Adrien Albou relance l’Homme chez Paul & Joe
Après une longue absence, l’Homme Paul & Joe reprend vie avec à sa tête Adrien Albou, 30 ans, fils de la fondatrice Sophie Mechaly. Une collection qui signe un retour aux sources, et dans laquelle on retrouve les codes emblématiques de la marque.
L’Officiel : Pourquoi le retour de Paul & Joe, ici et maintenant ?
Adrien Albou : Le paysage de la mode masculine a formidablement évolué ces dernières années, notamment avec l’arrivée de nombreux jeunes créateurs talentueux, et nous avions très envie de faire partie de cette nouvelle dynamique. Mais après une mise en sommeil de quatre ans, l’homme Paul & Joe avait besoin d’un sérieux lifting, pour satisfaire les attentes d’une nouvelle génération de clients. C’est un peu comme un nouveau départ, aussi bien en terme de création que de distribution et de communication. Nouveau logo, nouvelle image, nouvelle identité de marque, même si l’adn reste fidèle au style fondateur de la maison.
En temps que directeur artistique de Paul & Joe Homme, comment as-tu appréhendé ta mission ?
Je l’ai pris comme un challenge très personnel ! Paul & Joe, je suis né dedans. La marque a donc une valeur affective extrêmement importante pour moi. Mon postulat de départ n’a pas été d’exhumer les archives, mais plutôt d’en adapter la quintessence d’un style qui durera dans le temps. Et si j’ai eu peu de temps pour la première collection Hiver 2022, ayant intégré la maison en janvier 2021 pour un défilé un mois et demi plus tard, je pense que la collection suivante, printemps-été 2023, reflète déjà cette volonté.
Et comment cela se traduit-il esthétiquement ?
Il est important de garder en tête que l’Homme Paul & Joe n’a jamais été très loin de la Femme. Les deux studios partagent les mêmes bureaux, nous travaillons main dans la main, et les collections sont complémentaires. Il n’y a qu’à voir les mood-boards pour noter des références communes comme ces impressions florales matinées de références gentleman farmer, avec ses tweed, pied de poule, velours et laines généreuses, le tout dans une atmosphère de jardin anglais. L’identité Paul & Joe c’est un équilibre de preppy et de pretty qui convient aussi bien à la femme qu’à l’homme. Romantique, contemporain.
Quel est ton domaine de prédilection en terme de création ?
J’attache une grande importance aux matières et aux coupes, essentielles en mode masculine. Des tissus souples, soyeux, comme les crêpe de chine, satin, popeline de coton, tweed de soie, laine tropicale… c’est primordial pour moi. A ce sujet, j’ai veillé à redynamiser un sourcing français, en collaborant par exemple avec des ateliers de brodeurs lyonnais historiques, existant depuis la fin du 19ème siècle. C’est plus cher, mais les avantages du Made in France n’ont pas de prix, lorsque l’on sait combien la proximité reste le prix de la tranquillité. Nos ateliers tunisiens, dont nous somme également très proches, assurent dans le même sens. Et il y a aussi la coupe d’un vêtement bien sûr, à laquelle je suis extrêmement sensible, pour ce qui est des vestes notamment. Selon moi forcément cintrée mais pas trop, avec des épaules, et des finitions impeccables comme ces points sellier posés à la main.
Où souhaites-tu idéalement emmener l’homme Paul & Joe ?
Repartir comme à la grande époque, en 1995 ! Avec une priorité donnée aux marché japonais et britannique, très réceptifs à la marque.
Et toi, où vas-tu ?
Je ne compte pas m’arrêter là ! Après la marque Iro pour laquelle j’ai désigné pendant trois ans la ligne homme et dont je viens de signer ma dernière collection, je m’accorde une pause d’une saison pour ma marque Garçons Infidèles, lancée en 2016, le temps de lancer avec trois associés un projet qui me tient à coeur, celui d’un restaurant de Hand Roll japonais, le « Hando Parisian & Roll », qui ouvrira mi-septembre à Paris au 89 rue de Sèvres dans le 6ème arrondissement, et dont je suis le directeur artistique. J’ai toujours aimer l’idée de faire se rencontrer mode et food.