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L'DANCE : entretien avec le chorégraphe et danseur Léo Walk

Chorégraphe et danseur repéré dans les concerts de Christine & The Queens, auteur d’un brillant premier spectacle, “Première Ride”, Léo Walk revient avec “Maison d’en face”, un des évènements de la saison.

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Casting Jennifer Eymère
Photographie
Fausto Elizalde
Stylisme
Louis Portejoie

L’Officiel Hommes : Quels sont tes premiers souvenirs de danse ?
Léo Walk : Les fêtes de mes parents, à la maison. Je me souviens de ce moment où je vais me coucher et me réveille une heure après, et j’ai eu le droit de danser avec eux toute la nuit, c’était merveilleux. À 7 ans, j’ai vu mon premier battle à Champigny, avec l’association de Didier Boko, avec laquelle j’ai grandi. Instantanément, je me suis dit que je voulais faire ça.

L’OH : En faire un métier était une évidence ?
LW: Je ne pensais pas que c’était possible. En revanche, la danse a toujours été un exutoire, pour souffler, le seul art dans lequel je me sentais vraiment bien, cela me “réaligne”, lorsque je danse, je ne porte que des bonnes énergies. Je suis très heureux de m’accomplir aujourd’hui dans ce métier, danser et chorégraphier. La danse vous donne de la liberté et vous permet d’exprimer vos émotions. À l’âge de 7 ans, Didier Boko m’a initié au breakdance. J’ai appris à travers les battles, les échanges avec les différents danseurs rencontrés durant ces années. J’ai rapidement fait beaucoup de battles et de compétitions dans toute la France. À 18 ans, j’ai intégré le show de Thierry Mugler, avec un solo. Peu après, j’ai auditionné pour la tournée de Christine and the Queens, j’ai été sélectionné et cela a duré trois ans, pendant lesquels j’ai beaucoup appris. C’était une expérience magnifique, joyeuse. Nous avons voyagé dans le monde entier. À 20 ans, c’est une chance inouïe.

L’OH : Venir des battles a-t-il un impact particulier sur ton travail aujourd’hui ?
LW: À certains égards, oui, comme une envie de véracité, de trouver un mélange entre le contrôle et le brut.

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LÉO : veste, WOOYOUNGMI ; pantalon, chemise et cravate ACNE STUDIOS, PRADA ; lunettes de soleil, OAKLEY ; mocassins, MARYAM NASSIR ZADEH.

L’OH : Où commence la conception d’un spectacle ?
LW: Par un concept guidé par les émotions. La playlist intervient en premier lieu : écouter un maximum de sons qui m’inspirent et font écho avec ma thématique pour construire une ligne directrice, raconter une histoire, créer une unité. Ensuite, je danse seul sur ces musiques et développe la matière. La playlist du spectacle a été imaginée avec Flavien Berger et Sacha Rudy, entre autres. Garance Vallée signe la scénographie, je l’ai rencontrée il y a plus de dix ans lors d’une battle. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est que les gens soient absorbés par la danse, qu’ils en ressentent les vibrations et se sentent bien.

L’OH : Comment est née Maison d’en face ?
LW: Avec Première Ride j’ai voulu retranscrire le passage de l’enfance à l’âge adulte, les premiers émois d’un groupe d’adolescents. Maison d’en face est une pièce réconfortante, poétique et enveloppante, née de l’expérience du confinement sur des vingtenaires, la retranscription en mouvement d’une expérience vécue, un voyage intérieur à la découverte de soi-même. C’est une exploration poétique des sentiments amoureux et amicaux que j’avais envie de mettre en scène. Ma propre expérience durant la pandémie.

L’OH : Tu travailles parfois avec des marques de mode, Louis Vuitton, Lacoste, Ralph Lauren... Comment se déroulent ces collaborations ?
LW: Ce sont des marques que j’affectionne. Il y a toujours une dimension artistique, une collaboration avec les directeurs créatifs de ces maisons. Je donne ma vision à travers la musique, le choix des pièces, les couleurs. Pour Maison d’en face, je collabore avec Maryam Nassir Zadeh, une créatrice new-yorkaise qui signe tout le stylisme. Je l’ai rencontrée lors du défilé Jacquemus en juin 2019, ce fut une évidence. Les costumes sont essentiels : ils subliment les danseurs et participent de l’histoire.

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À PARTIR DE LA GAUCHE - CIAN : Haut, EREVAN ; pantalon, FRANKIE SHOP; chaussons, DR MARTENS. MIRANDA : en haut, AVAVAV ; pantalon, LAINE PALOMA; bottes, J.M. WESTON. HORTENSE : en haut, BINYA ; pantalon, LAINE PALOMA; chaussures, PARABOOT. LÉO : en haut, COURRÈGES ; pantalon, JEANNE FRIOT ; chaussures, ACNE STUDIOS. JANINA : en haut, MUGLER ; pantalons, ACNÉ STUDIOS ; chaussures, PARABOOT. ABU : plein, DIESEL ; mocassins, J.M. WESTON.

L’OH : Comment te projettes-tu dans l’avenir ?
LW: J’aimerais refaire des projets personnels. J’ai également un projet de livre (aux éditions Grund), intitulé Les Mains amères. Une sorte de journal intime racontant la création d’un spectacle en six mois. Je suis accompagné par Samantha Hellman, qui témoigne par l’image, et nous accompagne durant toute la création du spectacle, en coulisses, durant les répétitions, en résidence. En parallèle, je rêve de danser et créer à l’Opéra Garnier, écrire une pièce avec une vingtaine de danseurs. C’est un symbole fort, par la beauté du lieu, mais aussi par la lignée des talents qui ont foulé le parquet de cette scène mythique. Ce serait une consécration pour l’autodidacte que je suis, amener le hip-hop sur la scène de l’Opéra.

L’OH : Quelles sont tes inspirations ?
LW: Le quotidien, les gens, les énergies. Pour Première Ride : Joan Miró, la musique techno, le côté enfants perdus, la série Stranger Things. Pour Maison d’en face : les relations humaines dans toute leur complexité.

L’OH : Après toutes ces expériences, est-ce que tu as un sens plus défini de ton style ?
LW: En trois mots : street, pour le côté break et influences ; poétique, pour le choix des musiques et les émotions sur scène ; minimal, parce que je crée des chorégraphies structurées.

TALENTS : Léo Walk, Janina Sarantsina, (Ciano) Sulian Rios, Hortense de Gromard, Abu Niang et Miranda Chan @ LA MARCHE BLEUE
COIFFURE ET MAQUILLAGE : Brigitte Fresnel et Élodie Aubert @ AURELIEN AZUR
DIRECTRICE DE CASTING : Jennifer Eymere

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Duration 4:30
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Stream Type LIVE
Remaining Time 4:30
 
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En tournée dès le 28 mars. Au Théâtre du Châtelet les 3, 6, 12 et 13 avril.

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