PAD Paris : les galeries à ne pas manquer
La galerie Jacques Lacoste, qui a choisi une lumière tamisée, ouvre le bal. Une table en résine signée Marie-Claude de Fouquières y fait un « carton » nous explique-t-on. Posée sur un pied en aluminium, la table était auparavant la propriété de la chaîne de radio RTL. Elle a déjà été vendue, les œuvres de la créatrice étant particulièrement rares sur le marché. Elle n’a en effet produit que pendant deux décennies, des années 1960 aux années 1970. Autre création proposée par la galerie Jacques Lacoste, une table en carreaux signée Roger Capron. Elle est similaire à celle que l’on trouve en face, chez François Laffanour. Ce dernier se satisfait du cru 2025 du PAD, parlant de « climat génial ». Sa petite table blanche signée Roger Capron est, entre autres, associée à des chaises du designer américano-japonais George Nakashima. Les chaises de Nakashima et la table de Fouquières font partie des œuvres qui ont particulièrement plu au designer Hubert Le Gall, que nous avions déjà croisé à Design Miami. Ce dernier se montre particulièrement enthousiaste à l’égard de l’édition 2025 du PAD. En effet, alors qu’il regrettait un manque d’originalité des exposants l’année dernière, il loue cette année « plein de marchands très différents qui n’hésitent pas à innover ».
Une édition sous le prisme du voyage
« Bienvenue en Égypte » nous dit Victor Gastou à l’entrée de son stand. Il s’est en effet associé à l’architecte Matthieu Poirier-Lauvin afin de nous faire voyager au temps de Cléopâtre. Des rideaux blancs font de la galerie un grand cocon. Des plinthes métalliques sont ornées de hiéroglyphes. « J’aime raconter des histoires » nous raconte le Champollion en herbe. Cet écrin sert notamment à mettre à l’honneur les œuvres d’Omar Chakil, designer égyptien dont le matériau de prédilection est l’albâtre, marbre utilisé par les sculpteurs antiques. Citons en particulier une armoire rupestre dont les étagères sont creusées dans un albâtre orangé. En face, la galerie Desprez Bréhéret s’aventure quant à elle en Afrique et en Extrême-Orient. C’est sur des chaises Joseph Savina que nous discutons avec Benjamin Desprez. Ce dernier nous parle d’une « édition très bien fréquentée et très fréquentée », et nous présente une table exotique en bois de l’Atelier d’art celtique de 1940 tout comme une paire de chaises « africanistes » signées Benjamin Gomez dont le dossier est en forme de cercle.
Chez Desprez-Bréhéret, le mobilier orientaliste est mêlé au moderne
On trouve ainsi dans cette même galerie une méridienne turquoise, réalisée par Hans van der Laan, associée à un matelas turquoise, qui nous séduit tant par sa couleur vive que par sa coupe industrielle. La visite du stand promet ainsi un perpétuel aller-retour entre Orient et Occident. Comme Alexandre, notre voyage en Orient passe par la Perse. La galerie Meubles et Lumières a obtenu la récompense du plus beau meuble historique pour un lit conçu en 1971 pour le chah d’Iran par Maria Pergay. S’il s’agit en l’occurrence d’une édition en 1973 pour une maison privée du sud de la France, le meuble ne perd en rien de sa magie impériale. Les rideaux blancs nous font imaginer un voyage en bateau dans le golfe d’Oman.
Nous nous sommes aussi aventurés vers le Brésil
Outre-Atlantique, le Brésil qui brille à cette édition du PAD. La galerie néerlandaise H Gallery, dont c’est la première participation à la foire, propose une armoire modulaire de Jorge Zalszupin. Le bois du meuble est assemblé comme du parquet. Le modernisme brésilien est aussi mis à l’honneur chez Brazil Modernist. On est ainsi charmé par un bureau de l’atelier Glebo, fait en pin brésilien et en pau marfim, autre arbre indigène. Le bureau tout en lignes obliques est, pour les galeristes, un condensé du design moderne brésilien. Mais ces horizons géographiques n’empêchent pas les grands maîtres du design d’être représentés. Jousse Entreprises et Kreo en sont les tenants. Chez le premier, des fauteuils qu’on imagine inspirés des rainures d’un agrume représentent un pan plus méconnu de l’œuvre de Jean Prouvé. Ils sont accompagnés d’une table de nuit Starck, destinée à l’hôtel Paramount, et d’une bibliothèque Perriand. Chez le second, une chaise couleur bordeaux de Pierre Paulin, le modèle F549, et ses quatre pieds ondulés, attire notre œil.
Les galeries se félicitent unanimement de leurs ventes
Se rendre dans des foires de design est une parenthèse enchantée dans une période de crises à répétition. Nul déficit ici. Dès le premier jour, les galeristes se félicitent unanimement de leurs ventes, d’autant que c’est lors de la journée dédiée aux collectionneurs que le sort économique des galeries est scellé. Le mobilier est une « valeur refuge » nous explique Benjamin Desprez.
