Pourquoi le trench-coat ne fait pas ses 100 ans
Comment éviter à un "donjon" des vestiaires l’écueil du bourgeois et du mémérisant ? En la matière, la mode a deux écoles. Primo : la rengaine du mix and match, qui consiste peu ou prou à twister son "manteau des tranchées" avec une paire de sneakers bioniques (équation antibourgeoise devenue plus bcbg qu’un imper avec des mocassins, soit dit en passant). Secundo : l’option surréaliste, pour offrir une nouvelle réalité à ce que la mode ressasse depuis… cent ans. Hostile à toute solution de facilité, voilà donc ce à quoi s’est attelé John Galliano chez Maison Margiela, ne gardant du trench-coat que le buste ou l’armature… pour reconstruire un bustier ou un manteau "courant d’air" réchauffé par l’ajout de mosaïques glitter. Une collaboration avec le ponte écossais de l’imper, Mackintosh, se dessine en filigrane, riche d’une réécriture du fameux lab coat de Martin Margiela lui-même. Dans la même veine dadaïste, chez Balenciaga, Demna Gvasalia esquisse un pardessus trompe l’œil, entre la toile beige doublée de prince-de-galles et la veste denim, pour bourgeoises prêtes à s’encanailler à Berlin (ou ailleurs). L’ambivalence se targue de minimalisme chez Alexander Wang, qui double ses minijupes en cuir d’empiècements de gabardine : beige historique, boutons en écaille et poches plaquées à l’appui. Enfin, on ne ménage pas l’imper en Grande-Bretagne, où l’un des fleurons de la mode locale est revu et corrigé à la manière impressionniste par Simone Rocha. Vaporeuse, palpable seulement à l’ourlet, ladite création laisse entrevoir les contours d’une robe de nuit en dentelle anglaise. Et si, du trench-coat, la mode n’aimait finalement que le souvenir ?
Découvrez cet article dans le numéro de mars du magazine Jalouse.