Chez Sinead Gorey, l'élégance nocturne d’une femme entre deux mondes

Pour sa collection automne-hiver 2025-2026, Sinead Gorey nous plonge dans l’univers d'after-party, là où la nuit dégringole lentement vers le jour. Une esthétique volontairement chaotique, une mode qui n’est pas vraiment assemblée ou réfléchie, mais allègrement jetée sur le corps comme une seconde peau. La créatrice, qui semble avoir trouvé une élégance accidentelle, offre une vision audacieuse de la mode après les heures tardives : des capes enveloppantes et des Converse reconverties en talons aiguilles incitent à une hybridation audacieuse entre le bureau et la discothèque. Le clin d'œil aux silhouettes de la "walk of shame" fait place à des pièces plus structurées, aux cols plongeants, aux plis à mouchoir et aux détails qui viennent rehausser cette énergie désinvolte, marquant une transition vers une nouvelle ère pour la créatrice londonienne. L'influence de ses nuits agitée et de ses responsabilités matinales fusionne, comme le prouve un jeu de couleurs mêlant des tons métalliques, du rouge passionné et des nuances de rose vif, rappelant le frisson d'un jeudi soir (un peu trop) dansant.

Le design des vêtements s'affine et devient plus affirmé, tout en conservant cette part de folie propre à la nuit. Le coton des chemises s’ouvre en décolleté ou se ferme sur des imprimés de baisers, prêt à accompagner une journée de travail avant une soirée effervescente. L'iconique trench à nœud s’allie à des jupes mini et des pantalons à carreaux, tandis que des jupes-plissées se juxtaposent à des vestes en bouclé ou des manteaux en duvet de kimono pour marquer ce mélange de préoccupation professionnelle et de débauche nocturne. La femme de Sinead Gorey n’a pas abandonné ses habitudes de jeunesse : les vêtements semblent penser à la fois aux codes du travail et aux plaisirs de la nuit, comme en témoignent les robes bustiers en cuir qui fusionnent le biker et le bodycon dans une silhouette à la fois audacieuse et sensuelle.

Pour la créatrice, tout est dans les détails : des imprimés numériques de souvenirs de soirée (serviettes tachées de rouge à lèvres et notes froissées) rappellent le monde intime de la fête, et des accessoires comme les chaines métalliques ou les manteaux faux-fur ajoutent une dimension de style débridée. Les pièces s'emboîtent naturellement dans un quotidien hybride où l’on passe d’un train de jour à un dancefloor avec une facilité déconcertante. Ainsi, Sinead Gorey offre une mode prête à vivre sans contraintes, une mode qui s'adapte, se transforme et se faufile dans le chaos organisé de la vie d'une femme qui, après avoir grandi, n’a rien perdu de son insouciance.