Industry Trends

Tom Van Dorpe : "La mode est un terrain de jeux géant aux possibilités multiples"

Après plus de quinze années passées à New York, le styliste belge Tom Van Dorpe, connu pour ses multiples collaborations, reprend la direction artistique de la marque The Kooples. Rencontre.
clothing apparel sitting person human footwear furniture shoe

L’OFFICIEL : Vous avez été rédacteur de mode pour V Magazine et V Man, vous avez signé le stylisme des défilés de Rihanna pour Puma et multiplié les conseils pour les marques. Vous aimez le goût du défi...
TOM VAN DORPE : La mode est un terrain de jeux géant où les possibilités sont multiples. Commencer dans ce milieu en travaillant pour un magazine est idéal pour rencontrer les photographes, proposer une idée et la vendre. Et c’est exactement ce que je fais aujourd’hui pour The Kooples. En plus, j’ai toujours travaillé la mode homme et femme, comme aujourd’hui chez The Kooples, ce qui est assez rare pour un styliste. Finalement, même si ces modes ne sont pas les mêmes, elles ont beaucoup de points communs, et encore plus aujourd’hui.

Vous avez repensé la marque de quelle façon ?
Comme si j’avais retravaillé la ligne éditoriale d’un magazine. J’ai gardé son ADN, très fort, mais j’ai insufflé de la modernité aussi bien dans les campagnes publicitaires que sur les réseaux sociaux ou à travers le e-shopping dont j’ai élaboré chaque silhouette pour une visibilité plus digitale. Même si je n’ai pas étudié la mode comme un designer l’aurait fait, être styliste m’a permis de travailler en très étroite collaboration avec l’équipe.

The Kooples est une histoire de mode, mais également de casting...
La campagne de l’hiver dernier nous a permis de redéfinir visuellement l’image de la marque à travers des couples d’amants, de jeunes mariés, de parents, de frères, de sœurs ou d’âmes sœurs. Puis j’ai élaboré les looks clés de la saison avec les fondamentaux de la marque toujours dans un esprit assez rock’n’roll. Pour le printemps-été, j’ai donné un contexte à la collection avec des références et une gamme de couleurs afin de pouvoir raconter une histoire et lier les collections homme et femme. Avant, chaque personne se définissait par rapport à un style établi – 70s, rock, boyish, etc., –, alors que maintenant, on mélange tout. Chaque vêtement ne doit pas correspondre à un style exclusif mais, au contraire, doit pouvoir s’en extraire pour être mélangé.

The Kooples est une marque de luxe accessible avec un esprit urbain rock. Quelle touche avez-vous rajoutée à cet ADN ?
J’aime l’idée de mélanger cette silhouette forte et pas très sage avec mon approche très “clean”, je pense que c’est ça le look du moment.

Va-t-on retrouver la notion de “ la Parisienne” dans vos collections ?
Quand j’ai rencontré Romain Guinier, le CEO de la maison, pour la première fois, il m’a expliqué que la femme The Kooples a une élégance rebelle. Et c’est exactement ainsi que je vois la Parisienne, toujours très élégante, mais avec un côté inattendu, casual. C’est très agréable d’avoir comme point de départ de mes collections cette femme que tout le monde adore.

Qui sont vos muses, les couples qui vous inspirent ?
Il y a bien sûr les mythiques Jane Birkin et Serge Gainsbourg, Johnny Depp et Winona Rider, Françoise Hardy et Jacques Dutronc... Mais je ne voulais pas partir de cette idée-là pour donner un nouvel esprit à la marque. Il est difficile de dire qui sont les muses d’aujourd’hui, j’ai donc préféré m’attacher à des couples atypiques d’aujourd’hui. Pour ce printemps-été, ce sera Vincent Cassel et Tina Kunakey, cadrant à 100 % à cette nouvelle histoire que j’écris avec la marque. Lui est charismatique. Elle, très moderne, dans le moment, elle joue avec le glamour et le naturel et tous les codes de la féminité.

En plus d’être la star de la nouvelle campagne, Tina a réalisé une collection pour vous...
Un vestiaire pour Vincent avec des matières naturelles, du beige et du noir, qu’elle s’est approprié également. Alors que sur lui, c’est relax, sur elle, c’est plus boyish. Partager un vestiaire fait partie de son style, c’est ce qu’elle fait au quotidien. On retrouve donc un blazer droit magnifique, une chemise blanche, un T-shirt bien vieilli... En plus de cette collection, elle a imaginé un sac seau qui j’espère connaîtra le même succès que les collaborations précédentes.

Et votre collection printemps-été ?
L’idée était une “rébellion positive”. La notion de rébellion de The Kooples est souvent dark, mais avec l’année qu’on vient de passer, j’ai voulu adoucir les choses avec des matières organiques et un style plus minimal, dans une première partie de collection, et dans la seconde,des imprimés, des pastels et du denim clair.

Arriver dans un nouveau pays, travailler pour une nouvelle marque, tout cela en pleine pandémie... Cela a-t-il affecté votre travail ?
Pendant quinze ans, j’ai voyagé toutes les semaines entre les fashion weeks et les shootings, c’était très intense. En m’installant à Paris, je voulais me concentrer sur une marque. La pandémie est un vrai choc, et me concentrer sur The Kooples me permet d’avancer. Et quand je regarde ce qu’on a accompli, on peut être content... Que ce soit la collaboration avec Tina, le travail avec les fournisseurs pour des matières organiques, l’unification des collections homme et femme, la diversité dans nos castings avec des couples gays ou trans afin d’être le plus inclusif possible. Honnêtement, c’est assez incroyable.

Tags

Recommandé pour vous