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Comment vivre perché sans (trop) bouger

Elle fait partie des (rares) galeries historiques qui, au fil des décennies, ont continué à développer un regard, une expertise, épousant, sans jamais se dédire, les nouvelles mouvances esthétiques. Fondée en 1925, la galerie Jeanne Bucher Jaeger, c’est aujourd’hui trois lieux : deux à Paris, un à Lisbonne. Dans le cadre de son espace de Saint-Germain-des-Prés, elle présente un dialogue inédit entre Mark Tobey et Michael Biberstein. Une exposition à ne pas manquer !
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Ils affichent une quasi-double génération d’écart, et pourtant… Mark Tobey (1890-1976) et Michael Biberstein (1948-2013) voisinent en parfaite harmonie sur les cimaises de la galerie Jeanne Bucher Jaeger, sise dans une charmante courette de la rue de Seine. Les murs de ce lieu patrimonial portent l’empreinte de celle qui favorisa la révélation de Nicolas de Staël (présenté pour la première fois dans la galerie Jeanne Bucher bd du Montparnasse), déjoua la censure durant l’Occupation, permit à des musées tels que le Moma et le Guggenheim de New York d’accroître leurs collections en leur cédant des chefs-d’œuvre. Après une reprise de flambeau par Jean-François Jaeger (1947), petit-neveu de la fondatrice, ce dernier passe le relais à ses propres enfants : Véronique Jaeger, directrice générale de la galerie Jeanne Bucher Jaeger depuis 2003, et Emmanuel Jaeger, co-directeur. Très sensibles au geste pictural des deux artistes, ils ont longuement mûri cette conversation esthétique qui, aujourd’hui, fait apparaître des lignes de confluences entre les deux artistes, tous deux attachés au “signe”. Hauteur de vue d’un paysage changeant, offert en partage de méditation. Cortège de traces, quelques traits posés sur le papier ou la toile. Annonciateurs des œuvres essentielles de Cy Twombly. Presque rien. Et pourtant un tel condensé de sens et de vie, traits semblables au geste de l’enfant, de l’analphabète aussi, dans toute la puissance de son langage universel. Franchir la porte de la Galerie Jeanne Bucher Jaeger pour partager, ne seraient-ce que quelques parcelles de ce voyage mental.

 

 

“Tobey – Biberstein, Ecritures contemplatives” 
jusqu'au 15 mars, Galerie Jeanne Bucher Jaeger,
Espace Saint-Germain, 53, rue de Seine, 75006 Paris,
T. 01 42 72 60 42, du mardi au samedi, 10h-18h
https://jeannebucherjaeger.com/fr/

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Mark Tobey, “White space”, 1955, tempera sur papier, 20,5 x 31,5 cm. Photo : Jean-Louis Losi. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Mark Tobey, “Space Rose”, 1959, tempera sur papier, 40 x 30 cm. Photo : Jean-Louis Losi. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Mark Tobey, “Sumi”, 1957, encre de Chine sur papier, 40 x 28 cm. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Mark Tobey, “Sans titre”, 1965, monotype, 102 x 52 cm. Photo : Jean-Louis Losi. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Michael Biberstein, “Dark Glider”, 2004, acrylique sur toile, 270 x 250 cm. Photo : Jean-Louis Losi. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Michael Biberstein, “Sans titre”, 1992, huile sur toile, 190 x 120 cm. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
Michael Biberstein, “Sans titre”, 2009, encre sur papier, 30 x 60 cm. Photo : Georges Poncet. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.

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