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Rencontre avec le boss de Ron Dorff, la marque la plus sexy du sportswear.

Claus Lindorff, le fondateur et DG de Ron Dorff, nous reçoit pour revenir sur ses débuts et une démarche singulière. 

Copyright : Luc Braquet.
Copyright : Luc Braquet.

Quel est votre parcours ?

J’ai grandi en Suède, j’ai fait mes études à Stockholm, Paris et New-York. J’ai travaillé pour une banque d’investissement à Londres, mais ce n’était pas ma tasse de thé, j’ai ensuite travaillé chez Sotheby’s, dans le département des arts contemporains.  Je vis à Paris depuis 1995, je travaillais chez BETC Luxe, j’ai lancé Ron Dorff en même temps il y a une dizaine d’années, mais je me suis concentré vraiment sur la marque en 2015. 

Quelle était la vision à l’origine de Ron Dorff ?

Avec Jérôme Touron (qui a quitté depuis la marque, ndlr) , nous avons fait le constat qu’à l’époque, il était impossible de trouver des vêtements de sport bien coupés, avec des tissus de qualité, sans couleurs vives ou des logos partout. Il y avait peu de propositions intéressantes en Europe en matière de sportswear. Quand on regarde ce que portaient les sportifs des années 70, du début des années 80, leurs vêtements sont super bien coupés, ajustés, aujourd’hui tout est un peu flottant, baggy. On a développé cinq produits : un t-shirt, un sweat-shirt, un short de sport, un short swimwear, un maillot de bain.On a lancé un site, puis pris une minuscule boutique rue Charlot, qui existe toujours. On a vu qu’il y avait un intérêt en Angleterre ou aux Etats-Unis. On a pris des investisseurs, des bureaux ici.  70% de nos ventes sont faites en ligne, dont 35% aux Etats-Unis.

Il y a un défi technique propre à faire des vêtements destinés aux activités sportives ?

On a mené une grande étude qualitative à New-York, Londres et Paris, sur nos clients actuels, les clients qui n’ont pas acheté depuis longtemps et sur un public qui n’a encore rien acheté chez nous. La conclusion ? Les gens achètent du Ron Dorff mais ne le portent pas pour faire du sport ! On a donc arrêté de se focaliser sur le sportswear. Notre politique qui a consisté à upgrader le sportswear, en mêlant par exemple de la soie avec le coton, avec du cachemire, a trouvé son public pendant la pandémie et la réinvention des réunions professionnelles. Mais je déteste le terme athleisure ! Ceci dit, nous n’avions jamais revendiqué la technicité, ou la performance, nous voulions faire des produits de qualité, qui tiennent dans le temps, que l’on peut porter souvent, avec le souci de la sustainability dès les premiers jours donc…

D’où viennent vos textiles ?

Quasiment tout vient du Portugal, la laine recyclée d'Italie, les produits de body care viennent de Suède, les accessoires, de France et le cachemire vient de Chine. On a essayé de le faire venir d’Italie, mais il est expédié depuis la Chine, puis revendu avec un zéro en plus…Pour revenir sur ce concept de sustainability, je sais que les marques scandinaves sont très fortes en marketing, mais le côté « mes maillots de bain sont faits avec des billes de plastique retrouvées sur la côté islandaise », bon…Il coûte combien le bateau pour les retrouver ? Je crois qu’au-delà du gimmick, qui en Suède, par exemple, commence un peu à être remis en question, il faut vraiment réfléchir à cette question : comment fabrique-t-on ? Comment transporte-t-on ? Est-ce que ça va durer ? Nous proposons du coton organique - qui par ailleurs demande beaucoup mais alors beaucoup d’eau pour être cultivé - et du coton « normal », c’est aux clients de choisir. 

Combien de pièces produisez-vous par an ? 

Environ 200. En plus des 60 % d’essentiels qui reviennent tous les ans, et qui ne changent pas, pour les clients fidèles qui aiment un produit qui a été fait d’une certaine façon et qui ne veulent pas le retrouver coupé différemment l’année suivante. On travaille avec les saisons, mais en prenant en compte que certains pays, comme les Etats-Unis et l’Angleterre commencent à solder avant Noël, il faut donc que les pièces du printemps arrivent déjà en boutique. 

Combien de boutiques avez-vous ?

Une à Berlin, deux à Paris plus deux corners, au BHV et aux Galeries Lafayettes Hommes, deux boutiques à Londres, une à New-York. On cherche aussi à Los Angeles et Miami. 

Vous avez récemment signé une collaboration avec Rivieras, c’est assez rare pour vous. Quelle est votre stratégie à cet égard ?

On ne fait jamais de collab’, juste pour le principe d’en faire. En général, c’est un cauchemar logistique, et le résultat ne ressemble jamais à l’idée de départ. On en a fait donc une avec Rivieras, pour le parfum avec Scent Beauty, avec Lorenzo Martone et sa ligne de vélos, Martone Cycling. A la rentrée, il y aura une collab assez imposante, avec une grande star américaine, qui l’a dessinée avec moi, dont les bénéfices seront reversés à une association caritative de son choix. Il faut que cette démarche, très complexe et chronophage, ait un sens, soit cohérente pour les deux univers. 

Quels sont vos best-sellers ?

En catégorie, les sous-vêtements, les maillots de bain l’été, et les cachemires en hiver. En produits, les shorts de tennis à la Björn Borg, les shorts de sport, et les home shorts, pour traîner à la maison.

Quelle est votre plus grande fierté ?

D’être resté dans la lignée de ce que je m’étais fixé en termes d'objectifs de croissance et de développement, alors même que je n’avais pas produit un bout de tissu…

La devise « Discipline is Not a Dirty Word » a marqué les esprits.

Elle marche toujours, surtout chez les Américains ! Et c’est le seul moment où la signature Ron Dorff apparaît…C’est la philosophie de la marque, un peu provoc et humoristique aussi. 

https://www.rondorff.com

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