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Emma François (Sessùn): "Conjuguer bienveillance et performance."

Marque responsable aux silhouettes raffinées et décontractées, Sessùn voue une passion pour l’artisanat qu’on retrouve dans ses collections et la décoration de ses boutiques. La fondatrice, Emma François, s’est donnée pour mission de perpétuer des savoir-faire textiles en voie de disparission et de prendre un soin tout particulier au choix des matières qu’elle désire qualitatives, singulières et sans impact sur l’environnement. Rivalisant d’idées et de créativité, la marque marseillaise propose chaque saison de nouvelles lignes et collaborations. La griffe a lancé sa ligne mariage,« Sessun Oui », vendue dans une boutique dédiée au 63 rue des Saint Pères dans le 6ème arrondissement de Paris. Cet été, Sessùn collabore avec la marque de beachwear Jonsen Island avec qui elle imagine le dressing idéal d’une surfeuse et avec l’artiste folk Marie Sophie Lockhart.
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Quel est votre parcours? 

J’ai suivi, un peu par manque d’idées, des études d’économie à Montpellier, puis je me suis spécialisée en anthropologie économique à l’institut des hautes études d’Amérique Latine à Paris (IHEAL).


Comment l’aventure Sessùna commencé?

Sessun est né par hasard, comme une alternative à un job d’étudiant, pour m’aider à financer mes études et payer mes voyages en Amérique du Sud. J’étais alors très éloignée de l’idée de créer une entrepris pérenne de mode. Après un premier voyage, cette idée de dessiner quelques pièces qui mixerait savoir faire local et street culture m’est apparue. Le voyage suivant, j’ai parlé avec des artisans, mis au point quelques modèles tricotés très simples et investi mes modestes économies. A mon retour, les vêtements ont plu, leur style , qui combinait artisanat et culture plus urbaine, s’est ensuite affirmé et l’aventure a démarré. 

 

Pourquoi avez-vous choisi le prêt-à-porter? 

J’ai toujours aimé la mode. Plus jeune, j’adorais chiner ; je passais mon temps à customiser des vêtements pour sortir. Mais le fait déclencheur a été ce premier voyage en Amérique du Sud. Je me suis découvert une fascination pour l’artisanat, les savoir-faire et les techniques. Et j’ai naturellement eu envie de créer des pièces. Le succès m’a stimulée. J’ai renoncé à ma thèse.

 

Comment expliquez-vous un tel succès?

Persévérance et travail. Malgré les difficultés du début, j’ai assis la croissance avec patience sur des fondation solides. Je suis toujours restée fidèle à mes engagements et à mes valeurs ce qui explique peut-être la longévité de la marque. Nos clientes aiment la notion de « bonne pièce » qui va sublimer un style, ou tout simplement ne pas se démoder et cela à un prix accessible pour une qualité toujours meilleure. 

 

Quels sont les best sellers? 

Les robes en été (la robe Lisbon Girl, robe midi plissée et à bretelles) et les manteaux en drap de laine l’hiver. Toutefois, nous assistons à une évolution très marquée de nos best vers des pièces chaque fois plus fortes.

 

Pourriez-vous nous donner quelques chiffres? 

27 Millions de Chiffre d’Affaires en 2018, 200 salariés, 45 boutiques et corners à enseignes en France et 500 points de vente multi marques en France et à l’étranger.

 

Y a t-il des investisseurs dans l'aventure ? 

Oui, il y a deux ans, j’ai fait le choix de ne plus continuer l’aventure seule en m’appuyant sur les compétences de professionnels. J’avais envie d’une part de pérenniser l’entreprise et de mieux la structurer. Et mon équipe et moi-même avions aussi l’envie de nous développer par le biais d’ouvertures de boutiques. Pour cela nous devions être accompagnés, en terme d’expertise surtout mais aussi en terme financier. C’est très rassurant et dynamique de pouvoir désormais partager la décision. 

 

Quel est votre business modèle? 

Il repose sur le projet d’ouvertures de boutiques en propre.

 

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans le mariage?

Par amitié au départ, puis par envie. En effet, c’est pour répondre à la demande d’amies ou de clientes très fidèles qui souhaitaient absolument se marier en robe Sessùn que j’ai dessiné les premières robes. Les demandes se sont multipliées et nous avons alors fait le constat que beaucoup de futures mariées n’avaient pas envie d’une robe de mariée traditionnelle,et souhaitaient se sentir sublimées mais pas déguisées.

 

Qu’y a-t-il eu de plus innovant chez Sessun? 

Nos engagements pour l’artisanat et le savoir-faire. Même si de nos jours ce discours est plus courant, j’ai commencé à le défendre dès la création de la marque en 1996 ! 

 

Qui vous entoure? 

J’ai l’immense chance d’être entourée d’une équipe très fidèle, mais aussi de travailler avec mes plus proches amies, à mes côtés depuis longtemps. D’autres talents sont venus bien sûr depuis rejoindre l’aventure, et je suis bien sûr très attachée à toute mon équipe. 

 

Comment est née l’idée des collaborations? 

Les collaborations permettent d’élargir le champ de la création mais également de réfléchir différemment, en terme de séries limitées. J’aime la liberté de création qui accompagne une collaboration. Les ADN doivent être respectés. La rencontre de deux univers permet des digressions et des variations qui sont passionnantes. 

 

Quelle place ont les réseaux sociaux et le digitale chez Sessùn? 

Instagram est un outil qui me passionne de part sa vocation inspirationnelle.Il a donc une place très importante et je participe beaucoup à son contenu.Le digital a évidemment une place croissante mais nous ne délaissons pas pour autant la presse traditionnelle. Nous sommes enfin proches de certains « influencers » car nous aimons ce qu’ils font et qu’ils ont un talent.

 

Quels sont vos projets? 

Ouvrir une boutique à Londres et à Madrid, avec des concepts propres, toujours différents, innovants et qui respectent les patrimoines locaux et valorisent l’artisanat. Nous voulons créer un lieu suffisamment grand dans lequel nous pourrions proposer une véritable offre transversale et partager nos coups de cœur, de l’artisanat aux livres tout en mettant en valeur nos collaborations. 

 

A quoi aspirez-vous professionnellement? 

Conjuguer bienveillance et performance (l’un n’exclut pas l’autre) et toujours essayer de faire mieux par amour du travail bien fait. 

 

 

 

 

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Sessùn x Jonsen Island
Sessùn x Marie Sophie Lockhart
Sessùn x Marie Sophie Lockhart
Boutique de la rue Legendre, Paris.

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