Pourquoi le documentaire Elizabeth, Regard(s) Singulier(s) est une réussite.
Ni hagiographique, ni polémique, ce film saisit parfaitement une personnalité unique de notre siècle, avec, précisément, singularité.
On attendait peu, voire rien, de ce que pouvait bien proposer Roger Michell, à l’œuvre sympathique (Coup de foudre à Notting Hill, entre autres) mais pas inoubliable, en découvrant qu’il consacrerait à Elizabeth II un documentaire, à l’occasion de son jubilé de platine. La dimension romanesque de son règne - désormais long de 70 ans -, les intrigues byzantines qui l’ont animé, les personnages navrants ou touchants qui l’ont traversé, ont déjà été splendidement capté-e-s par The Crown. Que faire, donc, qui ne relèverait pas du pénible devoir scolaire ? Eh bien, en prenant le contrepied de ce que l’on redoutait : sans respect de la chronologie, sans voix off, avec peu d’interventions extérieures, en se saisissant de la masse d’images ayant saisi sept décennies, pour y sculpter une œuvre captivante d’à peine 90 minutes…Découpé en chapitres thématiques, voire métaphoriques, le film propose une multiplicité de points de vue pour tenter d’éclairer une personnalité dont l’on ne connaît rien d’autre que, littéralement, des clichés. Avec malice, un rien d’ironie aussi, mais surtout avec un sens du montage assez sidérant, il n’aspire pas à décrypter un système monarchique éventuellement problématique, du moins (très) malsain, si l’on en juge les récentes péripéties qui l’ont ébranlé, mais à en offrir une lecture jouant sur des associations d’idées en un carambolage d’images entre inventaire à la Prévert et fantaisie à la Perec. C’est d’autant plus saisissant qu’inattendu. A l'image de son émouvante conclusion...
Un film de Roger Michell. Diffusions lors de deux séances uniques les 2 juin à 20h et le 5 juin à 16h. Réservation des billets https://www.elizabeth.film/
