JO 2024 : rencontre avec deux icônes de sport
Rencontre avec la danseuse de breakdance Sarah Bee et le champion paralympique de natation Théo Curin, deux athlètes hors du commun qui conjuguent avec Zalando performance et style.
Photographie ALEX AIKIU
Stylisme VANESSA BELLUGEON
Elle dispute en 2024 ses premiers Mondiaux de breaking. Rencontre avec l’athlète qui fait de la danse son terrain de jeu.
L’OFFICIEL : Parlez-nous de votre discipline...
SARAH BEE : Le breaking est né dans les années 70 à New York, et fait partie de la culture hip-hop. Il se démarque par sa dimension acrobatique, ses figures au sol, et par le rôle clé joué à la fois par le DJ et le MC (maître de cérémonie, ndlr) lors des battles. La pratique se popularise dans les 90s, avec des battles internationaux.
L’O : Comment le breaking est-il entré dans votre vie ?
SB : Par pur hasard, à l’âge de 11 ans, quand une amie m’a invitée à un entraînement. Ce fut une évidence, j’ai tout de suite adhéré à la discipline et à ses valeurs. Le breaking demande des mouvements techniques difficiles, qui nécessitent une grande rigueur. Cet effort, ça me plaisait. J’ai également été attirée par le fait de pouvoir créer différemment, par le fait que le breaking s’appuie sur une culture de la communauté – qui regroupe d’autres activités comme le graffiti, le beat box, le DJ... Tous ces arts de rue sont accessibles à tous et ne demandent rien d’autre qu’un peu de passion et de partage. Notre mantra est, à juste titre, “peace, love, unity and having fun”.
L’O : En quoi cette nouvelle représentation du breaking aux Jeux olympiques est-elle importante?
SB : C’est une opportunité de faire découvrir cet art à un plus large public. Mais c’est également un challenge, car le format dédié aux JO est tout nouveau pour nous : on explore, on découvre une autre façon d’exprimer le breaking, on se mélange à d’autres univers sportifs. C’est passionnant.
L’O : Comment vous préparez-vous aux JO ?
SB : Voilà déjà deux ans que je me prépare à l’INSEP avec l’équipe de France. Je suis entourée d’un coach mental et de préparateurs physiques, comme Vincent Lafif. L’entraînement se distingue de celui des compétitions habituelles, il est adapté au format des JO : il est encore plus précis, et davantage axé sur la stratégie et la performance.
L’O : Vous êtes sponsorisée par Nike, mais en êtes également l’ambassadrice. Pouvez-vous nous dire quelles valeurs communes vous partagez avec la marque?
SB : Des valeurs autour de l’humain. Nike me soutient dans les victoires, comme dans la difficulté et les échecs. C’est important de se sentir épaulée par une marque de confiance, peu importe le résultat de la compétition. Nike a toujours été à mes côtés et j’en suis reconnaissante. Mais aussi, tous les breakers portent la marque dans leur pratique. J’ai rêvé depuis toute petite d’être une Nike woman, de faire partie de leur famille d’athlètes. C’est un sponsor qui me rend très fière.
L’O : Quelle est la place de la mode dans votre discipline ?
SB : Le style est très important dans le breaking. Il définit la personnalité de chacun. Quand on monte sur scène, on interprète un personnage qu’on défend par le biais de son style vestimentaire et de son style de danse. La mode fait partie intégrante de la culture du breaking. On doit être beau quand on danse : le mouvement doit être beau, et l’habit doit le magnifier.
L’O : Et dans votre vie ?
SB : J’ai toujours aimé la mode. Je regarde même la fashion week! (Rires) Un défilé, c’est comme de la danse : c’est rythmé, on doit “vendre” un habit – comme le breaker avec son sponsor. Je pense que la mode matche avec la danse. La tenue est une façon de présenter son corps, de définir sa façon de bouger et de marcher.
L’O : Quels sont vos projets après les Jeux olympiques ?
SB : Il est difficile de se projeter après les JO, car c’est un des plus gros projets de ma vie. J’y concentre toute mon énergie. J’ai une idée globale de ce que je souhaite entreprendre après Paris 2024, à savoir reprendre ma carrière de breaking d’un point de vue plus artistique, mais aussi poursuivre les compétitions. En dehors de ça, je souhaite intensifier ma pratique du yoga – dont je suis certifiée professeure –, me connecter avec des artistes internationaux, ou encore travailler en lien plus étroit avec la mode. J’ai beaucoup de projets, reste à savoir comment je vais les réaliser... (Rires)
De champion paralympique à animateur, il multiplie les défis et les relève avec brio. Rencontre avec l’athlète le plus doué de sa génération.
L’OFFICIEL : Parlez-nous de votre histoire avec la natation handisport.
