Industry Trends

Objets de rencontre, entre luxe et savoir-faire

Quand les grands noms du luxe s’associent aux rois du savoir-faire, cela produit les collaborations les plus uniques au monde.

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Rabanne et Arthus Bertrand

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À l’occasion de son défilé printemps-été 2025 en octobre dernier, le directeur artistique Julien Dossena pour la maison Rabanne et le joaillier Arthus Bertrand ont imaginé une collaboration tout en or avec deux sublimes créations. La première est le sac 1969 qui brille de cent cinquante-sept médailles Pluie d’Étoiles Arthus Bertrand en or 18 carats. Il rend hommage à la célèbre robe composée de carreaux en or et diamants créée par Paco Rabanne pour Françoise Hardy en 1968, et considérée comme la robe la plus chère du monde. Il aura fallu plus de trois cents heures de travail aux petites mains de la maison pour réaliser cette petite merveille d’une valeur de 250000 euros. La seconde création est la médaille 1969 en vermeil. Comme l’explique le designer : “Je suis toujours intéressé par l’exploration de nouvelles matières et de nouvelles techniques, ça vient de ma curiosité personnelle, mais aussi du fait que c’est inhérent à l’ADN de la maison. L’artisanat est au cœur de tout ce que nous faisons et pour cette édition des sacs 1969, j’ai voulu travailler avec les meilleurs dans leur catégorie.” Dans cette collection, ce sac est complété de deux autres prouesses artisanales, l’une en céramique blanche cuite d’Astier de Villatte, l’autre en verre soufflé de Venini (Murano). La beauté du geste excelle dans cette collection où le prêt-à-porter rejoint la haute couture avec un jeu de superpositions aux accents précieux perçus sur les vestes aux revers brodés de disques métallisés, sur les robes lingerie seventies aux décolletés bijoux, sur le short oversized en tissu perlé ou les dessus de robe transparents brodés de fils précieux doré ou argenté.

Coperni et Swarovski

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Qui n’a pas été émerveillé par le défilé Coperni d’Arnaud Vaillant et Sébastien MeyerDisneyland Paris en octobre dernier? Lui qui avait réuni le monde de la mode au grand complet à la nuit tombée devant le château de la Belle au Bois Dormant pour présenter sa collection printemps-été... Tout d’abord, le show a commencé tout en insouciance, sur des notes pastel avec des vestes en jacquard blanc à volant, des shorts piqués de papillons en organza rose poudré, une robe tablier d’Alice au Pays des Merveilles revisitée ou en- core un pantalon bouffant façon Wendy Darling dans Peter Pan. Puis le château s’est enflammé, le tonnerre s’est mis à gronder, les couleurs se sont assombries et les jolies méchantes super sexy ont fait leur entrée. Habillées de robes bustier à encolure façon Maléfique ou de lambeaux de soie pour Cendrillon en détresse, celles-ci ont apporté une autre dimension à ce défilé qui retraçait les décennies de Walt Disney d’hier à aujourd’hui, avec la pomme rouge de Blanche-Neige par-ci, la robe de bal de La Belle par-là. En plus du final avec Kylie Jenner, l’attention a été portée sur la sublime collaboration entre Coperni et Swarovski qui n’ont pas créé ensemble la pantoufle de vair de Cendrillon mais le sac Coperni Swipe en cristal Swarovski. À partir d’un cristal de 10 kg, cette création, polie avec une grande précision et fabriquée à la main à l’aide de quatorze techniques complexes, s’est retrouvée ornée de 171 facettes, et pèse désormais plus de 1,7 kg. Incroyable mais vrai, ce pur joyau est le parfait reflet du savoir-faire de Swarovski et de la créativité de Coperni.

