Femmes

Lena Situations takes over Place Vendôme

N’ayons pas peur des mots, Lena Mahfouf est une star, de celles que l’on arrête dans la rue toutes les 30 secondes pour prendre un selfie. Pour L’OFFICIEL, elle s’est mise en mode avion le temps d’un shooting Place Vendôme.

Si vous cherchez Léna dans les rues de Paris, n’espérez pas l’apercevoir en terrasse de café ou la croiser dans la boutique du moment. Attendez-vous plutôt à la voir passer à toute allure sur sa trottinette, quitte à en oublier le code de la route. D’ailleurs, quand on lui demande quel morceau illustrerait le plus justement sa vie en ce moment, elle nous répond ‘Prends d’la Vitesse’, du Youtubeur Seb La Frite. « Petit 1, parce que je fais la promo de mon copain, et petit 2, parce que je suis en train de passer à la vitesse supérieure concernant la vie d’adulte. J’appelle moi-même le médecin quand je suis malade, et la dernière fois, j’ai même acheté des timbres ! ».

Cette femme-enfant de 24 ans, parisienne pur jus, maîtrise l’art de l’autodérision. C’est certainement la raison pour laquelle elle affiche, à l’heure où l’on vous parle, 3,5 millions de followers sur Instagram, et vient d’être reconnue comme la créatrice de contenus la plus influente au monde selon l’algorithme de Launchmetrics. De quoi affoler les maisons de luxe - elle aurait fait gagner 4,72 millions d’euros à Dior – ou une marque comme Adidas, qui lui laisse carte blanche pour une collection capsule. Mais comment expliquer le succès démesuré de cette femme-enfant, autrement que par la chance, le destin ou le simple fruit d’un travail ? « Si ça n’avait pas été moi, ça aurait été une autre », répond humblement l’intéressée. « Je postais des vidéos depuis 3 ans, que personne ne regardait. Ça s’est emballé à un moment, je pense, où les gens avaient besoin de contenu plus spontané et naturel. Et puis il y a forcément eu un facteur de ‘je ne sais quoi’. Ils sont tous arrivés d’un coup, comme ça. Mais je les ai bien accueillis, je me suis occupée d’eux. » S’ils avaient été devant elle, on parie qu’elle leur aurait même servi le café.

Robe VALENTINO ; Bijoux PLACE VENDÔME

Une ‘vraie’ fille

« Mon vrai travail ? C’est chez moi, derrière mon ordinateur », assure la star, qui s’affiche tout de même aux premiers rangs des défilés et à quelques soirées bien choisies. Son style, elle le cherche encore : féminine, sexy, mais jamais vulgaire, on la croise un jour en jogging/talons, pour la retrouver le lendemain en costume/baskets. « Je m’assume de plus en plus. Des jours pas du tout. Ça va avec ce qu’il se passe dans ma tête. »

 Et dans sa tête, il s’en passe des choses. Avant de percer sur les réseaux sociaux, Léna était cette simple étudiante, qui faisait du babysitting après l’école et tenait un théâtre le weekend. Elle a tenu un blog pendant un moment – introuvable aujourd’hui – avant d’installer finalement sa bonne humeur sur YouTube. Elle y filme sa vie quotidienne, son déménagement, ses voyages, se lance parfois des challenge (48h sans son téléphone !), rejoue le premier rendez-vous avec son copain… Et elle l’avoue, elle sait tout ce qui se dit sur elle puisqu’elle lit tous les messages qu’elle reçoit, jusqu’aux commentaires sous les photos. Le compliment qui revient le plus souvent, son authenticité, ne lui plaît pas trop, car elle trouve que « c’est la base », comme quand on dit de quelqu’un qu’il est gentil, il ne faudrait pas s’en réjouir puisque c’est normal. « Ça prouve que ce que l’on a consommé jusqu’à maintenant sur les réseaux sociaux, dans les médias traditionnels, à la télé ou au cinéma, était faux, et notamment concernant la place de la femme ». Le vrai compliment, c’est quand on souligne la qualité de son travail, et plus particulièrement de son montage, qu’elle réalise toujours elle-même. « C’est très chronophage. Je peux passer une heure et demi juste à choisir la nuance de jaune parfaite. Alors ça me fait très plaisir qu’on le remarque. »

