Nadja Auermann : "On peut être bien dans sa peau à tout âge"
Photographie par : Danny Lowe
Stylisme par : Vanessa Bellugeon
Video par : Baptiste Jehan
Texte par : Mathilde Berthier
Le jour où nous rencontrons Nadja Auermann dans les corridors du château du Marais – magnifique bâtisse de style Louis XVI nichée dans l’Essonne –, on dirait qu’elle flotte. Baladant son 1,12 mètre de jambes dans une cape noire de la collection Pierpaolo Piccioli pour Moncler, elle couve du regard ses deux aînés, Cosima et Nicolas, aka “Nick”. La première, mannequin mais surtout styliste en devenir, bénéficie des conseils de sa mère en la matière: “J’étais très frileuse à l’idée que Cosima travaille dans la mode. Comme ma mère envers moi, je voulais que ma fille finisse d’abord ses études et se lance dans le métier ensuite... Puis j’ai réalisé qu’elle était assez grande pour prendre ses propres décisions.”
Un stage à New York aux côtés de la styliste Julia von Boehm et une campagne pour le nouveau parfum Ermanno Scervino plus tard, Cosima, 21 ans, fraîchement installée à Paris, s’épanouit comme rédactrice mode en devenir autant que comme modèle. Son frère Nick, 19 ans, a quitté le nid il y a un an pour préparer son baccalauréat à Cologne, tandis que les deux cadettes du clan grandissent dans la maison familiale de Dresde, dans l’est de l’Allemagne: “Notre quotidien est complètement normal, à l’image de beaucoup de familles, je présume. J’accompagne mes filles à l’école le matin, je les aide à faire leurs devoirs en fin de journée...”
Remontons le temps et l’on dénombrera, sur le chemin de Nadja Auermann, des figures tutélaires. Jean-Louis Scherrer, d’abord, qui offre à l’Allemande son premier podium en 1991 : “Je débarquais de Berlin à Paris, n’ayant fait que quelques castings... Et puis, au bout de deux, trois jours, je décroche celui-ci. Je ne savais pas comment ‘marcher’ mais le fait d’être là avec toutes ces filles aussi grandes que moi m’avait boostée. J’eus ce jour-là l’impression d’être chez moi, moi qui m’étais toujours sentie comme une ‘alien’ au milieu de gens normaux.”
La singularité des mannequins de l’époque étant devenue le canon moderne, la question des codes de beauté se pose quand on rencontre l’une des plus longues paires de jambes du monde : “En 2018, l’opinion en mode est bien plus ouverte qu’en 1994. Tous les types de femmes sont mis en avant. On ne se restreint pas aux beautés classiques.” Que penser, alors, de l’idéalisation récente de normes figées dans le marbre des années 1990 ? À l’affiche du centième défilé de Dries Van Noten en mars 2017, au même titre qu’Amber Valletta, Kirsten Owen ou Carolyn Murphy, Nadja Auermann nous explique que le glamour des années 1990 ne fascine pas tant que sa maturation : “Ce revival, c’est aussi le symptôme du fait qu’aujourd’hui on aime mettre en avant des femmes plus âgées. S’il s’agit de nostalgie ou d’autre chose ? Je n’en sais rien. En tout cas, il est très positif de constater qu’on peut être bien dans sa peau à tout âge, à toute étape de la vie... Il n’y a pas qu’à 20 ans qu’on est belle ou jolie. J’espère que ce n’est pas qu’une tendance.”
Retrouvez l'intégralité de cet article dans le numéro de Décembre-Janvier 2019 de L'Officiel de la Mode et bien plus sur @lofficielparis