Femmes

Gracie Abrams : "Je ne peux pas séparer ma musique de mes opinions"

Révélée par ses pop-songs intimistes postées sur Instagram, la Californienne Gracie Abrams pointe le nez hors de sa chambre pour faire ses premiers pas dans la cour des grandes, telles Lorde ou Billie Eilish... Rencontre avec une chanteuse à suivre.
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Si la COVID-19 n’avait pas chamboulé le monde, Gracie Abrams aurait donné ses tout premiers concerts dès ce début d’année – ce n’est que partie remise. En attendant, cette jeune femme de 20 ans peaufine ses chansons et en invente de nouvelles, tout en continuant de se confier à son journal intime. Écrire l’aide à combattre ses inquiétudes, explique-t- elle. Quand on la retrouve sur Zoom, elle est cloîtrée dans sa chambre à Los Angeles, mais elle prouve d’emblée qu’elle n’a rien d’une diva nombriliste. Empathique et concernée par ce qui l’entoure, Gracie prend de nos nouvelles et s’intéresse à l’état de la France pendant cette crise. Dans sa musique et dans ses interviews, elle n’a jamais caché ses convictions. Ce trait qui lui vient peut-être de son éducation – son père est le célèbre réalisateur J.J. Abrams et sa mère, la productrice Katie McGrath, a été l’une des activistes à l’origine du mouvement Time’s Up. “Je ne peux pas séparer ma musique de mes opinions. C’est un tout qui reflète ce que j’ai en tête, ma façon de penser. Il ne faut pas avoir peur de parler de ce en quoi on croit. Je trouve ça important.” Après avoir étudié pendant un an à New York, à la très sélecte université féminine Barnard College, Gracie a décidé de faire une pause dans ses études et de rentrer à L.A. Entre-temps, elle a signé chez une major pour sortir officiellement ses morceaux délicats.

On a ainsi pu découvrir Stay, Mean It, 21 (produit par Joel Little, qui a collaboré aux deux albums de Lorde), ou encore la tendre ballade I Miss You, I’m Sorry. Auparavant, l’apprentie-chanteuse postait ses compositions sur sa page Instagram en les filmant au naturel depuis sa tanière. Passionnée de musique depuis l’enfance, elle a écrit ses premiers morceaux quand elle était encore au lycée. Sa pop de chambre a ainsi conquis plus de 295k followers, dont Billie Eilish et Lorde. Adoubement suprême : cette dernière lui a un jour envoyé un message privé lui demandant le mp3 de l’un de ces tubes en puissance.

Gracie les admire toutes les deux, mais son modèle absolu n’est pas tout à fait de la même génération : “Joni Mitchell, que ma mère écoutait en permanence, a bercé mon enfance. En grandissant, j’ai commencé à écouter ses paroles attentivement et à sentir qu’elle était plus émotive que les autres artistes. J’ai alors compris que la musique pouvait être un exutoire incroyable et ça m’a donné envie de créer moi-même. J’aime sa simplicité, la clarté de ses intentions : elle n’a besoin que de sa voix et d’un instrument. À mon tour, j’ai eu envie de composer à partir d’un piano ou d’une guitare, en construisant tout autour sans jamais perdre de vue ce noyau central. Pour moi, une chanson doit pouvoir fonctionner avec le strict minimum.” Lorsqu’on lui parle de mode, elle cite aussi le style de cette légendaire chanteuse canadienne et pousse son analyse un peu plus loin. “En tant que jeune femme qui a grandi à l’ère des réseaux sociaux, je vois passer des choses qui peuvent m’inspirer ou m’interpeller. Il y a un an, je me sentais plus intimidée, mais aujourd’hui j’ai pris confiance et j’ai surtout appris à m’accepter telle que je suis. Depuis mon année à New York, je vais vers des vêtements qui m’aident à être à l’aise et heureuse, que ce soit en termes de couleur ou de coupe. Ce qui importe pour moi dans la mode, c’est ce qu’elle me fait ressentir, plus que l’effet visuel!” Cette victoire du fond sur la forme, que plusieurs figures clés de la pop moderne partagent, montre le dynamisme de cette nouvelle génération qui redonne confiance en l’avenir. Gracie se veut optimiste : “Beaucoup de gens de mon âge mesurent le pouvoir qu’ils ont, celui de faire entendre leur voix pour faire bouger les choses. Le simple fait de savoir que mes amis et moi irons voter bientôt, ça me remplit d’espoir.” Demain leur appartient.

 

EP disponible depuis juin (Polydor/Universal)

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