L'Officiel Art

Fondation Carmignac, à la source d'une collection

Inaugurée à l'été 2018 sur l'île de Porquerolles, la Fondation Carmignac est conçue autour d'une collection d'art contemporain de 300 œuvres et d'un prix de photojournalisme annuel. La deuxième exposition, “La Source”, rassemble jusqu'au 3 novembre un choix de quelque 70 œuvres, sous le commissariat de Chiara Parisi. Rencontre.
handrail banister person human staircase

 

Sur la naissance du projet.

CHIARA PARISI : Invitation m'a été formulée pour explorer la collection qu’Édouard Carmignac a commencé à concevoir il y a une quarantaine d'années, avec un tropisme particulier pour l’art américain, notamment des œuvres de John Baldessari et d’Ed Ruscha, qui m'intéressent particulièrement. Cette exploration a permis d'identifier les lignes de force et, de façon très intuitive, de constituer une section de l'exposition avec des œuvres de l’abstraction parfois expressionniste (Gerhard Richter, Theaster Gates, Susan Rothenberg…), et une autre axée sur le corps féminin (Egon Schiele, Roy Lichtenstein, Thomas Ruff…). Nous nous sommes concentrés sur la peinture et, à partir des éléments, nous avons commencé à bâtir l’exposition avec des prêts et des nouvelles productions, en posant la question aux artistes : “Quelle est la source ?”. Forts de leurs réponses, nous avons construit un parcours. Avec l’exigence de constituer dans la partie basse du bâtiment, la section plus muséale de la collection, et dans la partie haute un espace dédié à Sarah Lucas.

 

Sur les artistes sollicités pour produire des œuvres dans le cadre de cette exposition.

Fabrice Hyber, Bertrand Lavier, Koo Jeong-A avec une œuvre installée dans le patio, Micol Assaël avec une œuvre présentée sur les marches de l’escalier, et Maurizio Cattelan qui a réalisé un grand autoportrait le représentant avec des œuvres sortant de son cerveau, ce qui illustre parfaitement l’idée de la source.

 

Sur le thème de l’exposition.

Le thème de La Source s’est défini naturellement. Je pense que la Fondation m'a sollicitée également pour mon amour du paysage ; il est vrai que lorsqu'on se trouve ici, à la Fondation, la force du paysage est extrême, et le bâtiment lui-même s'y fond très harmonieusement. Dans l’histoire de l’art, l’un des sujets les plus importants est la source, c’est un thème abondamment exploré. La source dans son acception la plus large. Pour chacun de nous, le mot résonne de façon différente ; dans tous les cas, c’est un cheminement intérieur. Cette pensée, ces fantasmes, cette logique ont traversé l’exposition et guidé les choix d'artistes.

 

Sur la mise en espace des œuvres.

Dans les salles du bas, nous avons éliminé les cloisons ; de ce fait, tout devient plus épuré, permettant des choix d’amour fort. J’ai ainsi découvert en profondeur des artistes que je connaissais mal, tel Günther Uecker, un artiste allemand du Groupe Zero. La Fondation abrite également une belle collection de dessins ; la première œuvre acquise est de Max Ernst... La difficulté d'un accrochage est, bien entendu, de faire dialoguer les œuvres entre elles. Nous avons ainsi fait voisiner Gerhard Richter, Sigmar Polke et Albert Oehlen : il n’y a pas forcément nécessité de savoir qu’Oehlen était l’élève de Polke. Un débat s’instaure, par opposition, voire par friction, pas forcément par alliance. Ainsi, l’œuvre d’Elmgreen & Dragset – un prêt – dialogue sur le mode opposition avec Theaster Gates. Tous les artistes ont été sollicités, y compris les Estates dans le cas, par exemple, des œuvres de Roy Lichtenstein. Nous n'avons pas travaillé en aparté mais en concertation ; c'est une exposition collective, à la différence de Sarah Lucas qui, elle, a vraiment décidé son parcours. Je n’avais jamais travaillé avec elle, cette première a été passionnante.

 

Les artistes de l'exposition :

Francis Alÿs. El Anatsui. Micol Assaël. John Baldessari. Rosa Barba. Miquel Barceló. Valérie Belin. Forrest Bess. Olaf Breuning. Louis Cane. Rosemarie Castoro. Maurizio Cattelan. George Condo. Gino De Dominicis. Elmgreen & Dragset. Max Ernst. Liam Everett. Cyprien Gaillard. Theaster Gates. Rebecca Horn. R.B. Kitaj. Pierre Klossowski. Koo Jeong A. David Horvitz. Fabrice Hyber. Bertrand Lavier. Roy Lichtenstein. Sarah Lucas. Cildo Meireles. Annette Messager. Bruce Nauman. Albert Oehlen. Sigmar Polke. Martial Raysse. Gerhard Richter. Susan Rothenberg. Sterling Ruby. Thomas Ruff. Ed Ruscha. Egon Schiele. Soundwalk Collective. Günther Uecker. De Wain Valentine

Les œuvres permanentes :
Miquel Barceló. Jean Denant. Tom Friedman. Jeppe Hein. Wang Keping. Gonzalo Lebrija. Tony Matelli. Janaina Mello Landini. Bruce Nauman. Nils-Udo. Jaume Plensa. Ugo Rondinone. Ed Ruscha. Tom Sachs. Stéphane Thidet. Vhils.

 

La Source”, jusqu'au 3 novembre, Fondation Carmignac, Porquerolles, France.

1 / 8
Nils-Udo, La couvée, 2019 © Fondation Carmignac – Photo : Nils-Udo.
Jaume Plensa, Les trois Alchimistes, 2018. © Fondation Carmignac – © Adagp, Paris, 2019 - Photo : Florian Zeller.
Fondation Carmignac, Photo Lionel Barbe.
Janaina Mello Landini, Ciclotrama 50 (Wind), 2018. 20 mètres de corde de nylon polyéthylène et polyester de 22 mm de diamètre, environ 4100 clous en laiton, un taquet en marbre et un winch en marbre. 5,5m x 1,40m x 12m. © Fondation Carmignac – Photo : Marc Domage.
Bruce Nauman, One Hundred Fish Fountain, 2005. © Fondation Carmignac – Adagp, Paris, 2019 - Photo Marc Domage.
Vue de l’exposition La Source. Au centre, œuvre de Cyprien Gaillard, Sickle-Billed Rail, 2019.
Sarah Lucas – Vue de l’exposition.
Sarah Lucas – Vue de l’exposition ; à gauche : Enjoy God, 2011 ; A droite : Mary, 2012.

Recommandé pour vous