Découvrez Simona Tabasco, Cover Star du numéro Printemps 2023 de L'OFFICIEL
En 2023 Simona Tabasco, crève l'écran... Cheveux bruns, regard profond et assurance toute méditerranéenne, l'actrice Sicilienne n'a pas boudé son plaisir en acceptant de poser pour notre série mode, elle qui, toute jeune, voulait devenir styliste. Aujourd'hui, elle incarne Lucia dans la série culte “The White Lotus”, une escort girl aussi téméraire que solaire, pleine de gaieté, à l'image de la collection Desigual x Alphonse Maitrepierre qu'on lui a fait porter.
Photographie DAVIDE MUSTO
Stylisme FERNANDO ECHEVERRIA
Desigual vit un moment clé excitant qui va impacter son avenir avec un nouveau regard sur son image, ses collections, ses adresses... le tout basé sur la philosophie de la différence, de l’expressivité et de l’art qui a construit la renommée de la marque au fil des années. Avec cette promesse renouvelée, tout en restant fidèle à elle-même, la marque entend séduire une nouvelle génération à travers de nouveaux concepts et de nouvelles silhouettes.
L’OFFICIEL : Quelle est la narration de cette collaboration avec Desigual ?
ALPHONSE MAITREPIERRE : Plus qu’un thème, c’est un état d’esprit dans lequel je me suis plongé. En m’inspirant de Thomas Meyer et de son esprit super débrouille, de son impulsion, du “faire avec ce que l’on a”. J’ai trouvé cette démarche très punk et super positive et elle a fondé cette collection. J’ai aimé ce sentiment de fausse débrouille alors qu’il y a quelque chose de construit.
L’O : Parlez-nous de votre passion pour les imprimés...
AM : Je suis un fou des imprimés. J’adore être le seul décisionnaire, du dessin aux couleurs. C’est comme un tableau, on peut faire tout ce qu’on veut, il n’y a pas de règle. Qu’on soit dans l’abstrait ou le figuratif, on raconte, au premier regard, une histoire. Sur cette collection avec Desigual, j’ai développé un imprimé empreint du monde de la nature qui est l’inspiration de la collection. On retrouve également cette idée de la subversion un peu punk, que j’ai fait dialoguer avec des impressions de tannage et de délavage.
L’O : Comment avez-vous intégré les codes de la haute couture et l’art numérique dans cette collaboration?
AM : J’ai joué avec les codes de la couture dans la construction en travaillant les plis et les drapés et en restant dans un mouvement simple pour un tombé net, précis, qui se tient, et réalisable à grande échelle. Le côté numérique, lui, est apparu dans les imprimés.
L’O : Comment s’est organisée cette collection 100 % durable ?
AM : Très simplement, et ce qui m’a particulièrement touché, c’est qu’à travers notre échange, leur collection principale qui était à 15 % durable, l’est aujourd’hui à 71 %, et que dans deux ans, elle le sera certainement à 100 %.
L’O : En quoi l’exercice de la collaboration vous plaît ?
AM : Cela me permet de sortir de ma marque, de respirer et surtout d’accéder à des archives. Pour Desigual, le première chose que j’ai demandée c’est que notre collaboration soit 100 % durable, comme ma propre marque, et puis avoir accès à leurs archives où j’ai découvert la première pièce imaginée par le fondateur de la marque Thomas Meyer. Il vendait des jeans à Ibiza dans les années 80. Alors qu’il s’était fait débordé par son fournisseur qui ne lui avait envoyé que des jeans 5XL, il a eu l’idée de les couper et d’en faire des vestes. J’ai trouvé ça génial, les pièces sont canon, on dirait du Y-Project ou du Marine Serre, elles datent de 1984 et sont totalement durable.
L’O : Qui est la femme Alphonse Maitrepierre ?
AM : J’ai deux typologies très distinctes. Pour le prêt-à-porter, c’est l’Américaine ou la Française, entre 35 et 50 ans. Pour les sacs, elle a entre 16 et 25 ans. La prochaine saison, on va les sortir dans toutes les couleurs, un peu comme des Skeetles.
L’O : Parlez-nous de votre parcours...
