mathieu Copeland), jusqu’au 17 décembre à la Fondation Calouste Gulbenkian - Délégation en France, 39 boulevard de la Tour Maubourg, 75007 Paris, www.gulbenkian.pt/paris/.

1 / 8

Recommandé pour vous