Kevin Trapp : le mur de Paris
Le 8 juillet 1990, à Mersig, au cœur de la Sarre, Kevin Trapp est né sous une bonne étoile. Ce jour-là, la Nationalmannshaft remporte la finale de la Coupe du monde face à l’Argentine de Diego Maradona. Les plus anciens se souviennent d’un match moisi, sans occasion ou presque et d’un penalty litigieux qui donne la victoire aux Allemands, mais voir le jour au moment où son équipe nationale accroche une nouvelle décoration à son maillot, ça pose son homme. Et construit les fondations d’une passion éternelle pour le ballon rond. Cette bonne étoile, le gardien du PSG commence à la faire briller dans les équipes de jeunes de sa ville natale puis intègre le centre de formation du FC Kaiserslautern, à l’âge de 15 ans. Trois ans plus tard, le 9 août 2008, il joue son premier match en équipe première en coupe d’Allemagne. Préposé au banc de touche dans un premier temps, il finit par devenir titulaire lors de la saison 2011-2012. Gravement blessé durant l’hiver, il est forfait pour le reste de la saison et son club descend en Bundesliga 2. L’année suivante, il s’impose sur tous les terrains… et plusieurs clubs, parmi lesquels figure le Bayern Munich, veulent l’enrôler.Il choisit finalement l’Eintracht Francfort où il signe pour 1,5 million d’euros durant l’été 2012. À 22 ans, il s’impose très vite et entame une première saison comme titulaire en Bundesliga. Promu capitaine, il enchaîne les bonnes prestations, devient un des meilleurs gardiens du championnat allemand et, tout naturellement, les recruteurs de plusieurs gros clubs européens commencent à le suivre.
Parmi eux figurent ceux du PSG qui cherchent à remplacer Salvatore Sirigu, jugé limité. Kevin Trapp a la réputation d’être très régulier et de ne jamais commettre de bourdes dans les buts. Très bon sur sa ligne, très véloce malgré son grand gabarit, il est également très bon dans les face-à-face. Et surtout, contrairement au portier italien, il est brillant dans les sorties aériennes et son jeu au pied est adapté au football moderne. Bref, selon les dirigeants du PSG, il n’a que des qualités.
Pourtant, quand sa bonne étoile lui offre un contrat, le 8 juillet 2015, certains supporters parisiens n’ont pas compris pourquoi le PSG engageait Kevin Trapp. Après une saison marquée par 62 buts encaissés, la défense de l’Eintracht Francfort était la troisième plus mauvaise défense de la Bundesliga. Un comble pour un gardien censé permettre de franchir un palier au PSG. Sa faible expérience au niveau européen (il n’avait joué que neuf matchs de coupe d’Europe en Europa League avant son arrivée au PSG, ndlr) ne plaidait pas non plus en sa faveur. Avant de rejoindre la capitale, il était surtout connu pour ses apparitions dans les pages de la presse people grâce à sa relation avec Esther Sedlaczek, une sublime animatrice de la télévision allemande. Il posait aussi régulièrement pour la marque de mode qu’il a créée, KT01, et certains le jugeaient un peu trop éloigné des terrains et du jeu. Mais cette image est fausse et Kevin Trapp va le prouver dès son arrivée au Camp des Loges, le centre technique du PSG. Très professionnel, travailleur inlassable lors des entraînements, Kevin Trapp sait que tout se passe sur la pelouse et pas sur les tapis rouges. Dès qu’il arrive dans la capitale, il travaille pour s’intégrer au plus vite. Il apprend rapidement le français car il connaît l’importance des médias et fait preuve d’une grande discrétion. Laurent Blanc, qui dirige alors le PSG, aime ce gardien qu’il pense capable de rassurer une défense, meurtrie par quelques erreurs commises par Salvatore Sirigu. Très vite, il va en faire un titulaire indiscutable. Le gardien allemand remporte le titre de champion de France 2016 et enchaîne les bonnes performances en Champions League. Mais avec l’arrivé d’Emeri, qui aime faire jouer la concurrence entre les gardiens de but, tout change. L’espoir français Alphonse Areola est revenu de prêt et, parvient, dès le début de la saison 2016/2017, à pousser Kevin Trapp sur le banc. Des rumeurs de départ commencent à enfler, mais le portier allemand tient bon et ronge son frein tout en continuant de travailler. Et il finit par reprendre sa place dans les buts du PSG.
Auteur de grosses prestations contre l’Olympique de Marseille, il est titulaire pour le huitième de finale de Champions League contre le FC Barcelone. Le match aller est un rêve, le retour, un cauchemar. Au Camp Nou, il encaisse six buts… et si aucun ne lui est directement imputable, il n’a pas été décisif. Abandonné par ses défenseurs qui ont pris l’eau, il n’a pas su faire l’arrêt en fin de match qui aurait pu éviter le désastre et l’humiliation. « Un match comme celui-ci fait du mal, c’est dur à effacer. Dans dix ans, on en reparlera encore. Mais il faut avancer, car il y a des titres à gagner », expliquera-t-il en conférence de presse avant la finale de la coupe de la Ligue contre Monaco qui a lieu trois semaines plus tard. Un match que le PSG remportera et durant lequel Kevin Trapp livrera une prestation quasi parfaite. Preuve que le portier allemand a des ressources psychologiques hors normes car il a été capable de renouer avec la confiance quand tant d’autres auraient ressassé l’échec au Camp Nou.
Il faut dire que Kevin Trapp connaît l’adversité. Et qu’il doit l’affronter depuis déjà de longues années, en particulier en sélection nationale. Car dans sa carrière professionnelle, Kevin Trapp a un gros caillou dans ses chaussures à crampons. Cet homme s’appelle Manuel Neuer et c’est tout simplement le meilleur gardien du monde. Avec un tel monstre dans les buts de la Nationalmannshaft, le goal du PSG sait qu’il doit faire une croix sur sa carrière internationale tant que le portier du Bayern n’a pas arrêté sa carrière. Et à 31 ans, avec son niveau, il a encore au moins quatre belles années devant lui. Dans le meilleur des cas, lorsque les cartes seront redistribuées pour changer de gardien dans la sélection allemande, Kevin Trapp aura déjà 30 ans. Et devra encore se coltiner la concurrence de Marc-André ter Stegen, le portier de Barcelone, et de toutes une flopée de jeunes gardiens plein d’avenir. En novembre 2015, Joachim Löw l’a bien fait venir dans le groupe pour une série de matchs amicaux contre la France et les Pays-Bas. Mais il n’entrera pas en jeu et n’honorera pas sa première sélection. Bref, il sait que son palmarès se fera avant tout en club. Kevin Trapp connaît sa malchance d’être face à une montagne comme Manuel Neuer. Plus jeune de cinq ans, il veut croire que sa chance peut venir, plus tard, quand ce « monstre » raccrochera les gants. D’ici là, il va continuer à travailler pour rester au niveau, progresser encore et toujours en gagnant des titres avec Paris pour avoir une chance de s’imposer en sélection nationale. Il compte sur sa bonne étoile et sur le soutien de son actuelle petite amie, Izabel Goulart, un sublime mannequin de 32 ans, ancienne égérie de la marque de lingerie Victoria’s Secret. Quand elle n’est pas sur un défilé ou un shooting dans un lieu paradisiaque, la sculpturale Brésilienne ne rate aucun match au Parc des Princes. Encore un astre lumineux pour permettre au « Mur de Paris » de résister à tous les assauts…