GamFratesi : "Notre travail est une fusion sincère de nos deux cultures"
A l'occasion de leur nouvelle collaboration avec l'enseigne Danoise GUBI, Stine Gam et Enrico Fratesi se confient sur leurs parcours respectifs et sur les défis inhérents au travail du design à quatre mains.
Pouvez vous nous en dire davantage sur votre collaboration avec GUBI, et sur les étapes majeures qui ont marqué votre processus créatif aboutissant à la naissance de la Beetle Chair?
Notre relation avec GUBI s'est tissée au gré de l'évolution de la Beetle Chair. Nous avions imaginé un prototype de la chaise pour le Danish Crafts show de Milan en 2012, que GUBI a sélectionné puis lancé en production. Notre collaboration avec la marque s'est poursuivie depuis ce moment là, et nous avons alors développé une série de produits qui a contribué à affirmer l'identité singulière de la marque. GUBI s'est développé de façon significative depuis, ce qui nous a donné des opportunités de nouveaux challenges, des occasions de confronter nos design à de nouveaux marchés, et d'explorer des matériaux différents comme nous l'avons fait récemment avec la Doric Coffee Table en travertin, inspirée de l'architecture classique.
En parallèle de nos nouveaux modèles, nous avons aussi eu l'opportunité de revisiter la Beetle à travers de nouvelles matières. L'idée originale de son design nous est venue alors que nous recherchions des références au sein du monde naturel et végétal, et nous avons été tous deux fascinés par la forme propre au scarabée. De tous les insectes, il était pour nous celui qui avait l'apparence la plus douce et la plus charmante, et l'anatomie la plus intéressante. Sa structure est faite de différentes plaques séparées par de fines sutures, et sa carapace externe protège l'animal. Nous avons voulu transposer cette complexité en un produit qui n'entraverait pas la liberté de mouvement, à la façon d'une chaise de bureau technique qui cultiverait néanmoins une esthétique domestique pleine d'élégance.
Quels sont les défis qu'impliquent le travail en duo?
Le challenge de tout partenariat créatif réside dans le fait de transformer les contrastes et les différences en bénéfices et en avantages. Dans notre cas précis, nous avons dû trouver des moyens de réconcilier nos différentes approches, nos talents, nos parcours et nos tempéraments distincts depuis la création de notre studio, en cultivant ce qui nous rend uniques afin de rester constamment inspirés.
Au bout du compte, nous partageons les mêmes objectifs et des intentions similaires, mais avec des méthodes différentes pour les atteindre. Cela crée des échanges animés, stimulants et passionnants, mais toujours guidés par des principes et des valeurs communes. Notre travail est une fusion sincère de nos deux cultures et d'une production hybride, riche en dualités et en juxtapositions.
Le design Scandinave a été fortement popularisé par les réseaux sociaux ces dernières années, au poit d'en devenir presque une quintessence de l'intérieur "Instagram friendly" pour le moins formaté. Comment parvenez-vous à vous réinventer et à alimenter votre créativité tout en restant fidèle à vitre ADN Scandinave originel?
Certes, il y a une influence Scandinave évidente dans notre travail, notamment due à l'héritage culturel de Stine. Mais cette dernière a toujours été nuancée par la sensibilité toute Italienne d'Enrico. Nous nous estimons chanceux de pouvoir combiner ces deux cultures design!
Si la qualité et la tradition sont des facteurs essentiels dans nos deux pays d'origine, leur interprétation créative demeure très différente. Du côté Scandinave, on ressent une forte connection à l'artisanat et à la sélection des matériaux, ainsi qu'aux valeurs d'humilité et de simplicité. En contraste, la tradition Italienne a généré l'envie de créer de nouveaux modes de communication, notamment du fait de la progression industrielle et de l'innovation en matière de production. Cet équilibre et ce contraste entre ces deux univers nous maintient ancrés mais cependant en perpétuel mouvement, toujours curieux et créatifs.