A la découverte des chaussures Kleman
La marque Kleman ouvre sa première boutique parisienne. Rencontre avec Alexandre Cléon, co-manager d’une marque historique, made in France, qui se tourne résolument vers l’avenir avec ses chaussures aussi stylées que solides.
Quelle est l’origine de l’entreprise ?
Sous le nom de Cléon, elle a été créée par mon grand-père en 1945. Kleman a été fondée à la fin des années 80, pour répondre à des appels d’offre. En l’occurence, l’armée, la SNCF, la police. Avec mon frère, et deux de mes cousines, dont l’une a repris sa tête il y a un an, nous nous occupons de l’entreprise. Je me suis formé précisément dans cette optique. J’ai suivi un Master en management de la mode à Milan. Je suis parti au Mexique pour des raisons personnelles, où j’ai travaillé, entre autres, dans une société qui vendait du parquet haut de gamme. Rien à voir avec la mode !
Comment définirais-tu la philosophie de Kleman ?
Comme je disais, nous avons débuté en produisant pour le marché professionnel. Nous avons développé des modèles qui devaient répondre à des standards très précis. Des semelles épaisses, résistantes à l’abrasion, anti-dérapage, etc., c’est-à-dire la norme ISO N20347…Il y a 6-7 ans, notre partenaire japonais, a vu notre modèle de Padror, un de nos best-sellers, que l’on vendait à la SNCF, pour les contrôleurs de trains, dans les années 90, dans une boutique vintage à Paris. Il l’a achetée, puis nous a contacté pour l’importer et la vendre dans des grands magasins japonais. Nous sommes arrivés ainsi dans un univers plus mode. Nous étions vendus chez United Arrows, Beams…Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un espace pour nous. Nous avons gardé cette semelle en gomme ultra-résistante, crantée, et nous avons ajouté des cuirs plus mode, d’autres couleurs. Nous avons conservé l’ADN, mais en ajoutant un peu de volume, avec un cousu latéral, en montant en gamme dans l’interprétation de notre marque. Nous tenons aussi à ce que nous ateliers soient en France. Tous nos matériaux sont d’origine européenne.
L’activité à destination professionnelle continue ?
Oui, ce sont des appels d’offre, pour des contrats de trois ou quatre ans. On travaille avec la SNCF, Air France…Cela nourrit notre inspiration et fait travailler nos ateliers, qui sont en France, ce qui est important à l’heure où l’on parle de réindustrialisation du pays. L’appétence pour le Made in France est forte, il faut suivre la demande, 40 personnes travaillent dans les ateliers, nos bons de commandes sont pleins ! Pour le versant mode de Kleman, nous vendons 60 000 paires par an.
Vous travaillez en fonction des saisons ?
Absolument, avec deux collections par an, et quelques animations inter-saison, avec des capsules mais sans obligation, c’est selon nos rencontres ou la découverte d’un nouveau matériau…Par exemple, il y a un an, un an et demi, nous avons fait une collaboration avec agnès b., qui a très bien fonctionné, les deux parties étaient ravies.
Quels sont vos best-sellers ?
Le Padror, qui existe en plusieurs variantes. Le Frodan, un derby assez classique, et aussi, l’été, la Ballast, une sandale, avec une semelle en caoutchouc, anti-abrasion, assez imposante, qui marche super bien, notamment sur la femme, ce qui est assez nouveau pour nous. L’idée directrice, pour ces modèles emblématiques, c’est de les avoir toujours en stock.
Quelle est la part de vos exportations ?
Plus de 50% de notre production est exportée : principalement au Japon, au Royaume-Uni, en Italie, aux Etats-Unis, où cela marche très bien en e-commerce.
Comment menez-vous votre démarche éco-responsable ?
En étant très vigilant sur la traçabilité des peaux; en insistant sur des matériaux de plus en plus locaux; en mettant en avant des tannages végétaux, qui permettent d’avoir moins de chrome dans les cuirs; en travaillant sur des cuirs sans chrome du tout.
Boutique : 52 rue du Temple. 75004