Heron Preston : "C'était vraiment une surprise de défiler en premier"
Comment te sens-tu après avoir ouvert cette fashion week homme de Paris ?
Heron Preston : Oh c'était vraiment un choc ! Tu ne sais pas vraiment quel jour la Fédération va t'attribuer donc c'était vraiment une surprise de passer en premier. C'était à la fois excitant et stressant parce que c'est beaucoup de pression que d'ouvrir une telle semaine mais je suis content d'avoir été le premier à passer. Maintenant je peux profiter de Paris et voir les shows de mes potes comme Virgil chez Off White et Matthew chez Alyx.
Comment le défilé s'est-il déroulé ?
Je pense que tout s'est passé comme je l'avais imaginé mais tu ne peux jamais prévoir à l'avance. Tout s'est passé très vite et l'idée est partie d'une simple discussion avec ma petite-amie sur une plage en vacances et tout d'un coup le jour du défilé est arrivé.
Tout a commencé avec le compte Instagram du TSA (l'Administration de la Sécurité des Transports) n'est-ce pas ?
Oui, c'est un peu pour cette raison qu'on a choisi ce thème de terminal de sécurité dans un aéroport. Je voyage beaucoup au quotidien, non seulement pour ma marque mais aussi pour mixer en tant que DJ donc le setting avec les portiques de sécurité et les bouledogues est venu assez naturellement.
Le défilé incluait des paires de UGG revisités. Comment cette collaboration est-elle née ?
C'est la deuxième fois que je travaille avec eux. Notre première collaboration s'est faite grâce à un simple post sur Instagram. Je portais des UGG et j'ai tagué la marque. Un ami qui travaille avec eux a également vu la publication et c'est comme ça que ça s'est fait. C'était naturel, rien n'a été forcé. On voulait annoncer rapidement notre partenariat créatif donc on a fait une collaboration ultra-limitée de 70 paires pour le festival Coachella.
Pourquoi avoir dit oui une deuxième fois ?
La première collaboration s'est faite tellement rapidement que je voulais continuer à explorer les possibilités. Les paires en édition limitée étaient customisées mais cette fois-ci c'est différent. Les UGG sont déclinées en différentes couleurs et en différents styles donc c'est un peu comme le deuxième épisode de notre collaboration.
D'après toi pourquoi la marque UGG a-t-elle un impact culturel aussi important ?
C'est une chaussure très cool au design unique car aucun autre modèle ne lui ressemble. Peu de gens dans ma culture osent porter ce genre de chaussures et c'est ce challenge qui m'a motivé : trouver une nouvelle manière de les porter et faire en sorte que les gens arrivent à les associer car les UGG peuvent parfois être compliqués à porter.
Tu viens du même groupe créatif que Virgil Abloh (Off White et Louis Vuitton) et Matthew Williams (Alyx). Comment expliques-tu votre succès ?
Je pense que cela vient de notre énergie, de notre ambition, de notre curiosité et de notre goût pour l'innovation. On a toujours incité les uns et les autres à s'amuser avec Been Trill, notre première marque. La musique et les voyages ont aussi une énorme influence sur notre travail. On s'inspire des cultures asiatiques, européennes, nord-américaines et on essaye de créer des produits et des visuels pour la jeune culture qui font résonner ces inspirations.
Es-tu flatté d'être comparé à Virgil Abloh ?
Oh oui évidemment. On vient du même groupe et c'est excitant d'avoir ouvert la Fashion Week de Paris. J'ai simplement étudié la mode à l'université et je suis passionné par l'aspect créatif mais se retrouver d'un coup à ouvrir la semaine c'est fou ! Mais je pense vraiment qu'avec Virgil, on assiste à un changement culturel important et que les gens nous voient comme la nouvelle garde en tête de ce mouvement.
Comment se déroule le processus créatif pour Heron Preston ?
J'ai une équipe derrière moi qui est basée à Milan et souvent je m'inspire de conversations avec mes amis sur l'état actuel de la mode, ce qui lui manque, ce qu'on peut améliorer, les problèmes auxquels on peut se confronter, là où j'ai envie d'emmener mes collections...
Ta nouvelle collection fait la part belle au sustainable. Penses-tu que l'industrie est en train de changer progressivement son approche du respect de l'environnement ?
Oui. Je pense vraiment que c'est une priorité parce que cela va devenir le futur de notre travail et que personne ne pourra plus l'ignorer. L'industrie de la mode est la deuxième plus polluante au monde et il faut faire changer les choses. Cela ouvre de nouvelles opportunités qui mènent au développement de nouvelles technologies et de nouveaux processus de création. Pour la collection automne-hiver 2019, nous avons utilisé des chutes de toiles de parachutes et c'est dans ce sens là que jai envie d'emmener ma marque, vers plus de sustainable pour respecter l'environnement et produire la mode de demain.
Comment gardes-tu une telle énergie ?
En me déconnectant complètement. Je travaille et voyage beaucoup pour ma marque et pour mixer mais si je suis à fond, il faut aussi qu'ue fois que ça s'arrête, je sois complètement isolé pour me ressourcer. Il faut prendre soin de soi-même avant de pouvoir s'occuper d'autre chose. C'est très important.
Quels sont tes projets à venir ?
J'ouvre bientôt un magasin à Hong-Kong donc c'est un peu mon bébé en ce moment et je vais me concentrer dessus dans les mois à venir. Mais la saison est courte et je pense déjà à la prochaine collection. Je suis très excité à l'idée de pouvoir créer à nouveau.