L'Officiel Art

Will Ryman ou La Villette en full color

Alors que la célébration des 35 ans de La Villette continue d’aimanter les visiteurs de l’Hexagone et d’ailleurs, L’Officiel s’est entretenu avec Will Ryman, dont les sculptures installées pour l’occasion – et jusqu’au 16 septembre – sur la place de la fontaine aux lions et les pelouses du parc de La Villette habitent les lieux d’une façon inattendue.
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L’OFFICIEL : Vous avez composé trois séries de sculptures installées en plein air dans le parc de La Villette – “Heads”, “Sisyphus” et “Pac-Lab” –, quelle est l’origine de ce projet ?

WILL RYMAN : Lorsque Jérôme Neutres m’a proposé d’intervenir dans le parc de La Villette j’ai souhaité, tout naturellement, prendre connaissance des lieux. J’ai été frappé, lors de ma déambulation, par la grande richesse culturelle présente in situ: Cité des sciences et de l'industrie, Géode, Philharmonie de Paris, Grande Halle... Cet écosystème m’a profondément intéressé car, bien que très inspiré par le surréalisme, la littérature et la philosophie, mon travail a principalement trait à la vie urbaine. J’ai ainsi pu réfléchir à plusieurs propositions, les organisateurs du projet m’ayant laissé champ libre. Une situation assez unique. Un autre élément particulièrement caractéristique du parc est son manque de couleurs : les teintes dominantes étant le gris, le vert de l’herbe et le rouge des structures, cela m’a donc incité à faire un usage poussé de la couleur.

 

Comment votre pratique de l’écriture s’inscrit-elle dans votre intention plastique ?

Mes trois installations - Heads, Sisyphus etPac-Lab – sont fondées sur la philosophie et le surréalisme. J’ai été dramaturge durant une douzaine d’années, et mes pièces n’étaient pas construites sur un récit mais davantage sur une tentative d’exploration de l’inconscient. J’inventais des mots pour mes personnages qui ne renfermaient pas réellement de sens, mais possédaient un rythme nourri par les sons. Mon approche de la conception des sculptures est identique : je suis intéressé par le temps de création de l’idée. Pour moi, l’image est tout aussi importante que la manière par laquelle on y est parvenu, ce lent processus de la recherche inconsciente. Pour réaliser ces œuvres, je prenais un bloc d’argile que je travaillais les yeux fermés afin de laisser mes mains autonomes du geste, et cela suivant une succession de temps précis que je programmais sur un minuteur, découvrant au fur et à mesure le résultat. C’est ainsi que j’ai conçu ces œuvres, intitulées en m’inspirant de mes textes favoris et références sociétales. Pour Heads, En attendant Godot” de Beckett : une pièce qui, à mes yeux, exprime une vérité universelle. Sisyphus est, bien entendu, nourrie du récit d’Albert Camus, et Pac-Lab du jeu vidéo Pac-Man.

 

Vous portez un patronyme qui incite à s’interroger sur le lien avec l’artiste minimaliste qu’est votre père, Robert Ryman. Tout comme lui, vous êtes venu assez tardivement à la peinture, dans son cas, après avoir une formation de musicien saxophoniste…

Je comprends que l’on soit tenté de rechercher des parallèles mais mon inspiration est très éloignée du travail de mon père. Elle est nourrie de la ville où j’ai grandi, New York, de la littérature, de ma recherche sur l’inconscient. Toutefois, si mon langage est différent du sien, il présente certaines similitudes : il explore et tente de résoudre le problème de la peinture.

 

 

Sculptures monumentales de Will Ryman
dans le cadre du Festival 100%
jusqu’au 16 septembre,
Parc de la Villette
211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris
lavillette.com

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