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La Fondation Prada s’expose à Shanghai

1950-1965 : une demi-génération durant laquelle la création italienne trouve en Rome une tribune de choix pour l’expression annonciatrice de mouvements artistiques essentiels. La Fondation Prada consacre une exposition – conçue par Germano Celant et placée sous son commissariat –, à cette riche période, mise en scène dans le Rong Zhai, un palais centenaire du quartier Jin de Shanghai, restauré à l’automne dernier par la griffe italienne.
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Plus d’une trentaine de peintures et sculptures déroulent le récit d’une époque portée par l’enthousiasme de l’après-guerre et de la paix retrouvée. Tout est à reconstruire. Plus rien ne sera jamais comme avant. L’industrialisation dicte de nouvelles règles économiques et sociales, faisant naître des théories et engagements politiques dans lesquels auteurs, cinéastes et artistes s’impliquent de façon radicale. Rome fut ainsi l’un des lieux phares de cette effervescence intellectuelle où le discours s’interroge sur comment réconcilier vie collective et expérience individuelle, abstraction et militantisme politique, art et science. La ville éternelle accueille alors de nombreux artistes et intellectuels tels Robert Rauschenberg, Cy Twombly. En 1951, la naissance du groupe Origine – fondé par Alberto Burri, Giuseppe Capogrossi, Ettore Colla et Mario Ballocco – porte une voix nouvelle, encline à rejeter les effets décoratifs de l’art abstrait et réduire la couleur à sa plus simple fonction. Les membres d’Origine revendiquent “le besoin d’une vision rigoureuse, cohérente et énergique”.

Quelques années auparavant, le groupe Forma 1 (1947) constitué par une plus jeune génération d’artistes (Carla Accardi, Ugo Attardi, Pietro Consagra, Piero Dorazio, Giovanni Guerrini, Achille Perilli, Antonio Sanfilippo, Giulio Turcato) avait développé une vision centrée sur la peinture, puisant des références dans le Futurisme de Giacomo Balla et Umberto Boccioni. Un geste éloigné du recours aux matériaux bruts que l’Arte Povera clamera bientôt. D’autres mouvements se feront jour durant cette période féconde, irrigués par les avant-gardes européennes et américaines. “Roma 1950-1965” développe ainsi tous les acteurs de la (re)naissance d’une ville dont la splendeur et la misère, l’extrême religiosité et la décadence cohabitent en un chapitre mémorable que Fellini traduisit dans sa Dolce Vita.

 

 

“Roma 1950-1965”, jusqu’au 27 mai
Prada Rong Zhai, Shanghai.

Des documents d’époque, ouvrages et photographies complètent l’exposition.

 

A voir également :

•“Post Zang Tumb Tuuum. Art Life Politics: Italia 1918–1943”, jusqu’au 25 juin (commissaire : Germano Celant), Fondation Prada Milan.

•“Torbjørn Rødland: The Touch That Made You”, du 5 avril au 20 août (commissariat : Hans Ulrich Obrist et Amira Gad), Osservatorio, Galleria Vittorio Emanuele II.

 

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