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Où auriez-vous aimé être durant la “nuit des barricades”, du 10 au 11 mai 1968 ?
Mai 68 a fondé l’entre-soi huileux d’aujourd’hui qui, de Paris 6e à Courchevel, parle la bouche grasse des migrants ou de “Balance ton porc”, loin des pauvres qui n’existent plus que comme argument de discours qu’on a toujours dans sa poche, à côté de l’Amex. Mai 68, c’est l’enterrement de la honte : soyons obscènes, qui nous arrêtera ?
Avez-vous vécu une révolution ?
Je me contente de vivre la mienne. J’érige de nouvelles lois, j’annule l’ordre ancien, je lutte contre mes forces réactionnaires, l’ennemi intérieur et ceux qui sont à mes frontières, j’élargis ma souveraineté. Comme dans toute révolution, l’accident fait partie du jeu. On ne devient pas libre sans dommages. Écrire, c’est ça. C’est fonder quelque chose qui s’oppose au chaos du monde
Quel slogan révolutionnaire vous parle ?
“Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien.” C’est une phrase de Céline et c’est un programme qui me va. Pour la vie comme pour la littérature. Il faut une force de fou pour sortir du brouhaha des jours.
Je suis née à deux. Ma sœur Clémence et moi avons ouvert les yeux le 2 octobre 1991. Nous avons grandi entourées de nos trois grandes sœurs, adolescentes fantasques, de notre père un peu taciturne et de notre mère déjà malade. La maladie de ma mère – la sclérose en plaques – l’a emportée, elle et mon enfance, l’été de mes 13 ans. Malgré les larmes et l’inquiétude, je ne retiens de tout ça que les rires de mes sœurs, la curiosité que m’a transmise mon père, les yeux rieurs de ma mère et l’odeur des glaïeuls dans l’entrée de notre première maison, à Calais.
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Ermenegildo Zegna XXX
Dans une ancienne usine sidérurgique d’une friche de banlieue milanaise, en cours de réhabilitation
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La Khakassie