Augustinus Bader et Harry Nuriev

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Génie pluridisciplinaire, designer, architecte, on doit au Crosby Studios de Harry Nuriev, une multitude de réalisations dont une carte blanche par le Mobilier national, une boutique pour Jimmy Choo, une capsule avec Fusalp ou les pop-up de H&M à la galerie du Temple en 2023, et celui du parfumeur Caron pour son anniversaire cette année. La philosophie de l’artiste est celle du “transformisme”. S’écartant des concepts minimaliste et avant-gardiste, il prend des objets, matériaux et formes existantes pour les imprégner de nouvelles qualités et esthétiques, afin qu’ils transcendent les perceptions habituelles que l’on a d’eux. Et c’est pour la marque pionnière de la régénération cutanée Augustinus Bader que Harry Nuriev excelle à nouveau avec un pop-up store parisien à la galerie de Beaujolais qui restera ouvert jusqu’en janvier 2025. Comme l’explique l’artiste : “Deux éléments ont inspiré cette collaboration : la haute technologie futuriste et l’architecture symétrique du Palais-Royal. La version finale du pop-up store est le résultat d’une véritable symbiose des deux éléments au sein d’un même projet. J’adore le Palais-Royal, et ce projet a été particulièrement important pour moi, car il m’a permis de découvrir toute son histoire de façon créative et d’y ajouter une touche personnelle.” Dans cette boutique aux allures de vaisseau spatial, Augustinus Bader vous propose sa gamme de produits cultes et vous offre des soins s’appuyant sur une analyse scientifique de la peau, trois jours par semaine et uniquement sur rendez-vous. Au cours de la consultation, le système de pointe étudie dans le détail la structure de votre visage, l’état de votre peau et ses changements volumétriques, pour des soins personnalisés et adaptés à vos besoins spécifiques.

Bottega Veneta et Zanotta

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Édité par Zanotta et imaginé par les trois designers italiens Piero Gatti, Cesare Paolini et Franco Teodoro en 1968, le célèbre fauteuil Sacco est à son époque une révolution. Affranchi d’un statut social bourgeois et s’adaptant à tous les corps, il fut et est toujours l’incarnation de la liberté, maître mot du dernier défilé de Bottega Veneta. Son directeur artistique Matthieu Blazy accueille ainsi ses invités, de Jacob Elordi à Kendall Jenner, avec une collection de fauteuils Sacco Zanotta en guise de frontrow. Tout en cuir, ils apparaissent sous forme de bestiaire. Un retour en enfance assuré qui lui a été inspiré par E.T. lorsque la mère du petit garçon solitaire, Elliott, ouvre le placard à la recherche de l’extra-terrestre mais ne le voit pas parmi les peluches de son fils. Cet état d’esprit enfantin s’est également immiscé dans la collection avec des oreilles de lapin sur les revers d’un trench en cuir blanc, des lièvres sur un sac à dos en cuir intrecciato rose bonbon, des grenouilles sur des mules bijoux, des oiseaux sur des boucles d’oreilles argentées ou des lapins sur des boucles de ceinture délicates. L’idée était d’imaginer comment des enfants pourraient s’approprier la garde-robe de leurs parents. Le designer interroge : “Pouvons-nous trouver le pouvoir dans la douceur ? Le charme de l’intrépide peut-il entrer en collision avec une précision rigoureuse ? Cela créerait-il un nouveau mouvement ? Que voudrait l’enfant qui est en vous ? Je voulais ressentir à nouveau l’attraction primitive de la mode, une fascination de l’âge mûr qui englobe la joie de regarder, de découvrir et de s’habiller, le pouvoir du wow !” Le bestiaire est en vente sur le site internet dans plusieurs coloris.

Loewe et Lladró

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Fondée en 1953 par les frères Juan, José et Vicente Lladró en Espagne, la maison de porcelaine du même nom est reconnue à la fin des années 50 pour avoir établi une nouvelle technique de cuisson qui réduit le processus de trois couches à une seule, infusé de tons pastel. Depuis, elle est une référence en la matière et a marqué les esprits avec l’une de ses réalisations techniques, “fleurs de la saison”, une série datant de 1982, qui comprend des bouquets de fleurs minuscules sculptés à la main sur chaque pièce. Et c’est justement dans cet esprit que s’inscrit cette collaboration capsule entre Lladró et Loewe Botanical Rainbow avec ses trois parfums ambrés, Earth (truffe, poire, mimosa et violette), Agua Drop (ciste, bergamote et fleur d’oranger) et 001 Woman (jasmin, lin et musc). Chaque fragrance a été imaginée par le directeur artistique Jonathan Anderson et le nez de la marque, Nuria Cruelles qui, grâce à la synesthésie (phénomène neurologique par lequel plusieurs sens sont associés), peut visualiser l’odeur par la couleur et la forme. Un don du ciel comme diraient certains. Ces créations sont dotées d’un capuchon de porcelaine en forme de fleur (blanche, bleue ou rose) réalisé à la main par la maison espagnole Lladró et limitée à seulement six cents pièces par parfum dans le monde. Cette collection est une fusion entre l’artisanat et les parfums bruts inspirés par la nature qui s’inscrit dans le processus créatif du designer. Fondateur du Loewe Fondation Craft Prize lancé en 2016, Jonathan Anderson ne cesse de célébrer l’excellence de la main à travers toutes les cultures, toutes les disciplines et tous les pays qui s’épanouissent dans l’innovation et établissent de nouvelles normes pour l’avenir de l’artisanat.

