Pop Culture

Rencontre avec Guillaume Gallienne, à l’affiche de la mini-série The Regime

Aussi intrigante qu’acide, la mini-série met en scène la fin de règne d’un régime totalitaire, baroque, inquiétant. Aux côtés des extraordinaires Kate Winslet et Matthias Schoenaerts, l’acteur, sociétaire de la Comédie-Française, y excelle (comme à son habitude), tout en nuances troubles, délicatement dessinées.

Guillaume Gallienne. Crédit : HBO
Guillaume Gallienne. Crédit : HBO

Avez-vous mis du temps à trouver la voix de votre personnage, le mari de la chancelière tyrannique incarnée par Kate Winslet ?

Pas du tout. Il était curieusement plus évident à mes yeux qu’à ceux du reste de l’équipe. On ne peut pas le sous-estimer, il est le seul à ne pas avoir peur d’elle et n’est pas totalement innocent non plus. Il a vécu une passion authentique pour elle. Je crois qu’il aime bien être dominé par elle, il a un côté maso, sans craindre de lui dire la vérité. Une de ses forces tient aussi à son inertie, sa capacité à ne rien faire. Lors d’un entretien avec un journaliste anglo-saxon, l’on m’a demandé quel conseil je donnerais à mon personnage. J’ai répondu «Don’t relax too much. » On a commencé à tourner à Vienne les scènes de palais. Ce qui était intéressant, c’était de jouer la routine, la décontraction chic, nonchalante, de s’occuper de la cuisson des œufs dans une salle à manger de 500 mètres carrés, tout en dorures. On jouait beaucoup sur ce décalage-là, qui mettait en lumière l’absurdité des situations, la folie de ces gens.

Il y a deux réalisateurs sur la série, Jessica Hobbs et Stephen Frears, comment avez-vous travaillé avec eux ?

Ils avaient des approches très différentes, et pourtant, c’était très cohérent. Nos propositions étaient immédiatement intégrées, en termes de jeu. On a vécu pendant cinq mois avec nos personnages, on les connaissait par cœur, jusqu’à la moindre réaction. On intervenait peu sur les textes, ils étaient tellement bien écrits. Eventuellement, on soustrayait un mot, parce que la force de la caméra permet de faire passer un message par le regard.

Qu’est-ce qui vous attiré dans ce projet ?

Il y avait quelque chose de l’ordre du jamais vu. J’ai lu les deux premiers épisodes, puis j’ai rencontré Stephen Frears par Zoom, et j’ai lu la suite. Ma mâchoire se décrochait, et j’éclatais de rire. J’aimais beaucoup son humour noir. J’adore le cinéma de Frears, de films comme Prick Up Your Ears ou My Beautiful Laundrette, qui est très important pour moi, ou Les Liaisons Dangereuses. La diversité de son œuvre est dingue. Il a le calme des maîtres sur le plateau.

Quand on a joué tellement de rôles, est-ce que certains reviennent à la surface ?

Je vois ce que vous voulez dire, cela peut m’arriver, mais ici, non probablement parce que je joue en anglais, et c’est tout de même une situation assez rare pour moi…

Qu’est-ce qui a nourri votre travail en amont du tournage ?

J’ai travaillé avec Marina Hands (merveilleuse actrice, également sociétaire de La Comédie Française), qui est parfaitement bilingue, avec une présence très forte. Ce qui est génial avec elle, c’est qu’elle travaille de manière très circulaire, elle peut tout envisager.  Je n’ai pas tellement lu de textes pour me préparer. J’ai regardé le travail de Will Tracy (le créateur de la série), terminé Succession.

Il y a beaucoup de personnages autour de vous, est-ce que trouver le bon tempo, l’harmonie, a été délicat ?

C’est la grande qualité des Anglais : cela se fait immédiatement. Tout est de l’ordre du « good morning love, how are you ? » Leur politesse, leur humour, rendent tout plus facile. On est toujours le trésor ou le chéri de quelqu’un. On était tous fans de Kate, elle normalisait tout, elle parlait à tout le monde, même à l’acteur qui avait cinq minutes avec elle. Il n’y avait jamais le côté « la star arrive ».

Qu’est-ce que vous allez garder de ce projet ?

Le bonheur de travailler avec des anglo-saxons, de jouer en anglais, c’est tellement agréable, je me sentais très libre. Je n’ai pas d’étiquette dans cette langue, de passé. Je me sentais comme un nouvel acteur, mais un nouvel acteur avec 30 ans d’expérience…

Votre meilleur souvenir du tournage ?

Nos fous rires avec Kate.

Une mini-série créée par Will Tracy. Réalisée par Stephen Frears et Jessica Hobbs. Avec Kate Winslet, Matthias Schoenaerts, Guillaume Gallienne, Andrea Riseborough, Martha Plimpton et Hugh Grant.  A partir du 4 mars sur le Pass Warner disponible via Prime Vidéo Channels. 

Tout le programme de la saison 23-24 de la Comédie Française est en ligne https://www.comedie-francaise.fr/

1 / 2
Kate Winslet et Guillaume Gallienne. Crédit : HBO
Kate Winslet et Matthias Schoenaerts. Crédit : HBO
Video Player is loading.
Current Time 0:00
Duration 0:00
Loaded: 0%
Stream Type LIVE
Remaining Time 0:00
 
1x
Advertisement

Tags

Recommandé pour vous