Pourquoi il faut absolument (re)découvrir la série La Fabuleuse Mme Maisel
Fantastique, cette série irrésistible de drôlerie et d'intelligence mérite, à l’occasion de sa quatrième saison, d’être en pleine lumière.
Mère au foyer sans histoire, Miriam « Midge » Maise (Rachel Brosnahan), mène une vie paisible et confortable, dans un immense appartement, au-dessus de celui de ses parents, avec ses deux enfants et un mari homme d’affaires, Joel. Une existence idéale, en somme. Las de son métier, Joel s’imagine star du stand-up et s’essaie, sans grand succès, à une carrière de comique. Un soir où il est particulièrement navrant, il avoue à sa femme à l’issue de son spectacle entretenir une liaison. Comme il arrive (parfois) lorsqu’une telle déconvenue se présente, Miriam se saoule considérablement, et atterrit sur la scène du même club…Ivre, elle se lance dans un monologue acide et cruel qui remporte un franc succès, tel qu’elle s’imagine emprunter cette voie, trouvant dans l’humour un exutoire salvateur…Quitte à voir sa vie tanguer, eh bien, autant en rire et se défaire de toutes les conventions, familiales et sociales. Encouragée par Susie, sa manageuse improvisée, ses performances, au ton cru et affranchi, l’emmènent bien loin du cocon familial (les personnages de ses parents sont admirablement écrits et interprétés, tout en finesse et empathie). Sa décision aura un impact immédiat sur son environnement, selon l’irréfutable équation comique posée par le réalisateur Billy Wilder : rien de mieux (d'un point de vue narratif, précisons, l'abus d'alcool est dangereux, etc.) que l'ivresse pour se libérer des chaînes posées par les normes pour faire tomber les dominos burlesques, spirituels, métaphysiques même, entraînant dans leur chute tous les protagonistes, qui vont à leur tour être métamorphosé-e-s par la transformation de Midge. Dans ce même esprit évoquant l'œuvre de cet immense cinéaste, il est ici question de transformer les drames intimes en matière comique, faire des épreuves de l'essence à jeter sur le feu de l'humour, bouée de survie, pour faire mieux que surnager : retrouver un rivage hospitalier pour y construire un nouvel abri. Les séries semblant nous parvenir à un rythme asphyxiant que rien ne semble ralentir, pas même les pandémies, il est devenu impossible de toutes les suivre - faire des choix, c’est renoncer. Hélas, ainsi, c’est seulement à l’occasion de la diffusion de cette quatrième saison que l’on découvrit bien tardivement La Fabuleuse Mme Maisel (quoique cela présenta l’avantage d’offrir trois saisons à dévorer d’emblée). Et comment dire ? Un genre de coup de foudre nous a frappé, dès les premiers plans, ravi même, au sens premier, kidnappé par cet univers unique, soigneusement composé, magnifiquement écrit, interprété par un casting sensationnel. Drôle et grave, amère mais sans cynisme, mélancolique mais généreuse, cette série, entre réjouissant portrait sensible de femme s’épanouissant enfin selon ses propres règles et fresque familiale délicate, est un chef d’œuvre. Oui, un chef d’œuvre à l’éclat rare, déjà inoubliable.
Créée par Amy Sherman-Palladino. Avec Rachel Brosnahan, Tony Shalhoub, Alex Borstein, Marin Hinkle et Michael Zegen. Disponible sur Prime Video.
