Pop Culture

Dans le monde mystérieux de Vera Sola, princesse folk

Avec ses robes de prêtresse et sa voix divinement voilée, cette Américaine chante ses folk songs hantées. Avant son premier concert solo en août dernier, elle a fait ses débuts aux côtés de son ami musicien Elvis Perkins. Elle nous ouvre les portes de son monde mystérieux.
hat clothing apparel guitar leisure activities musical instrument person human electric guitar

D’où vient votre pseudonyme ?

Je ne me suis jamais sentie connectée à mon vrai nom, Danielle Aykroyd. C’est le nom de famille de mon père (ses parents sont les acteurs Donna Dixon et Dan Aykroyd, l’inoubliable Elwood Blues des Blues Brothers et le tout aussi marquant docteur Stantz de SOS Fantômes, ndlr) et, ­bizarrement, il ne me va pas vraiment. Et aucun de mes proches ne m’appelle Danielle. En même temps, je suis fière de mon héritage, et changer de nom serait une forme de mensonge. C’est là qu’arrive Vera, comme une blague avec moi-même. En latin, ça signifie “vrai” ou “vérité”. J’ai vu sur les réseaux sociaux que d’autres artistes avaient déjà ce pseudo. Donc j’ai inventé Sola en guise de nom de famille, une autre plaisanterie latine, qui donne “la seule Vera”, ou “Vera la solitaire”. Mêlé à l’humour, il y a un côté plus sérieux : pour la première fois, j’exprime ce que j’ai de plus sincère en moi.

À quand remonte votre passion pour la musique ?

Je joue du piano depuis toujours. J’avais eu plus de mal avec la guitare, mais je m’y suis remise quand j’étais étudiante (à Harvard, en littérature anglaise, ndlr). J’ai aussi essayé d’autres instruments à cordes, comme le banjo et le ukulélé. C’est seulement quand j’ai commencé à collaborer avec Elvis (le fils d’Anthony Perkins et de Berry Berenson, ndlr) que j’ai mesuré l’étendue des possibilités. En travaillant sur mon propre album, je me suis dit que je pouvais tout jouer, et peu importe si je n’ai pas une technique géniale à la batterie : je peux mettre les pulsations de mon sang dans les percussions. La musique est l’expression la plus pure de mon corps, de mon esprit et de mon âme.

Cela a été facile de vous lancer ?

M’assumer en tant que musicienne a été un processus incroyablement long, même si mes parents m’encourageaient. D’abord, il y a eu les amis de ma petite sœur qui écoutaient à ma porte et m’ont fait sortir de ma chambre. Ensuite, c’est Elvis qui m’a convaincue que je saurais jouer sa musique compliquée sur plein d’instruments, y compris certains dont je n’avais jamais joué ! J’ai aussi eu une expérience spirituelle bouleversante qui a stoppé le blocage que je ressentais avant, quand je devais chanter devant d’autres personnes. Enfin, j’ai fini par prendre de l’assurance pour interpréter mes propres compositions.

scan 01.tif

Comment décririez-vous votre relation avec Elvis Perkins ?

C’est mon ami le plus drôle, mon confident le plus proche et mon plus grand supporter. Imaginez le plaisir de voyager à travers le monde avec votre meilleur ami, et de partager sa musique ­magnifique. Jouer et partir en tournée avec Elvis, c’est un rêve. C’est ce qui m’a permis de faire tout ce que je fais aujourd’hui. Je lui dois tout, et même plus que ça.

Qu’avez-vous ressenti en préparant votre premier album, Shades ?

Je l’ai enregistré après avoir eu cette étrange expérience spirituelle qui m’a donné confiance en moi. J’avais prévu de m’entourer d’amis musiciens, mais en arrivant à Saint Louis, au studio Native Sound, j’ai su qu’il fallait que je fasse ça toute seule. Le résultat rend compte d’une radicale découverte de soi. C’était libérateur, amusant et fou. Sur mon prochain album, ­j’inviterai sûrement d’autres musiciens, et ça m’intéresserait de travailler avec un producteur sur la même longueur d’ondes que moi, mais pour mon premier projet en solo je me suis dit qu’il fallait aller jusqu’au bout de ma démarche en solitaire. 

Est-ce que d’autres formes d’art que la musique vous inspirent ?

Absolument. Certaines de mes chansons parlent de films, d’autres de tableaux. Mais je suis aussi une lectrice obsessionnelle. J’ai fait des études de littérature, et la plupart de mes chansons commencent par des poèmes que j’écris, auxquels j’ajoute de la musique. Je suis très influencée par les grands écrivains du début de la période moderniste, comme James Joyce et William Faulkner. Maintenant que j’y pense, mon album est une sorte de recueil moderniste d’histoires de femmes et de ce qui les hante. Presque chaque chanson est le point de vue d’un narrateur différent, un “je” différent qui se débat avec le temps et les souvenirs. 

Gardez-vous toujours vos activités parallèles d’actrice en voix off et de paléontologue ?

Je travaille toujours en tant que voix off pour des publicités et des projets narratifs. J’ai aussi fait de la radio pendant longtemps. Plus jeune, j’ai fait du bénévolat au museum d’Histoire naturelle de New York, et ma tutrice m’a emmenée faire des fouilles. Depuis, j’ai gardé une relation forte avec la communauté de paléontologie. J’ai des hobbies assez peu conventionnels et les dinosaures ne sont même pas les plus bizarres !

 

 

scan 02.tif

EP Vera Sola sings Last Caress (reprises des Misfits), disponible.

Premier album, Shades, à venir au printemps 2018.

veranym.com

Recommandé pour vous