Pauline Vincent : "J'aime l'idée de mettre du beau dans chaque geste du quotidien"
A l'occasion de l'inauguration de son pop-up au Bon Marché Rive Gauche, la fondatrice de la plateforme de décoration La Romaine Editions se confie à l'Officiel
Quels sont vos premiers souvenirs rattachés au design ?
Ma tante et ma grand-mère avaient une boutique de déco en Anjou dans les années 90. Enfant, j'y passais des heures entières avec elles à admirer les objets, fouiller parmi les stocks. C'est à leur contact que j'ai découvert l'univers de designers tels que Philippe Starck ou Hilton McConnico. Elles ramenaient des objets précieux de Thailande, des soieries, des perles, c'était une véritable caverne d'Ali Baba. Ma mère était conservatrice et travaillait pour le Musée d'Orsay, inauguré juste avant l'année de ma naissance. Elle a ensuite exercé son métier au Louvre puis au Musée Gustave Moreau, et j'ai donc baigné dans l'art et le design dès mon plus jeune âge.
A quel moment avez-vous su que vous vouliez en faire votre métier, et quel a été votre parcours?
A six ans, je voulais être artiste peintre ou fleuriste! Au lycée, j'étais attirée par les écoles d'art telles que Camondo ou Penninghen, puis j'ai finalement décidé de m'orienter vers une école de commerce. A la fin de mes études, j'ai intégré les Galeries Lafayette en tant qu'acheteuse. Avec le recul, je me rends compte que je rêvais d'être celle qui déniche de nouveaux talents et anticipe les tendances en matière de création, et j'ai sans doute sous-estimé l'importance de la gestion, l'aspect parfois fastidieux de cette fonction. C'est pourtant une expérience qui m'a apporté énormément sur le plan professionnel. Quand j'ai appris la création de la Fondation Lafayette Anticipations, j'ai immédiatement rêvé de faire partie de ce projet. J'ai suggéré l'idée de créer une boutique dédiée, avec un vrai concept. Cela a pris deux ans, mais c'est ainsi qu'est née A Rebours, la boutique de la Fondation dont j'ai imaginé la sélection et la programmation.
A quel moment avez-vous commencé à esquisser les contours de votre aventure entreprenariale?
Je ne me voyais pas concilier ma vie de mère et de salariée au sein d'une entreprise. Je me suis toujours dit qu'au moment où j'aurais un enfant, je lancerais mon propre projet en parallèle. L'idée de La Romaine Edition a germé au cours de ma grossesse, cela a donné lieu à deux conceptions simultanées. Ma fille est née en Juin, et en Octobre, j'ai passé des vacances à Marseille, dans une superbe villa avec une vue incroyable sur la plage du Prophète qui m'a énormément inspirée, et a ravivé des souvenirs d'enfance. Durant le confinement et cette période de repli sur nos propres intérieurs, j'ai aussi pu constater l'intêret grandissant des consommateurs pour la décoration, les beaux objets. Durant mon travail à la Fondation Lafayette Anticipations, j'avais pris énormément de plaisir à collaborer avec des designers, j'ai alors eu envie d'y revenir.
Quel rôle a joué votre passion pour la mode dans votre processus créatif?
J'ai découvert la mode à travers les musées. Ma mère m'emmenait voir des expositions de costumes, notamment au musée Galliera. J'y ai compris l'importance des couleurs, de la matière. J'ai aussi souvent été frappée par la manière dont les vêtements etaient représentés dans les tableaux. Mon amour du textile, des belles coupes et des belles matières a aussi contribué à m'inspirer pour La Romaine Editions. La mode fait pour moi partie intégrante de l'art de vivre, au même titre que les fleurs, la food, le beau en général. J'aime l'idée de faire de l'art de vivre mon métier, de mettre de l'esthétique dans chaque geste du quotidien.
Qu'est ce qui a nourri votre imaginaire en créant La Romaine?
J'ai baptisé ma plateforme en hommage à la maison de famille de mes grands-parents à Vaison-la-Romaine, dans le sud de la France. La Provence, la garrigue, la lavande, la danse des pins parasols, tout ca fait partie de mon héritage que j'avais à coeur de célébrer. La Méditerrannée m'inspire dans son ensemble, le fait de voir l'horizon de la mer me stimule et me ressource. Je donne toujours une impulsion de départ aux designers avec lesquels je collabore, et ils ont ensuite carte blanche. Le verre est l'une de mes matières fétiches, et l'un des piliers de mes collections. Je collabore avec de nombreux artisans, en France mais aussi au Portugal, aux Pays-Bas et en Espagne. Je trouve cette matière fascinante par sa pureté, sa brillance, le travail qu'elle exige, les formes quasi infinies qu'elle peut prendre.
Quels sont les designers qui vont ont influencée?
Je suis une amoureuse inconditionnelle d'Ettore Sottsass. J'aime ses jeux de couleurs, l'usage qu'il a fait du noir et blanc. Hilton McConnico aussi, designer de théâtre touche-à-tout qui s'est aventuré du côté des arts de la table, et dont j'adore par exemple les flûtes à champagne cactus. Sans oublier tous ceux avec qui je travaille aujourd'hui! Si j'apprécie le design Scandinave et minimaliste, mes goûts personnels me poussent toujours davantage vers des créations colorées, qui sont pour moi synonymes de vie.
Le fait de proposer une offre exclusivement digitale permet-t elle de démocratiser le design?
En effet, le design peut parfois paraitre un peu intimidant. J'ai essayé de proposer du beau en restant toutefois accessible, et en proposant quelque chose de chaleureux, de généreux, d'un peu moins intello que ce que l'on pouvait voir jusqu'ici. Nous aimons aussi l'idée de rencontrer nos clients au sein de boutiques physiques éphémères, et nous inaugurons cette semaine notre tout nouveau pop up au Bon-Marché!
Les pièces de design que vous rêvez de vous offrir?
Un canapé de Pierre Paulin dont j'adore les créations, une collection de céramiques de Picasso, l'une des sublimes tables de Sabine Marcelis et une lampe signée Léa Mestres!
Pop Up La Romaine Editions, jusqu'à Juin 2022 au Bon Marché Rive Gauche