La révolution (en plastique) de la Méhari
Deauville, jeudi 16 mai 1968. La Sorbonne est occupée et les mouvements de grève s’étendent aux grandes entreprises, de Renault à Air France en passant par la SNCF et la RATP. Ce sera bientôt au tour de l’ORTF. Quelques jours plus tard, un général de Gaulle excédé dénoncera “la chienlit”. Bref, la France est à l’arrêt ou presque, et c’est avec un formidable sens du timing que Citroën convoque la presse au New Golf de la station normande pour présenter sa dernière-née, la Dyane 6 Méhari, que l’on n’appellera bientôt plus que la Méhari. Huit voitures de présérie embarquant une vingtaine de mannequins de l’agence Catherine Harlé défilent sur la pelouse entre deux averses, chaque modèle présentant une utilisation possible de l’auto : la turquoise pour évoquer les sports nautiques, la jaune pour le golf, la grise pour les jeunes à la mode, la verte pour la ferme, la bleue à gyrophare pour les services de sécurité, la rouge pour les pompiers et la beige pour la chasse. Et le Méhari club de France de préciser que le huitième modèle, de couleur blanche, arrive chargé de petites cages contenant chacune un lapin de la même couleur. Chaque journaliste présent ce jour-là se verra offrir un de ces animaux à grandes oreilles.
La Méhari, donc. Soit une voiture longue de 3,50 m, lourde (ou plutôt légère) de 525 kilos et capable d’embarquer 400 kilos de charge utile. Le tout repose sur un châssis emprunté à la Dyane, et le communiqué de presse, qui tient sur deux pages tapées à la machine à écrire, précise que la Méhari “présente la particularité d’être la première voiture française de série dont la carrosserie soit réalisée en kralastic thermo-formé.” Du plastique ABS, donc.