Jalouse

Tout ce que vous devez savoir sur Shygirl, la nouvelle sensation électro-rap

Avec son électro-rap hybride, la Londonienne Shygirl explore les différents aspects de sa féroce personnalité pour s’émanciper et aller toujours plus loin. 2021 lui appartient.
clothing apparel lingerie underwear

Ne surtout pas se fier au pseudo qu’elle s’est choisi : Shygirl n’a pas grand-chose de shy (“timide”, en français). Il suffit de visionner un seul de ses clips pour s’en convaincre – le nocturne BB, l’acéré Uckers ou encore l’intense Slime, entre autres. Extravertie, déterminée, audacieuse, sexy et maîtresse d’elle-même, cette Londonienne n’a pas froid aux yeux. Elle ose laisser libre cours à ses expérimentations les plus radicales, comme Björk ou Aphex Twin avant elle. “Je n’ai jamais ressenti la moindre timidité, nous avoue-t-elle au bout du fil depuis son appartement londonien. Ça m’arrive, bien sûr, d’avoir des moments de nervosité ou d’appréhension, mais ça passe très vite, je me force à les surmonter pour aller de l’avant. Faire semblant d’avoir confiance en soi, ça finit par donner une réelle assurance. Justement, quand je me suis mise à chercher un nom de scène, le terme ‘shy’ m’a attirée parce que ce concept m’est totalement étranger. C’est l’exact opposé de ma personnalité !”

Son tempérament de feu follet n’est pas incompatible avec un goût pour l’introspection, au contraire. Shygirl passe ainsi en revue les innombrables facettes d’elle-même sur l’EP Alias, sorti fin novembre. On y découvre ses quatre alter ego (Baddie, Bonk, Bovine et Bae) qui apparaissent dans ses clips sous forme d’avatars digitaux. “J’ai toujours eu envie d’explorer ces variantes de moi-même parce qu’elles reflètent ma musique, analyse-t-elle. J’ai presque autodisséqué ces traits de caractère qui s’expriment le plus souvent en moi.”

1 / 5
Credits : NASIR MAZHAR
Credits : JW ANDERSON, MONCLER RICHARD QUINN, STEPHEN JONES, MOSCHINO
Credits : DION LEE, SINEAD GOREY, Tétier x Preen
Credits : MAXIMILIAN RAYNOR, PEBBLE LONDON
Credits : MONCLER RICHARD QUINN

Cette galerie de personnages ne serait pas complète sans un dernier prénom en “B”, celui qui est inscrit sur le passeport de Shygirl : Blane, jeune femme complexe, originaire du sud de Londres, diplômée en photographie. Avant de lancer sa carrière musicale, elle passe par d’autres expériences à plein temps, dans une agence de design et en tant que bookeuse dans une agence de mannequins. À l’époque, elle note ses idées de chansons ou ses textes dans les transports en commun, juste pour elle-même, sans projeter de les partager. Depuis, plusieurs lignes sont venues s’ajouter à son CV : DJ, cofondatrice du label Nuxxe (maison mère de Coucou Chloé, Oklou et Sega Bodega), réalisatrice de ses propres clips, ou encore collaboratrice que l’avant-garde électro s’arrache (elle figure sur le dernier album de la productrice Arca et sur des morceaux de la tête chercheuse Sophie).

Sa vision kaléidoscopique de la musique ne date pas d’hier. Quand on lui demande ses premières fascinations sonores, deux œuvres majeures remontent à la surface de sa mémoire : la BO du dessin animé Le Livre de la jungle et le foudroyant single de The Prodigy Firestarter. “Deux ambiances qui tranchent, reconnaît-elle en éclatant de rire. Bizarrement, ça me calmait toujours quand j’étais d’humeur chahuteuse à la maison.”

C’est son ami Sega Bodega, intéressé par sa voix posée et son débit de mitraillette, qui la pousse à se lancer. En 2016, il l’invite à chanter sur un morceau qu’il prépare. Le résultat, intitulé Want More, donne effectivement envie d’en entendre davantage. “À ma grande surprise, tout s’est déroulé de façon très naturelle dès le départ, explique Shygirl. Je n’ai pas eu à faire de compromis ni à changer qui je suis. Je tente des choses, ce processus me plaît et par un heureux hasard il y a d’autres gens qui apprécient aussi ce que je crée. Je poste mes nouvelles chansons au fur et à mesure, dès qu’elles sont prêtes. Le public me voit donc évoluer en temps réel, en même temps que je me révèle à moi-même.”

Ses dernières mutations en date illuminent les sept morceaux futuristes de l’EP Alias. Le flow à la fois détaché et percutant de Shygirl se mêle à sa musique, savant mélange de toutes ses obsessions, du grime au R&B, du rap à l’acid house, de la drum’n’bass à la pop. La chanteuse aime se nourrir du travail en équipe et s’entoure ici de guests tels que Sega Bodega et Sophie, fidèles de la première heure, mais aussi Karma Kid, Oscar Scheller et Happa. “En matière de création, j’ai tendance à vouloir tout faire, explique Shygirl. Les collaborations m’obligent à sortir de ma coquille et provoquent une spontanéité qui est difficile à obtenir pour une perfectionniste seule aux commandes. L’imprévu peut marcher à merveille. C’est aussi intéressant de voir de nouvelles façons de travailler. J’ai envie de découvrir tous les paramètres possibles pour ma musique. Mon premier EP était plus sombre et angoissé, j’avais l’impression d’entrer pour la première fois dans une pièce, de regarder si j’avais ma place. Avec ce nouvel EP, je me sens plus en confiance et je me promène dans tous les recoins, en adressant la parole à différentes personnes et en me frayant un chemin à travers les styles musicaux.”

Cette quête de soi passe aussi par les vêtements qu’elle choisit de porter, utilisant la mode comme un moyen d’expression. On a pu entendre sa musique dès 2017 pour le lancement de Kenzo Folio, ou plus récemment, en octobre dernier, dans une campagne Mugler. “Je dois dire que mon look était un vrai désastre quand j’étais plus jeune, précise-t-elle avec humour. Plus tard, j’ai travaillé comme assistante de la styliste Mischa Notcutt, qui est aujourd’hui ma directrice créative, et j’ai énormément appris à ses côtés. Quand je me sens mal, je fais l’effort de bien m’habiller, par exemple de mettre une robe de GmbH que j’adore, et ça m’aide à aller mieux. Les vêtements ont ce pouvoir-là. La mode est très importante pour cette raison précise, pas tant pour les tendances qu’elle dicte, mais pour nous aider à mieux cerner qui nous sommes et ce que nous avons envie de ressentir.”

Aussi libre et débridée que sa musique, Shygirl devrait bientôt passer à l’étape suivante : la préparation d’un album qui, s’il se concrétise en 2021, pourrait tout emporter sur son passage.

 

EP Alias (Because Music), disponible.

Casting : Jennifer Eymère
Styliste : Lee Trigg
Assistants styliste : Joy Appiah & Sabira Haque
Photographe : Samuel Ibram
Retouches : Helen Studios
Makeup : Luz Giraldo pour Mac Cosmetics & Roman Sam pour Fudge

Tags

Recommandé pour vous