A quoi ressemble le concept-store idéal ?
La définition de Tom Greyhound en 2018 ?
Je dirais qu’aujourd’hui Tom Greyhound est une boutique où l’on vient découvrir les collections de designers, des noms les plus établis aux jeunes émergents, sous un nouveau spectre. C’est un lieu où nous avons décidé de raconter notre vision à travers la curation de notre sélection, faite par thèmes et univers et non par marques. C’est notre manière de pousser la clientèle à découvrir de nouveaux designers et de rendre l’expérience plus ludique.
Et il y a 4 ans, lors de votre ouverture rue de Saintonge ?
En 2014 nous arrivions tout droit de Seoul, où la manière d’appréhender la mode est tout à fait différente. Notre sélection de marques était plus restreinte et très pointue. Peut-être pas assez accessible, et donc à mille lieues de ce que nous nous voyons faire à Paris. La boutique était anciennement la Galerie Almine Rech, mais nous ne voulons surtout pas que nos clients se sentent comme dans une galerie d’art ou un musée. Nous avons pris du recul et décidé d’agrémenter cette offre avec plus de marques, plus de produits et plus de catégories. Nous touchons aujourd’hui un peu à tout, de la mode aux produits cosmétiques tout droit venus de Séoul.
Pourquoi avoir choisi Paris pour y implanter une antenne du vaisseau amiral coréen ?
Paris est évidemment la ville clé pour la mode. Pouvoir s’y faire une place était un challenge pour moi. C’est une ville qui regorge de concept-stores, de grands magasins et de boutiques de luxe et pourtant nous sommes loins de l’énergie qu’on peut sentir à New-York, Londres ou Tokyo notamment grâce à Dover Street Market, Totokaelo ou Opening Ceremony. Il y a tant de designers recherchant des lieux où s’exprimer et je trouvais ca dommage de ne pas pouvoir le faire d’avantage ou du moins plus facilement à Paris.
Le client type de votre adresse parisienne ?
Notre clientèle est assez éclectique. C’est sûr que pendant les temps forts du calendrier de la mode, nous avons principalement des clients internationaux, des designers et professionnels de la mode. Le reste de l’année, c’est surtout une clientèle locale, les galeristes du quartier, les parisiens venus trouver la marque ou le produit qu’on ne peut trouver ailleurs.
La fermeture de Colette vous a-t-elle impacté ?
Depuis la fermeture de Colette, il y a eu beaucoup d’articles sur « l’après Colette ». C’est vrai que nous partageons tous deux cette volonté de mettre en avant la création et de faire sans cesse découvrir des nouveautés. Nous avons nous aussi dynamisée à notre échelle notre offre avec des collaborations et évènements, ce qui nous a d’ailleurs permis de nous faire connaitre et de grandir à Paris. Mais tout cela fait partie de notre ADN, bien avant la fermeture de Colette, et nous comptons évidemment continuer sur cette lancée.
Les labels que vous avez lancés dans la capitale française ?
Nous sommes très fiers d’avoir pu mettre en avant la jeune création Coréenne comme Ader Error, System ou Reike Nen. En réalité nous adorons trouver des designers des quatre coins du monde comme Walk of Shame, qui vient tout droit de Moscow ou George Keburia de Georgie.
Comment réussir lorsqu’on est un concept-store aujourd’hui ?
Je pense qu’un concept-store doit avoir sa propre identité et sa propre histoire. Il ne faut pas chercher à être autre chose et rester sincère dans son offre. Si le client ne peut pas lire et comprendre notre vision, c’est raté. L’idée est de construire une offre cohérente tout en restant évidemment dans l’air du temps.
Le créateur le plus prometteur du moment pour vous ?
Tout dépend du spectre que l’on choisi. On ne peut évidemment pas passer à côté de Demna et cette dynamique qu’il a amené depuis Vêtements. J’aime personnellement beaucoup Luke Meier, son travail chez OAMC est tout simplement remarquable et je suis très heureux de le retrouver chez Jil Sander. Il crée des vêtements qui font sens et ne cherche pas à ressembler à quiconque d’autre.
La mode masculine vit-elle une époque de profond changement ?
Il y a peu de temps la mode masculine « de tous les jours » était pratique et fonctionnelle. La majorité des hommes s’habillaient en fonction du besoin. Nous arrivons aujourd’hui à une mode masculine qui fait écho à la mode féminine, beaucoup plus expressive et affirmée. J’adore cette mode ludique qu’on retrouve chez Sunnei ou CMMN SWDN, qui est une mode fun mais portable.
Vos plans dans l’année à venir ?
Continuer sur cette même dynamique, avec encore plus de nouveaux designers et de collaborations créatives.
Tom Greyhound, 19 rue de Saintonge, 75003