Pourquoi la mode reste bloquée dans les sixties ?
Par goût du mauvais goût, rassurez-vous. La mode n'a pas (encore) perdu le Nord au point de faire marche arrière, et de mythifier tout ce qui faisait le beurre des pubs Moulinex, Seb et autres manuels de cuisine d'après-guerre. Aujourd'hui, on porte le carreau, la fleurette et la Crocs comme une vamp certes, mais comme une vamp qui aurait baigné 48h dans une boîte de nuit berlinoise. Toujours plus encline à l'autodérision, la mode grossit le trait pour mieux se moquer d'elle-même... et en finir avec la morne, minimale et brutaliste décennie écoulée. Face à la Parisienne en jean droit, pardessus rigide et Stan Smith immaculées, uniforme devenu aussi rigide qu'un bâtiment Le Corbusier ? Une néo-Lucienne badass en robe-tablier (trop courte), gants Mapa (seyants) et sabots en caoutchouc (rouge vif), prête à baptiser la tendance du sac à main "torchon de cuisine" façon Balenciaga. Ça sent la naphtaline aussi chez Calvin Klein, Marni mais aussi Miu Miu, où Miuccia Prada exhume la sacro-sainte nappe enduite, Graal de toute table en formica des années 1960, pour en faire des manteaux. Ne riez pas...la mode a souri.