Lorsqu'on évoque le nom de The Kooples, comment ne pas penser automatiquement à un univers rock'n'roll empreint de cool-vibes et d'un sens de la coupe impeccable ? Dans la lignée du brief initial, la maison parisienne collabore avec Orlinski, le temps d'une capsule badass' placée sous le signe de la liberté. Rencontre.

Apr&egrave;s avoir innond&eacute; le globe de ses fameuses campagnes o&ugrave; le couple faisait foi, The Kooples ne cesse d&#39;&eacute;voluer. En termes stylistiques, o&ugrave; les coupes s&#39;&eacute;largissent, o&ugrave; le rock&#39;n&#39;roll s&#39;emprunt de normcore et parfois de r&eacute;f&eacute;rences hip hop, o&ugrave; le jean skinny se porte avec mod&eacute;ration. Mais aussi en termes d&#39;image. Car selon ses fondateurs, le label tape aujourd&#39;hui dans l&#39;affect de ses consommateurs : il faut cr&eacute;er de l&#39;&eacute;motion via ses collections, rendre attirant des classiques du vestiaire gr&acirc;ce &agrave; quelques d&eacute;tails qui &agrave; eux-seuls font toute la diff&eacute;rence. C&#39;est dans cette veine sentimentale que The Kooples d&eacute;voile une capsule r&eacute;alis&eacute;e en collaboration avec l&#39;artiste Richard Orlinski, saint patron de l&#39;art glamour et anticonventionnel (et grand ami de la maison). L&#39;occasion de faire un point sur les pi&egrave;ces (de mus&eacute;e) qui la composent, et surtout de voir si la cr&eacute;ation plastique est encore un vecteur de d&eacute;sir chez l&#39;homme.&nbsp;

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Comment vous &ecirc;tes-vous rencontr&eacute;s ?&nbsp;

Richard Orlinski : Nous nous connaissons depuis longtemps avec Alexandre, nous sommes amis. Un jour, l&rsquo;id&eacute;e de la collaboration a fait mouche. Et banco. J&rsquo;attache beaucoup d&rsquo;importance &agrave; l&rsquo;affect, il faut un ADN commun lorsqu&rsquo;on confronte deux marques entre elles. Une vision commune des choses. Heureusement, notre philosophie se rejoint beaucoup !

Alexandre Elicha : Cela faisait longtemps que l&rsquo;id&eacute;e m&ucirc;rissait dans nos t&ecirc;tes. Il suffisait d&rsquo;attendre le bon moment. Le projet est n&eacute; il y a un an et demi, mais il a d&eacute;marr&eacute; avec une sculpture. Un &eacute;norme cr&acirc;ne, qui a ensuite donn&eacute; naissance &agrave; une collection capsule enti&egrave;re.&nbsp;

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La mode a-t-elle une l&eacute;gitimit&eacute; &agrave; endosser un aspect artistique aujourd&rsquo;hui ?&nbsp;

AE : Dans les 15 prochaines ann&eacute;es, le c&ocirc;t&eacute; artistique sera incontournable dans l&rsquo;industrie textile. La mode est d&eacute;j&agrave; une forme d&rsquo;art en elle-m&ecirc;me. Chez The Kooples, nous cassons les codes en offrant une vision globale des choses.

RO : En collaborant avec un artiste plasticien, une maison de mode renforce encore plus cette puissance artistique, cr&eacute;ant un univers singulier qui leur est propre.&nbsp;

AE : Certaines maisons ont, comme nous, un vrai univers, une histoire &agrave; raconter &agrave; ses clients. Chez The Kooples, nous d&eacute;fendons une image forte, que l&rsquo;on aime ou pas d&rsquo;ailleurs, ce qui donne envie de s&rsquo;exprimer via d&rsquo;autres vecteurs que le simple v&ecirc;tement ou accessoire. Je suis influenc&eacute; par beaucoup d&rsquo;artistes, de Soulages &agrave; Poliakov, ce qui rentre dans le processus de cr&eacute;ation lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de collaborer avec l&rsquo;un d&rsquo;entre eux. D&rsquo;o&ugrave; le fait, pour Richard et moi, de donner naissance &agrave; une sculpture en plus d&rsquo;une ligne de pr&ecirc;t-&agrave;-porter.&nbsp;

RO : Notre lien d&rsquo;amiti&eacute; donne d&rsquo;ailleurs une force, une pertinence &agrave; cette collaboration qui n&rsquo;aurait pas pu exister autrement.&nbsp;

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La cl&eacute; de vo&ucirc;te de votre collaboration ?

RO : Le rock&rsquo;n&rsquo;roll !&nbsp;

AE : Il y a aussi un c&ocirc;t&eacute; tr&egrave;s street dans cette collection. Elle est &agrave; la fois rock, street, et tr&egrave;s moderne dans son interpr&eacute;tation de la tendance. Tout tourne autour du skull, de la t&ecirc;te de mort, qui est dans chaque d&eacute;tail (boutons, rivets) et signe chaque pi&egrave;ce, mais cela ne suffisait pas. Nous l&rsquo;avons voulue assez underground, fa&ccedil;on Harlem, &agrave; travers du molleton, des coupes oversize, une veine sportive assez pr&eacute;sente mais un sportswear qui se mixe avec tout, des pi&egrave;ces les plus casual aux plus formelles. On a beaucoup utilis&eacute; le graffiti &eacute;galement, que Richard d&eacute;veloppe d&eacute;j&agrave; avec ses propres sculptures, en s&eacute;rigraphie, broderie, beaucoup de couleurs diff&eacute;rentes. C&rsquo;est une collection sauvage, libre.&nbsp;

RO : Cela correspond d&rsquo;ailleurs vraiment &agrave; ce que je fais sur la sc&egrave;ne artistique. Je suis tr&egrave;s lib&eacute;r&eacute; dans ma cr&eacute;ation, cette collaboration correspond &eacute;galement &agrave; mes aspirations professionnelles. Je suis d&rsquo;ailleurs le premier &agrave; la porter.&nbsp;

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La pi&egrave;ce de la collection qui vous a donn&eacute; le plus de fil &agrave; retordre ?