Luca Guadagnino et Palazzo Talía

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À deux pas de la Piazza di Spagna à Rome, le Palazzo Talía, est un voyage à travers le temps que l’on doit au studio de design Studiolucaguadagnino du réalisateur oscarisé de Call Me by Your Name. En effet, Luca Guadagnino a la chance d’exercer ses deux passions, le cinéma et la décoration, depuis qu’il a confié son rêve de devenir architecte d’intérieur à T magazine et que Federico Marchetti (Yoox) lui en a donné la possibilité en lui confiant son premier projet. Les décors de cinéma de Guadagnino sont intrinsèquement liés à ses films et à leurs succès. Quand il ne tourne pas à la villa Necchi pour Amore, c’est dans une maison typique de Pantelleria qu’il se pose pour A Bigger Splash. Même si le Palazzo Talía n’est lui, pas encore, un décor de cinéma, il en a l’allure. Construit au xvie siècle, il fut d’abord une résidence privée avant d’être transformé en prestigieux Collège nazaréen au XVIIIe. Sa restauration lancée en 2021 le sauvera de l’abandon et fera de lui un hôtel. “Le défi a consisté à combiner l’intimité d’une maison accueillante avec la grandeur d’un lieu chargé d’histoire. C’est pourquoi les espaces monumentaux ont été transformés en décors de théâtre imaginés par le Studio Luca Guadagnino. Les chambres, raffinées, ont été soignées dans les moindres détails par le studio d’architecture d’intérieur Mia Home Design Gallery et Laura Feroldi Studio. Quant aux matériaux nobles et à l’artisanat italien haut de gamme, ils coexistent avec les designers internationaux”, explique le directeur de l’hôtel. Un résultat haut en couleur rassemblant vingt-six chambres, un restaurant, un lobby impressionnant garni de fauteuils design et de sculptures muséales, un bar intimiste en panneaux dorés qui cohabitent avec un plafond classé. Quel mélange des genres sublimé!

Puiforcat et Edward Barber & Jay Osgerby

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Joyau français des arts de la table qui fait partie du groupe Hermès depuis 1993, la Maison Puiforcat et son savoir-faire d’exception ne cesse d’innover en alternant rééditions et créations nées de collaborations inédites, renforcées par ses direc- teurs artistiques Charlotte Macaux Perelman et Alexis Fabry. Hier, la marque réinterprétait le Dinner Service au côté de la Fondation Judd. Aujourd’hui, elle s’associe avec les artistes britanniques Edward Barber et Jay Osgerby. Ces deux virtuoses de la matière qui ont fait leurs études d’architecture au Royal College of Art à Londres, sont réputés pour leur design industriel et leur mobilier avec une approche exploratoire de la matière et de la couleur. Avec Puiforcat, ils ont imaginé Pilotis, une collection de six objets à la géométrie parfaite et dont la rigueur est le maître-mot. “En présence d’une matière si réfléchissante, le design, selon nous, doit aller à l’essentiel.” Composée de trois bougeoirs au dessin de lingot fin s’élevant d’une base circulaire et de trois candélabres aux angles droits impeccables, ces objets leur ont été inspirés par le mouvement moderniste et plus particulièrement par la Villa Savoye, cet édifice construit en 1931 à Poissy, juché sur de minces pilotis. À l’œil nu, on a l’impression d’avoir des objets en lévitation emportés par leur finesse et leur géométrie parfaite. Selon leurs auteurs, ils tiennent de l’objet d’art. Toutefois, leur fonctionnalité importe autant que leur esthétique, ainsi leurs proportions ont été pensées de manière à ne jamais faire obstacle aux regards, comme le précise Puiforcat. “Au contraire, placés au centre de la table, ces bougeoirs et candélabres aux silhouettes aériennes dressent des ponts entre les invités comme pour souligner leurs échanges.”

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