AM : J’ai étudié à La Cambre que j’ai quittée en troisième année, je voulais faire mes armes. On ne va pas se mentir, je n’étais pas passionné par l’école en général. J’ai eu une proposition de stage chez Jean-Paul Gaultier. En fan absolu, j’y ai couru. Je travaillais au dernier étage du Palais Gaultier, au studio, au côté du couturier et de son bras droit Samudra Hartanto dont j’étais l’assistant. Après un renouvellement de trois mois, je suis parti. Et puis un jour, je suis en face de Beaubourg, au café Le Cavalier Bleu et un type me demande : “Est-ce que cela vous dirait de jouer dans un film?” C’était l’été, j’avais 22 ans, je passe le casting et je suis pris. Le réalisateur, Yan Gonzalez, révélé avec Les Rencontres d’après-minuit, tourne le court-métrage Les Îles. On s’entend bien et il me propose d’être le costumier d’Un couteau dans le cœur avec Vanessa Paradis, qui est en projet. Avec l’habitude d’imaginer des personnages chez Gaultier, je me lance dans le cinéma. Bonheur et extase pendant cinq mois, surtout que je suis un grand fan de Vanessa Paradis. Une fois fini, j’ai voulu retourner au “vrai” prêt-à-porter et j’ai travaillé pour Acne Studios à Paris. J’étais assistant styliste, spécialiste du flou et des accessoires lunettes et bijoux pendant un an. Mon travail était évidemment d’imaginer des modèles pour eux, mais le soir et les week-ends, je travaillais sur les pièces que j’appelais “le salon de refusés”, celles qui n’avaient pas été retenues mais qui selon moi avaient un potentiel et que je ne voulais pas laisser tomber. Et en les voyant, un ami m’a dit que j’avais littéralement ma première collection chez moi. Je ne voulais pas lancer une marque, cela m’angoissait, mais elle s’est faite un peu malgré moi. Je l’ai présentée dans une petite galerie de Montmartre et un attaché de presse m’a proposé de la lancer plus sérieusement. Elle est donc née en 2019.
L’O : Quel est l’ADN de votre marque ?
AM : J’aime dire que c’est old fashion geek. Old fashion pour le côté vieille couture poussiéreuse, archives que tout le monde connaît, un peu tradi... Ce dont je suis fan. Ça me vient certainement de ma grand-mère qui, toute sa vie, a travaillé comme archiviste à la BNF et qui a sacralisé tout ce qui était en papier ou ressemblait à une image. Le côté geek vient du principe que j’aime démembrer cette inspiration old fashion et l’amener vers quelque chose de beaucoup plus digitale, contemporain, et qui, parfois, acquiert un côté plus pop. J’adorais chez Gaultier cet humour, on pouvait rire de tout.
L’O : Peut-on dire que le couturier Jean-Paul Gaultier est votre mentor ?
AM : C’est une grande inspiration. Mais, par le biais de Desigual, j’ai rencontré Christian Lacroix, dont je me sens aussi très proche.
L’O : Quel est votre premier souvenir mode ?
AM : Ma grand-mère habitait à Granville, sa maison était collée à celle de Christian Dior. À 13 ou 14 ans, je me souviens d’être aller visiter la maison qui est un musée. Dès l’entrée, je me suis pris une énorme claque en voyant le fameux, le seul et l’unique tailleur Bar. Au dernier étage, il y avait aussi la robe totalement démente en origami bleu foncé et violet de la campagne Midnight Poison portée par Eva Green. J’avais adoré voir comment un Galliano s’était emparé de l’histoire de cette maison et de ces archives pour l’emmener autre part et imaginer cette robe. Mais à ce moment-là, je ne connaissais rien à la mode, et je pense que cette visite a été mon déclic.
MODÈLES : Simona Tabasco @ SIMONATABASCO
COIFFURE ET MAQUILLAGE : Fulvia Tellone @ FULVIATELLONE ; Simone Belli Agency @ SIMONEBELLIAGENCY
ASSISTANTS PHOTO : Valentina Ciampaglia @ SVALECIAMPI ; Davide Simonelli @ DS.PHOTOART.
La collection sera disponible dès le 7 mars 2023.