Harris Reed, Ibrahim Kamara, Daniel Roseberry : 3 designers de talent

Cet Anglo-Américain a toujours été attiré par l’art et l’expression de soi à travers la mode. Originaire de Los Angeles, il grandit dans un environnement créatif avec son père, Nicholas Reed, producteur britannique de films documentaires oscarisés, et sa mère, Lynette Reed, ex-mannequin et créatrice lifestyle américaine. Après son diplôme à la Central Saint Martins, le couturier se fait rapidement remarquer avec son style qui mêle références historiques et touches glamour. Il repousse les frontières en créant des pièces qui s’affranchissent des catégories classiques du vêtement masculin et féminin. Fervent défenseur de l’inclusivité et de la diversité, il crée une esthétique androgyne et fluide, où la liberté de s’exprimer est primordiale. Pour lui, la mode est un moyen de célébrer l’individualité et d’encourager l’expression personnelle, quels que soient le genre et l’orientation sexuelle. Nommé en septembre 2022 nouveau directeur artistique de Nina Ricci, il enflamme son front-row en conservant l’élégance féminine de Nina Ricci tout en y insufflant une dose de provocation. Les robes légères agrémentées de volants, dentelle et broderies, créent une esthétique féerique. Les coupes sont travaillées de manière à mettre en valeur la fluidité des mouvements. Les imprimés floraux sont associés à des rayures audacieuses. Chaque pièce est réalisée avec une précision digne du plus précieux artisanat. En collaborant avec Nina Ricci, Harris Reed a réussi à insuffler un vent de nouveauté et d’audace à la marque tout en respectant son héritage.

Né en Sierra Leone en 1990, Ibrahim Kamara a fui vers la Gambie voisine après l’éclatement de la guerre civile, et a passé là une grande partie de son enfance, avant de s’installer à Londres avec ses parents à l’âge de 16 ans. Il fait ses classes à la Central Saint Martins pour devenir rédacteur, mais décide finalement de s’orienter vers le stylisme, un moyen selon lui plus rapide pour raconter les histoires qu’il voulait nous faire partager. Ultra-talentueux, il est remarqué par les plus grandes stars de la mode, tels Virgil Abloh et Riccardo Tisci, jusqu’à devenir rédacteur en chef du fameux magazine Dazed en 2021. Là, il marque le monde de la mode pour toujours avec ses couvertures engagées comme “Nigeria Now” présentant la nouvelle génération d’activistes au Nigeria, ou “Testing Times” sur la jeunesse et la pandémie. Il souhaite que son travail entre dans un espace plus démocratique, plus quotidien, et qu’il puisse aussi bien être compris par monsieur-tout-le-monde que par l’initié en matière d’art et de mode. Et c’est certainement cette vision qui a séduit la marque Off-White, rachetée en 2021 par LVMH. Pour elle, le rédacteur-styliste devient ainsi designer et nous a livré, en février dernier, l’un des plus beaux défilés de la fashion week parisienne, inspiré par l’idée du voyage. En la Sierra Leone, à travers une robe à col pneu, un minipanier surmonté d’un pneu, un short imprimé pneu et des looks aux imprimées de cartes géographiques ou coloré de terre rouge. Ou à Londres, qui est évoqué à travers des kilts et des robes à jupe plissée. La mise sur orbite de cette collection sera la combinaison spatiale argentée.

Depuis 2019, le designer Daniel Roseberry, qui a fait ses classes chez Thom Browne, est le directeur artistique de la maison de couture parisienne Schiaparelli. Avec lui, chaque collection est un rêve éveillé où la beauté est portée à son apogée, comme son dernier défilé couture qui a présenté une mode où l’extravagance était partie à la rencontre de l’ethnique à travers des silhouettes surréalistes. Ses défilés font toujours l’unanimité et son front-row est l’un des plus prestigieux avec des personnalités comme Kylie Jenner ou Cardi B. Lorsqu’on a appris qu’il allait également s’essayer au prêt-à-porter, nous n’en étions donc que plus excités. Daniel Roseberry a réussi à capturer l’esprit audacieux et l’imagination débordante de Schiaparelli, tout en lui apportant une touche de modernité avec du denim et de l’outwear à travers des parkas et des doudounes luxueuses, par exemple. Avec ses 34 silhouettes, le couturier crée le vestiaire Schiaparelli par excellence, dont on retrouve les codes signatures de Roseberry comme le cadenas, le mètre ruban, les boutons trous de serrure ou les soutiens-gorge coniques, et certains détails artisanaux comme des dessins peints à la main. La collection est très largement de couleur noire avec des éclats de blanc et de brun. Les coupes sont évidement architecturales, les formes épurées et les silhouettes structurées avec des vestes cintrées et aux épaules marquées et des robes aux lignes nettes et des tailleurs parfaits. Même si cette collection est prêt-à- porter, elle est plutôt faite pour les mondanités que pour aller faire le marché. Comme l’explique le designer dans un communiqué : “Comme Elsa Schiaparelli, nous nous concentrons sur les vêtements : des basiques de garde-robe qui aident chaque femme à se sentir un peu plus elle-même.” Avec lui, en plus de nous sentir nous-même, on se trouve diablement élégante.