AE : Le perfecto que nous avons d&eacute;velopp&eacute; avec les graffitis en s&eacute;rigraphie n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;vident &agrave; r&eacute;aliser. Pour que la couleur ressorte bien sur le cuir, il faut beaucoup de technique et de pr&eacute;cision, le proc&eacute;d&eacute; est complexe.&nbsp;

RO : Pour moi, c&rsquo;est la plus belle pi&egrave;ce. J&rsquo;&eacute;tais dans la boutique de NYC, tout le monde l&rsquo;adore, il est sold out. Ayant d&rsquo;ailleurs l&rsquo;habitude de porter des perfectos, ce qui est incroyable avec celui-ci est qu&rsquo;il tombe &agrave; la perfection. Vraiment.&nbsp;

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Faut-il &ecirc;tre artiste ou designer aujourd&rsquo;hui pour avoir une l&eacute;gitimit&eacute; cr&eacute;ative ? Une c&eacute;l&eacute;brit&eacute; a-t-elle elle aussi la m&ecirc;me cr&eacute;dibilit&eacute; lorsqu&rsquo;elle cr&eacute;&eacute;e?&nbsp;

AE : Honn&ecirc;tement, tout d&eacute;pend de la personne. Cela d&eacute;pend de son univers, de sa force cr&eacute;ative, de ce qu&rsquo;elle veut d&eacute;velopper. Emily Ratajkowski par exemple a une vraie l&eacute;gitimit&eacute; en tant que cr&eacute;atrice : elle a un caract&egrave;re tr&egrave;s fort, un vrai message &agrave; d&eacute;livrer par rapport au f&eacute;minisme entre autres. Il y a une histoire coh&eacute;rente. Comme pour une marque. Richard a &eacute;galement marqu&eacute; le monde de l&rsquo;art par sa mani&egrave;re de travailler, sa personnalit&eacute;.&nbsp;

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L&rsquo;&eacute;g&eacute;rie id&eacute;ale pour votre collection ?&nbsp;

AE : Sans limite niveau budget, j&rsquo;aurais dit Drake. Ou m&ecirc;me Kanye West.&nbsp;

RO : Oui Kanye West &ccedil;a sonne bien. L&rsquo;&eacute;g&eacute;rie serait un homme, mais cela n&rsquo;emp&ecirc;che pas les femmes de s&rsquo;approprier les pi&egrave;ces aussi.&nbsp;

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Comment voyez-vous le futur de la cr&eacute;ation ?

AE : Aujourd&rsquo;hui, je pense qu&rsquo;il faut une force particuli&egrave;re pour percer dans l&rsquo;industrie de la mode. Il y a tellement de marques, tellement de concepts, qu&rsquo;il faut une force singuli&egrave;re pour se d&eacute;marquer des autres, &eacute;crire sa propre histoire sans se calquer sur le voisin. Lorsque l&rsquo;on regarde de plus pr&egrave;s le ph&eacute;nom&egrave;ne de &laquo;&nbsp;See Now Buy Now&nbsp;&raquo;, on se rend compte que le rythme s&rsquo;acc&eacute;l&egrave;re. Beaucoup m&ecirc;me. Il faut &ecirc;tre plus rapide, plus cr&eacute;atif, et &eacute;tablir un contact privil&eacute;gi&eacute; avec ses clients et clients potentiels. Chez The Kooples par exemple, nous cr&eacute;ons 12 collections par an, soit une collection par mois. Ce n&rsquo;est pas de la fast-fashion, mais il faut faire &eacute;voluer sa cr&eacute;ativit&eacute; pour surprendre, se r&eacute;inventer sans perdre de vue le brief initial.&nbsp;

RO : C&rsquo;est amusant parce que je pense avoir un mod&egrave;le de d&eacute;veloppement assez similaire &agrave; une maison de mode. Parce que je suis un des seuls artistes &agrave; cr&eacute;er une sculpture chaque jour, j&rsquo;ai un renouvellement assez rapide. Nous sommes en perp&eacute;tuelle phase de cr&eacute;ation au sein de notre atelier. Aujourd&rsquo;hui, nous sommes face &agrave; des collectionneurs qui sont en attente de cela, qui sont habitu&eacute;s &agrave; avoir des nouveaut&eacute;s assez r&eacute;guli&egrave;rement. Et m&ecirc;me si on me critique pour ma &laquo;&nbsp;marketisation&nbsp;&raquo; de la cr&eacute;ation, je pense que c&rsquo;est l&rsquo;avenir, acc&eacute;l&eacute;rer le rythme de la cr&eacute;ation. Du moins si l&rsquo;on en est capable.

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Collection disponible dans une s&eacute;lection de boutiques ainsi que sur <a href="https://www.thekooples.com">www.thekooples.com</a>

Rencontre avec Richard Orlinski et Alexandre Elicha

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