Quelle place tient le cœur dans l’art ?
Sophie Calle, Annette Messager, Jean-Michel Othoniel, Pierre et Gilles, Agatha Ruiz de la Prada, Niki de Saint Phalle, Françoise Pétrovitch, Ida Tursic et Wilfried Mille... C’est le gratin de la création contemporaine qui est ici convié à spéculer autour de l’organe central de notre appareil circulatoire : le cœur. L’objectif des commissaires de l’évènement, en l’occurence Maribel Nadal Jové et Gaëlle Rio, directrices du musée de la Vie romantique? Représenter la multiplicité des usages du cœur – outre son utilité physiologique, il peut aussi bien être métaphore qu’outil d’expression.
Au sein des ateliers du peintre Ary Scheffer, nichés au cœur du 9e arrondissement, une quarantaine d’œuvres se partagent entre plusieurs thématiques où se croisent dessin, peinture, sculpture, céramique, photographie... L’exposition s’inaugure sur la salle Cœur ouvert, où l’anatomie laisse place à la poésie, comme on peut le voir dans le travail d’Oda Jaune et Luise Unger.
En parcourant les volets Cœur artistique et Cœur symbole, on découvre les approches créatives qu’ils suscitent – n’est-ce pas ce que l’on dessine dès le plus jeune âge? On admire sa version en perles de Jean- Michel Othoniel, ou peinte sur bois par Niki de Saint-Phalle (ci-dessus, My Heart, 1965). Cœur amoureux revient ensuite sur la principale fonction de notre organe vital : nous faire vibrer pour une autre personne. Chez Philippe Mayaux, il devient érotico-ludique, chez Pierre et Gilles, c’est son potentiel kitsch qui est mis en scène. Mais les histoires d’amour, on le sait, nissent mal en général. Ainsi, l’espace Cœur brisé traduit la souffrance que l’on ressent lorsqu’on est trahi par l’Autre. Sophie Calle en connaît un rayon, on l’a déjà constaté dans ses œuvres Douleur exquise ou Prenez-soin de vous. Ici, l’amour peut être mortel. Chez Marc Molk, le cœur est transpercé, chez Annette Messager, il a subi un naufrage, et Winshluss, lui, en reproduit les sutures...
La calligraphie est également présente via des installations ou sur pierres personnalisées par des inconnus photographiées par Claude Nori, dans la salle Cœur gravé. Enfin, on est impressionné par le crâne imaginé par Gilles Barbier pour le dernier chapitre Cœur éternel. Pour les grands sentimentaux, l’exposition se poursuit par petites touches dans les collections permanentes du musée de la Vie romantique, qui a rarement aussi bien porté son nom...
Exposition “Cœurs, du romantisme dans l’art contemporain”, du 14 février au 12 juillet au musée de la Vie romantique.