Alexandre Mattiussi : "Le cinéma a toujours été pour moi un art suprême"
Cette année, la maison de mode AMI Paris sera présente à Cannes pour sa dernière coproduction en date, dans la catégorie Un Certain Regard. Son fondateur et directeur créatif a fait de sa passion pour le cinéma une mission.
L’OFFICIEL : On vous sait passionné de 7e art, or votre “coming out” cinéphile date de 2022. Pourquoi maintenant ?
ALEXANDRE MATTIUSSI : Attention ! Passionné oui, mais en aucun cas cinéphile ! J’entretiens avec le cinéma le même rapport qu’avec la mode : très intuitif, presque candide. Je ne cherche pas à devenir un expert. Le cinéma a toujours été pour moi un art “suprême”, c’est lui qui m’a permis de m’évader. Il me fascine, me touche, m’embarque. Les choses sérieuses sont venues progressivement, poussées par les rencontres avec les acteurs et actrices. J’aime l’idée qu’ils soient des passeurs d’histoires. Il y a quelque chose d’assez divin là-dedans.
L’O : Pouvez-vous nous rappeler quelles ont été vos créations en matière de cinéma ?
AM : De collaborations créatives en opportunités de coproductions, comme sur le film La Bête de Bertrand Bonello – pour lequel j’ai également réalisé les costumes –, puis de productions en réalisation avec le clip d’Isabelle Adjani. Tout s’est enchaîné naturellement.
L’O : Et celle dont vous rêvez ?
AM : La réalisation est quelque chose qui m’obsède, et j’y travaille tous les jours. Ce sera un film choral, avec du monde, joyeux, poétique, très parisien. Mais j’ai l’humilité de penser que c’est un vrai métier, pour lequel je ne brûlerai pas les étapes. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais j’y viendrai, c’est une certitude.
L’O : Aimeriez-vous monter votre société de production, ou êtes-vous plus intéressé par la réalisation ?
AM : Les deux ! L’an dernier nous avons produit en intégralité notre premier film AMI, qui sort très bientôt sur la plateforme Mubi : Dammi de Yann Demange. AMI aura très probablement un jour son entité cinéma. Et moi je ferai ma petite vie de réalisateur à côté !
L’O : Serez-vous à Cannes cette année ?
AM : C’est devenu pour nous un rendez-vous incontournable. Il faut y aller sans penser à la compétition, avec ses propres moyens et une bonne énergie. La toute première fois, j’y ai habillé Emmanuelle Béart. Cette année, nous y serons pour la coproduction de Niki, le premier long-métrage de Céline Sallette avec Charlotte Le Bon dans le rôle de Niki de Saint Phalle, qui a été sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard.
L’O : S’il vous fallait impérativement choisir entre un son musical ou une image animée, lequel des deux garderiez-vous ?
AM : Une image bien sûr! J’ai un faible pour celle de Jim Carrey montant l’escalier dans The Truman Show, mais je dirais une image du film Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse (1956). Parce que c’est d’une poésie folle et que j’en aime le message : il faut toujours suivre son ballon rouge !