Rudy Gobert : élevé pour tout déchirer
Propos recueillis par Bruno Godard
Photos par Sam Kweskin / Magnum
Rudy Gobert
- Né le 26 juin 1992 à Saint-Quentin (Aisne)
- 2,16 m, 112 kg
- Surnom : Gobzilla - Clubs successifs : Cholet (2011-2013) et Utah Jazz (depuis 2013)
- 39 sélections en équipe de France
Palmarès en équipe de France
Médaille de Bronze en Coupe du monde 2014 Médaille de Bronze au championnat d’Europe 2015
Sa note dans le jeu vidéo NBA 2K17
81/99, soit 8 points de plus que dans NBA 2K15
La vie de Rudy!
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128 000
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102 M $
le montant de son contrat avec les Utah Jazz
2,36 m
son envergure (la moyenne est de 2,01 m) ; 53 sa pointure
Le haut niveau demande beaucoup de sacri ces ?
Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours voulu mettre tous les atouts de mon côté. Le basket est ma priorité numéro un et toute ma vie est tournée vers mon sport. Je passe à côté de certains trucs, je me prive un peu, mais je sais que c’est la condition pour réussir. Avec la maturité, je progresse chaque jour, dans tous les domaines. J’avais la réputation par exemple de ne pas toujours être très ponctuel, mais maintenant, c’est fini, j’arrive même toujours un peu en avance à mes rendez-vous ! Je suis plus adulte, j’ai pris conscience que pour être au sommet, il fallait être toujours plus professionnel, à la fois en basket, mais aussi sur les à-côtés.
Il n’y a donc pas que le terrain qui compte
Le plus important est, bien entendu, d’être bon sur le parquet, mais la communication est également partie prenante du basket, surtout en NBA. J’ai appris à gérer la médiatisation car je sais que cela fait partie de mon job. Avec les médias, je mets des limites car je ne veux pas me laisser envahir. Je ne réponds pas favorablement à toutes les sollicitations, je protège ma vie privée, mais je sais qu’il faut donner un peu de son temps pour les fans.
Le fait d’être devenu le sportif français le mieux payé au monde a dû multiplier les demandes d’interviews ?
Ah oui, on peut dire que j’ai été demandé ! (Rires.) Je comprends parfaitement ces sollicitations. Après la signature de mon contrat, il était tout à fait logique que les médias aient envie d’en savoir plus sur moi. Le grand public, en particulier en France, veut savoir qui je suis. Il faut simplement contrôler ce que l’on donne pour ne pas se laisser submerger. Avant tout, je suis un basketteur. Je dois tout à ce sport et je dois rester concentré sur ça. Le reste fait partie de mon métier, mais ce ne sera jamais le plus important.
Vous faites preuve d’une vraie maturité...
Pour moi, c’est plus facile car c’est monté crescendo. J’ai passé les paliers un à un, sans griller les étapes. Je suis passé par un centre de formation, puis par un club pro en France avant d’être "drafté". Quand je suis arrivé chez les Utah Jazz , j’ai été obligé de me battre pour gagner ma place. Ce que j’ai aujourd’hui, je l’ai obtenu grâce à mon travail. Pour moi, les choses ne sont pas arrivées par hasard. Et puis j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur mon entourage. Ma famille, mes agents, mes proches sont sains et je sais que je peux compter sur eux car ils m’aiment pour ce que je suis, pas parce que je suis le sportif français le mieux payé. Le statut de star du basket, l’argent, c’est bien, mais ce qui compte avant tout pour moi et pour mon entourage, c’est ce
que je suis en tant qu’être humain. J’ai eu la chance de recevoir une excellente éducation. Dans ma famille, on a la tête sur les épaules, on ne s’en amme jamais.
Cet équilibre personnel doit être primordial pour supporter la concurrence du haut niveau...
C’est vrai qu’il faut être bien entouré pour gérer
le quotidien en NBA. Dans toutes les équipes, il y a des hiérarchies, il faut se battre pour gagner sa place, mais aussi pour la conserver. Quand je suis arrivé en NBA, il y avait des gens au-dessus de moi et aujourd’hui, il y en a qui veulent prendre ma place. À ce niveau, c’est logique, mais cela ne m’empêche pas d’être très proche de mes coéquipiers. La concurrence est saine car elle crée une émulation qui permet à tout le monde d’être meilleur. On doit se battre tous les jours pour conserver sa place, mais il ne faut pas oublier que le basket est un sport collectif. On s’épaule car l’important c’est de gagner le match. Et puis il ne faut pas exagérer, à ce niveau-là, aucun partenaire ne va chercher à te blesser volontairement pour piquer ta place. C’est une règle non écrite, tous les équipiers savent que l’encadrement technique ne peut pas tolérer ce genre d’attitude. Quand un joueur ne pense pas d’abord à l’équipe, il est toujours écarté.
Dans ce milieu, la tête doit être aussi forte
que le corps...
Quand on atteint le très haut niveau, c’est le mental qui fait la différence. Tout au long de ma carrière, j’ai croisé des mecs qui étaient sans doute meilleurs techniquement ou physiquement. Et si je suis sorti du lot à chaque fois, c’est que j’ai fait la différence grâce au mental. Pour réussir, il faut être dur dans sa tête, savoir oublier la souffrance physique et supporter la pression qui est omniprésente. Moi, je n’ai pas besoin qu’on me la mette, je me la mets tout seul ! (Rires.) Je ne me satisfais pas longtemps d’un bon match et je ne suis pas déprimé par une performance moins brillante car je remets tout en cause avant chaque rencontre. Chaque match est un challenge où j’ai envie d’être le meilleur.
Avec les Bleus, la pression est-elle la même ?
Pour moi, c’est exactement pareil. On vient tous en équipe de France pour avoir l’honneur de représenter son pays, faire vibrer les fans et écrire une histoire avec une bande de potes. On ne vient pas pour toucher de l’argent mais pour garnir son palmarès, prendre et donner du plaisir. Mais on vient surtout pour gagner des matchs. Car dans le sport, il n’y a que la victoire qui est belle.