THÉO CURIN : Après ma maladie, j’ai eu envie de me dépasser, de me challenger. J’ai été motivé en découvrant Philippe Croizon, athlète amputé des quatre membres comme moi, qui a traversé la Manche à la nage. En pratiquant la natation, je me suis rapidement rendu compte qu’il s’agissait de la seule discipline qui me permettrait de me déplacer comme tout le monde – sans prothèse ni fauteuil roulant. Elle me procure une liberté, une légèreté que je n’ai pas au quotidien.
L’O : Vous avez déjà participé aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, à l’âge de 16 ans, pour lesquels vous vous êtes classé 4e au 200 m nage libre. Pouvez-vous nous raconter votre expérience ?
TC : Ça a été une folle aventure! D’une part, c’est une chance extraordinaire. On découvre un autre univers, on fait des rencontres, on vient défendre les couleurs de son pays. Tout ceci est intense, d’autant qu’à 16 ans je n’étais qu’un gamin! Finir 4e était forcément un peu décevant – au pied du podium –, mais avec du recul je me rends compte que je m’en suis plutôt bien sorti. (Rires)
L’O : Vous avez multiplié les exploits et les apparitions médiatiques depuis – double médaillé d’argent au 100 m et 200 m nage libre aux Championnats du monde en 2017 à Mexico, médaillé de bronze au 200 m nage libre aux Championnats du monde de Londres 2019, le Half Ironman aux Sables d’Olonne en 2020, la traversée du lac Titicaca à la nage en 2021, les 57 km du marathon aquatique entre Santa Fe et Coronda en Argentine en 2022, le défi Madiba en Afrique du Sud, 27 km de nage autour de Robben Island et 100 km à vélo autour de la ville de Cape Town avec l’animateur télé Ismaël Khelifa en avril dernier... Sans parler de l’inauguration de votre statue au musée Grévin. Vous considérez-vous comme un porte-parole du handicap ?
TC : J’ai envie de faire passer un message, que les gens s’ouvrent davantage à la différence, que le handicap cesse d’être un sujet tabou dans le sport, dans les médias, dans la vie. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis un porte-parole, déjà car ça me met la pression! (Rires) Nous sommes tous des porte-parole des causes qui nous touchent. Les journalistes, grâce auxquels je peux faire des apparitions médiatiques, en sont. Ou ma statue de cire au musée Grévin car, sous ses airs divertissants, c’est un message fort auprès du public.
L’O : Quelle est la place de la mode dans votre discipline ?
TC : Plutôt limitée car on est assez peu vêtu! (Rires) Toutefois, j’essaie de transmettre mon goût pour la mode dans des détails : j’accorde mes lunettes à la couleur de mon maillot de bain, et je nage avec des plaquettes au niveau des bras que je m’amuse à choisir de couleur flashy, comme du rose, du vert...
L’O : Et dans votre vie?
TC : J’adore suivre les tendances, regarder les défilés à la fashion week. J’ai la chance de collaborer avec Lacoste depuis 2017, et d’avoir pu assister à deux de leurs shows. Au quotidien, je porte le Crocodile qui me faisait tant rêver dans ma jeunesse. C’est une vraie fierté ! Une autre chose que je remarque : plus je vieillis, plus j’ai envie de m’amuser, de prendre des risques en matière de mode. Le matin, je me lève tôt pour trouver les bonnes pièces.
L’O : Vous êtes proche de Lacoste, à tel point que vous avez lancé une collection avec la marque. Pouvez-vous nous dire quelles valeurs communes vous partagez ?
TC : C’est un sponsor avec qui j’ai progressé, et nous avons fait évoluer notre collaboration. Notre capsule a été pensée pour faciliter l’habillage des handicapés, mais elle peut aussi être portée par des personnes valides. Nous avons pris le parti de l’innovation avec une gamme accessible pour les personnes en situation de handicap, dont le design reste tendance et désirable. C’est en ça que nous avons des valeurs communes : celles d’avancer, de repousser les limites, de jouer avec la mode, d’écrire des histoires, d’être déterminé...
L’O : On vous connaît athlète, mais aussi comédien, mannequin, conférencier et animateur télé. Quels sont vos projets à venir, qu’ils soient ou non liés à votre discipline sportive ?
TC : Continuer à progresser dans les différents domaines dans lesquels j’évolue. J’espère continuer à relever quelques défis sportifs pour mettre en avant des causes qui me sont chères – comme en Afrique du Sud dernièrement. Et en parallèle, évoluer dans l’univers des médias, comme avec l’émission que j’anime sur France 4, T’es au TOP.
Crédits :
COIFFURE ET MAQUILLAGE Alexandre Gloaguen @ B-AGENCY
PRODUCTEUR Joshua Glasgow
ASSISTANT PHOTO Yi-Chen Lee
ASSISTANTE STYLISME Filomena Perron