Comment Prada va sauver les hommes
Point d'orgue de la semaine de la mode homme à Milan, le défilé Prada ameute une foule aussi éclectique que lookée. Et tout en Prada. Car oui, du buisnessman en costume-cravate, derbies un tantinet originales par leur semelle plus épaisse ou leurs détails piqués sellier, au bloggeur sud-coréen qui arbore fièrement le total look de la dernière saison tout juste sorti en boutique, Prada est à l'homme ce que la rondelle d'orange est au Spritz : indissociable. Couvrant chacune de ses facettes avec une habileté déconcertante, la maison milanaise dirigée depuis presque 40 ans par Miuccia Prada, petite-fille du fondateur, enchaîne les réussites au tableau sans discontinuer. Et c'est dans la réinvention du B A BA masculin que la créatrice excelle.
Si l'on décortique les looks du dernier défile printemps-été 2018, on retrouve l'intégralité des codes de la maison établis par la directrice artistique depuis son adoubement : le nylon, matière phare de Prada, qui passe des sacs au prêt-à-porter et que l'on retrouve sur les combinaisons, les pantalons néo-joggings, les shorts d'athlète, les cols relevés qui, bien au delà de leur connotation de lover rital, sont validés depuis 4 saisons par l'éminent jury mode international, les sacs-banane, qui lorsqu'ils sont imaginés par Prada perdent toute appartenance beauf, et le traditionnel sens du tailoring à travers de lourds manteaux à chevrons, emblématiques du savoir-faire sartorial de la maison italienne. Mixant et matchant les références tantôt street, tantôt plus nobles, parfois même classiques, c'est un vrai vivier créatif que nous livre Miuccia Prada à chaque saison. Et son language, décryptable par quiconque, force le respect tant il est limpide mais sophistiqué. Un compromis parfait donc, pour le mâle perdu dans les méandres de la tendance masculine, et qui à travers un simple blazer, un pull en angora ou une chemise imprimée, saura revendiquer haut et fort son appartenance au clan Prada.