L'Officiel Art

Plongée en apnée avec Ludovic Cesari

Il aime à saisir des instants précis, anodins de prime abord. A l'heure des tours de force techniques, Ludovic Cesari (né en 1984) ne s'accorde pas de repentir : travaillant sans retouches, il livre des visions dans leur plus simple et sincère appareil. A découvrir sans plus attendre à la Galerie comparative, qui propose ici la deuxième exposition monographique du photographe.

L’OFFICIEL ART : Le titre de votre exposition – citation d’un philosophe – intrigue. Pourquoi ce choix ?
LUDOVIC CESARI :
Les mots sont de Nietzsche : “Tout est égal, rien ne vaut la peine, le monde n'a pas de sens, le savoir étrangle.” Ils me semblaient particulièrement pertinents dans le cadre de l’exposition, qui se trouve être une installation. Les antagonismes que la citation révèle sur le questionnement permanent de l’Homme, pour une quête tendant vers la recherche du meilleur de lui-même. Tout au long de l'exposition, les œuvres se répondent les unes aux autres.


Comment, dans ce dialogue permanent, avez-vous composé cet ensemble d’œuvres récentes ?
J’ai déroulé un récit à partir d’un objet fortement connoté, installé dans la vitrine de la galerie. Il s’agit d’un coffre-fort des années 1960, brisé, comme fracassé par un socle de béton qui serait tombé du ciel... Un coffre-fort dont on ne détient ni la clé, ni la combinaison, et qui reste fermé à jamais face au visiteur. Sur ce coffre-fort figure le nombre 45, qui représente Adam, l’Homme ; l’Homme et ses mythes. Et évoque une remise en question permanente pour évoluer vers la meilleure des voies. Cette entrée en matière mène ensuite vers Dive, une bâche de 4 x 5 mètres, posée au sol et qui, comme son titre le suggère, invite à effectuer le grand plongeon.
 

Le propos est de faire des visiteurs des éléments participatifs de l’œuvre ?
L’œuvre vit avec le public qui fait la démarche de venir voir l’exposition. Les visiteurs, pour accéder à l'espace, doivent ainsi circuler sur la bâche, se plonger dans le bleu... dans le bain. Et pour passer d’un moment à un autre, d’un chapitre à un autre, le visiteur doit transiter par ce sol. Plonger, émerger, plonger de nouveau...
 

Votre approche scénographique puise dans ces deux pierres angulaires que sont le coffre-fort qui donne accès à l'espace, et l’étendue marine, à la fois douce et inquiétante ?
C'est un jeu d’équilibres et de déséquilibres entre des images qui se répondent, avec des nuances totalement opposées. Brutales, comme ce diptyque montrant la foule lors de luttes sénégalaises : des combats qui ont lieu dans les arènes de Dakar, convoquant la sorcellerie, la nuit, les peurs...
 

Par ces immersions, vous gardez le spectateur en apnée avant de le libérer de nouveau... Cela autour de thématiques très variées. Comment travaillez-vous en termes de captation d’une esthétique très abstraite et d’une réalité très concrète ?
Ce qui m’intéresse n’est pas de m’attacher à un sujet en soi, mais à l’émotion qui s’en dégage.
 

Ludovic Cesari, Le savoir étrangle”, jusqu’au 8 juillet
Galerie Comparative, 10, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris
T. 01 42 77 53 08, www.galerie-comparative.com

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