La Maison Gainsbourg célèbre les 97 ans de l’artiste avec un cycle de projections inédit

À l’orée du printemps 2025, une rumeur feutrée court les pavés de la rue de Verneuil. La Maison Gainsbourg, lieu de mémoire et de création, s’apprête à faire résonner une nouvelle facette de l’œuvre tentaculaire de Serge Gainsbourg. Pour célébrer le 97ᵉ anniversaire de la naissance de l’artiste, elle dévoile une programmation inédite : un cycle de projections cinématographiques, dans le cadre intime du Gainsbarre, son épicentre vivant.

Car si le public connaît l’homme à la tête de chou pour ses fulgurances musicales, ses mots ciselés, ses provocations, son rapport au cinéma demeure, lui, plus discret. Plus confidentiel. Pourtant, Serge Gainsbourg fut acteur, réalisateur, et compositeur prolifique pour le septième art : plus de trente films à son actif comme comédien, une dizaine pour la télévision, quatre longs-métrages réalisés de sa main, et plus de quarante bandes originales.

Avec le soutien de Saint Laurent par Anthony Vaccarello, la Maison Gainsbourg ouvre un premier cycle de projections, en partenariat avec l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et le Centre national de la musique (CNM). Deux œuvres ont été choisies pour initier cette exploration : Anna de Pierre Koralnik et À bout portant de Roger Sciandra.

Anna (1967) est une comédie musicale audacieuse, premier film en couleurs conçu pour la télévision française. Entre Nouvelle Vague et culture pop, Anna Karina, Jean-Claude Brialy et Serge Gainsbourg y évoluent dans un Paris de songes et de chansons. Gainsbourg signe ici non seulement la musique, mais insuffle son esprit à chaque plan, entre insolence poétique et romantisme absurde.

À bout portant (1973), quant à lui, nous ramène chez lui, au 5 bis rue de Verneuil, un jour de printemps. Roger Sciandra y capture un Gainsbourg en clair-obscur, entre confidences et silences, entre l’homme public et l’âme privée. Un documentaire rare, une immersion précieuse.

Chaque projection sera précédée d’une rencontre : Pierre Koralnik, Sébastien Merlet, Stéphane Lerouge, Pauline Baduel et Gautier Roos se succèderont pour éclairer l’œuvre, la replacer dans son époque et sa singularité. Le rendez-vous est donné les lundis 14, 21 et 28 avril 2025.

Dans l’ambiance tamisée du Gainsbarre, les spectateurs vivront une expérience complète : visite du musée, projection, échanges et verre à la main — vin, cocktail ou soft — dans un lieu où plane encore le parfum des nuits de cabaret. Car le Gainsbarre n’est pas un simple bar ; c’est un hommage vivant aux débuts de Serge Gainsbourg, pianiste de nuit dans les clubs parisiens, avant qu’il ne devienne l’icône que l’on célèbre aujourd’hui.

La Maison Gainsbourg, avec sa capacité d’accueil de 120 000 visiteurs par an, déploie une programmation riche, à la fois sur place, en ligne et hors les murs. En 2025, elle participera à la Nuit européenne des musées, aux Journées européennes du patrimoine, et proposera des nocturnes exclusives pour les détenteurs du pass Culture. Elle accueillera aussi des concerts en collaboration avec les élèves du Conservatoire Erik Satie et de l’École Normale de Musique de Paris - Alfred Cortot, chère à l’artiste.

Des ateliers pédagogiques ouvriront ses portes aux jeunes esprits, et d’autres cycles de projections viendront compléter celui du mois d’avril. En parallèle, des places exceptionnelles seront disponibles pour découvrir le parcours "Maison & Musée" en avril.

Ainsi, la Maison Gainsbourg ne se contente pas de préserver la mémoire. Elle la fait vivre, vibrer, chanter — et désormais, aussi, filmer. Une invitation à redécouvrir Serge Gainsbourg dans ses nuances les plus cinématographiques, là où l’écran devient miroir d’un homme et de son génie polymorphe.