Et la mode créa le sellennial
X, Y, Z… Alors que l’alphabet s’épuise à qualifier les jeunes générations, les névrotiques de la classification ont découvert un mot-valise flambant neuf pour ranger leurs obsessions dans les cases : les “sellennials”, contraction de “seniors” et “millennials”. “Plus c’est vieux, mieux c’est”, twittait ainsi le média L’ADN en septembre 2018. Pour illustrer leur découverte : l’image d’une bande de festivaliers en bandanas, lunettes mouches et jeans larges brodés de marguerites. Des enfants de Woodstock, Burning Man, We Love Green peut-être… Qu’importe. Face à ce tableau, le commentateur imagine Loulou de la Falaise et Joan Baez plongées à l’époque de Jacques Demy, la cristallisation du mouvement hippie et du Swinging London à travers la jeune génération… Banco ! C’est précisément à la mode d’antan que le sellennial se réfère, sans pour autant renier son temps. Objectif : tenter d’enrayer l’infernale machine productiviste en ré-ancrant la mode dans l’histoire. Arrêter de construire chaque tendance sur les ruines d’une autre. Cette posture passe par une apologie de la seconde main, des techniques de fabrication raisonnées, de l’artisanat, du fait-main… Ont ainsi la cote des designers comme Simone Rocha, Molly Goddard ou encore Roisin Pierce, primée au Festival de mode de Hyères. De la même façon, le zéro stock parle aux sellennials – dont le smartphone vibre H 24 de notifications Etsy, Vinted ou Maison Cléo, jeune label qui produit à la commande. Chez ces digital natives, l’usage des outils de communication digitaux n’est pas proscrit : au contraire, il est prescrit au service d’une meilleure manière de consommer. Bienvenue dans l’ère du senior-millennial.