Une œuvre tout à fait intéressante cherche en revanche un acquéreur à la galerie Chevalier Parsua : une grande tapisserie aux couleurs chatoyantes de Jean Lurçat. Datant de 1965, c’est l’une des dernières œuvres de l’artiste, décédé en 1966. Celle-ci a ainsi une dimension testamentaire, reprenant plusieurs des motifs chers à son auteur, tels que le poisson. La galeriste Amélie-Margot Chevalier nous explique qu’une telle pièce doit, pour trouver un acquéreur, satisfaire à la fois son goût, son budget… et ses murs. La tapisserie tient en effet sur l’intégralité de la longueur du stand. L’historien Nicolas Offenstadt, croisé devant la galerie, nous confie son admiration pour cet artiste. Il est pour lui « une grande figure de l’intellectuel engagé, ancien combattant de la Grande Guerre arrêté pour propagande pacifiste et compagnon de route du Parti Communiste, engagé pendant la guerre d’Espagne. Il mêle art et engagement ».
Et pour cette 27ème édition, les membres du jury du PAD Paris, co-présidé par Jacques Grange et Laura Gonzalez, et composé d’un groupe d’experts, conservateurs, architectes et décorateurs passionnés de design, ont dévoilé les gagnants des Prix. Le meilleur Stand revient à Pierre Passebon pour la Galerie du Passage, stand 72, qui présente une collection complète de l'œuvre du designer Richard Peduzzi. Meubles, dessins, tapis et tapisseries : chaque élément se répond dans une harmonie parfaite de couleurs et profondeur. Le Prix du Design Contemporain revient lui à Romain Morandi, stand 10, avec notamment la chaise longue « Flame cut », qui fait partie d'une rare série limitée de mobilier créée spécialement pour le château de Sudeley, au Royaume-Uni, datant du XIVème siècle. Elle a été conçue à partir de tôles d'acier découpées au chalumeau selon des techniques industrielles employées pour la fabrication de sous-marins ou de coffres-forts. Quant au Prix du Design Historique, c'est donc la galerie Meubles et Lumières (voir plus haut), qui attiré l'oeil du jury, avec ce fameux lit à baldaquin. Outre ces lauréats, voici encore quelques stands à ne pas manquer ce week-end.
Peintures, sculptures, photographies, installations... Cette galeriste bouscule depuis 10 ans les codes du marché de l’art en représentant des artistes établis et émergents autour de l’abstraction. Original, son stand au PAD représente le bureau de Wagner qui prépare l'acte I de son Opéra, la Walkyrie. Son bureau et la chaise sont d'époque (sécession viennoise) tandis que sur scène les oeuvres sont contemporaines mais illustrent tout aussi bien ces guerrière nordiques. Plus loin, la grande fresque de Bonnie Colin et le meuble de Marte Mei et le tracail de Gerd illustrent, eux, la civilisation.
La galerie JAG expose depuis près de 15 ans des pièces de designers et réalise également des projets d’aménagement intérieur. À l’occasion du PAD, sa fondatrice Jessica Berguig initie un dialogue entre peinture et broderies, à travers une œuvre en quatre panneaux de Shinsuké Kawahara devant laquelle tout le monde s'arrête. En collaboration avec la Maison Lesage, elle s'inspire des 24 saisons solaires du calendrier traditionnel japonais.
Cette nouvelle venue au PAD a l’inspiration en héritage. En effet elle tiendrait son goût pour le style et les arts décoratifs de son aïeule Jeanne Lanvin, qui aimait chiner lors de voyages lointains. Elle collabore ici avec la maison d'édition Mono, qui a pour concept "une collection, un matériau, un architecte". Sur le stand, vous découvrirez la collection de mobilier Platane, aux côtés du duo d’architectes Corpus Studio.
Si Giulia de Jonckheere a ponctué son espace de totem d'Etore Sottsass, on s'arrête pourtant devant cette paire de meubles de Jean Claude Farhi, réalisée en 1986 à l'occasion d'une commande spéciale pour la maison d'Elton John à Nice. Une bibliothèque-stéréo qui ne tardera pas à trouver preneur.
Référence ultime pour les passionnés de bijoux et montres vintage, Karry Berreby se démarque par son goût inné pour les belles pierres, les matières originales, les finitions anciennes et ethniques, renouant ainsi avec les grands noms de la joaillerie comme Van Cleef & Arpels, Piaget, Boucheron, Cartier ou encore Boivin. Visionnaire, elle a été l'une des premières à réhabiliter des bijoux rares, aux formes puissantes, comme des bagues volumineuses, des montres-bijoux des années 1970 comme l'emblématique Montre Serpent de Bulgari.
Pour sa deuxième participation au PAD Paris, Theoreme Éditions présente des œuvres de Cluzel Pluchon, Exercice, Francesco Balzano, Garnier & Linker, Services Généraux, hall.haus, Adrien Messié, POOL et Emmanuelle Simon. Les pièces de mobilier et objets de Theoreme Éditions dialoguent avec des œuvres de Louise Nevelson et Hans Hartung. À cette occasion, Theoreme Éditions lance Pièces Uniques, une nouvelle ligne d’objets sculpturaux autoproduits par les designers. Le premier artiste, Théophile de Bascher, a créé des centres de table et un soliflore sculptés à partir de fragments de murs en brique et en béton érodés par l’océan. Avec le soutien de Codimat Collection et Nordic Knots, qui font partie de la scénographie.
La galerie de la rue de la Verrerie dévoile une installation autour de l'art fonctionnel contemporain qui met en scène des oeuvres de onze artistes et designers, comme Vincenzo De Cotiis, Maarten Baas, Nacho Carbonell ou encore Rick Owens. Rafraîchissant.