Mode COURREGES ; Bijoux PLACE VENDÔME

Une vie de coulisses

Avec un père dessinateur et une mère styliste-modéliste, elle a passé du temps, enfant, à regarder des bouts de tissus devenir d’impressionnantes robes. Alors elle dessinait à son tour, des vêtements aussi, mais c’était avant de découvrir le storytelling. Léna aime les histoires des maisons de mode, leurs anecdotes les plus lointaines, le processus de création de manière générale. Elle a cette manie, quand elle regarde un film ou une série, d’aller sur YouTube regarder les backstages et secrets de tournages. Le produit final est important, certes, mais elle le savoure uniquement quand elle est témoin du travail réalisé en coulisses. « C’est ce qui m’a fait aller dans la mode. Je préfère raconter l’histoire d’un vêtement plutôt que de le fabriquer. » Elle raconte d’ailleurs avoir passé la journée d’hier à numériser les cassettes vidéo des vieux caméscopes de ses parents, « celles où il fallait prendre un crayon pour les rembobiner », et s’être finalement rendue compte que sur tous les plans où sa mère la filme, on l’entend dire « Je peux regarder ? », ou « Donne-moi la caméra, je veux filmer ! ».  Pas surprenant donc, qu’elle ait tapé dans l’œil de Loïc Prigent, maître incontesté du backstage. L’auteur-compositeur-interprète Billal Hassani, un ami en commun, leur a organisé une ‘blind date’, qui s’est manifestement bien passée puisque le journaliste a envoyé Léna à sa place couvrir le défilé Balmain.

Mode JACQUEMUS ; Bijoux PLACE VENDÔME

Une notoriété difficile à gérer 

Son influence, elle en a conscience, mais préfère ne pas y penser quand elle produit son contenu. « Tout va très vite, ça me fait très peur, alors j’essaye de tourner 7 fois ma langue dans ma bouche avant de poster ». Sa santé mentale est aujourd’hui au cœur de ses préoccupations, surtout depuis une mauvaise expérience sur Twitter, qu’elle a quitté après un déversement de haine sur sa nouvelle coupe de cheveux. « Les gens s’attendent à ce que tu passes à autre chose 3 jours après, mais moi ça me prend plus de temps que ça pour m’en remettre ».

Les risques du métier sont donc le plus souvent psychologiques, Léna a de son côté développé le syndrome de l’imposteur, et une certaine anxiété qui grandit en même temps que son succès. « L’humain n’est pas fait pour être exposé à autant d’avis. Il n’y a aucun manuel existant qui va t’aider à gérer le fait que 300 000 personnes n’aient pas aimé ta story ». Son livre de développement personnel, ‘Toujours Plus’, s’adresse justement avec bienveillance à cette génération née avec les réseaux sociaux qui devrait mettre un peu de côté les filtres et travailler sur l’acceptation de soi. 

Son rêve, parce qu’il lui en reste plein, c’est de créer sa marque. Pas juste pour poser son nom sur une étiquette, mais pour imaginer quelque chose qui lui ressemble et lui appartient à 100%. « Je sais que ce n’est pas très star de faire autant de choses à la fois. Dans ma tête, c’est un conseil d’orientation permanent. Je me demande toujours ce que je devrais faire de ma vie. Mais en fait, on ne devrait pas avoir à choisir. »

Mode JACQUEMUS ; Bijoux PLACE VENDÔME
Mode COURREGES ; Bijoux PLACE VENDÔME

Crédits :

Texte Karen Rouach
Photographie Leon Prost
Stylisme Jennifer Eymère 

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