Roksanda Ilincic : "Le vêtement peut être une belle forme d’expression"
Pouvez-vous nous raconter votre parcours mode jusqu’au lancement de votre marque à Londres ?
Roksanda Ilincic : J’ai d’abord étudié l’architecture et les arts appliqués chez moi, en Serbie. Après avoir obtenu mon diplôme, je me suis installée à Londres pour suivre un master à la Central Saint Martins, dirigée par la regrettée Louise Wilson. Elle était une force incroyable et la raison pour laquelle je me suis lancée. Et puis Londres débordait à cette époque-là d’une énergie créative, les idées fusaient dans tous les sens. C’était donc le moment idéal pour lancer ma propre marque.
Depuis votre défilé en 2005 à Londres, comment a évolué la mode en Angleterre ?
La mode à Londres est synonyme de créativité innée et d’énergie libre et inspirante. Ça résonne encore fortement aujourd’hui et c’est plus évident alors que nous vivons dans une période plus difficile. La liberté d’expression, tant personnelle qu’en matière de création, continue de définir la mode londonienne et de la rendre passionnante.
C’est votre première collaboration avec une autre grande maison, parlez-nous de cette rencontre avec la marque Marina Rinaldi.
Quand Marina Rinaldi m’a proposé de collaborer à cette collection capsule, j’étais intriguée et excitée à la fois. Je connais de longue date le groupe Max Mara, et je sais très bien que sa marque Marina Rinaldi représente de manière inclusive son savoir-faire luxueux. En tant que designer, je pense que le vêtement peut être une belle forme d’expression et devrait donner du pouvoir à celle qui le porte, quels que soient son âge, ses formes ou sa couleur de peau... Et cette philosophie est partagée par Marina Rinaldi, elle, la pionnière du genre, qui a été la première maison à offrir une garde-robe super mode à tous les corps sans exclusion, ce qui fait d’elle une partenaire de choix.
Mettre votre marque, connue pour l’utilisation audacieuse de couleurs et de matières luxueuses, sur des robes aux lignes épurées, au service de silhouettes plus size, a t-il été un challenge ?
Je ne dirais pas que ça a été difficile. Notre collaboration m’a offert une merveilleuse occasion de créer en toute liberté et d’appliquer ma propre esthétique et mon ADN à une nouvelle clientèle.
Quel a été votre mood board créatif sur cette collaboration ?
L’incroyable Collezione Maramotti, des œuvres datant de 1945 aux années 2000, exposée dans l’une des plus anciennes usines Max Mara de la ville de Reggio d’Émilie, qui n’est autre que l’ancien siège de la marque. Il m’a été donné d’imaginer mes pièces ici, entourée d’une partie de la sublime collection d’art contemporain d’Achille Maramotti, le fondateur de Max Mara. Cette collaboration m’assurant une parfaite liberté de création, j’ai eu envie d’interpréter ce riche héritage.
Considérez-vous votre mode comme durable ?
Je pense que nous avons le devoir en tant que designers de nous engager autant que possible dans la durabilité. Avant tout, il s’agit de nous informer sur ce qu’elle représente réellement et sur le meilleur moyen de la soutenir. Mon entreprise et moi-même avons dû faire de nombreux changements pour atteindre certains des objectifs que nous avions définis dans ce domaine. Je pense qu’il est également important que les clients adhèrent pleinement à ces changements et les comprennent. Je crois qu’un bouleversement positif se produit dans le monde entier, ce qui est vraiment encourageant.