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Au tout nouveau Macaal, une exposition célèbre l'Afrique loin des clichés

Pour son inauguration internationale, le Musée d’art contemporain africain Al Maaden (Macaal) reçoit la plateforme Afrique in Situ pour présenter, à travers l’exposition “Africa Is No Island”, toute la diversité de la pratique photographique africaine actuelle.
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La photographie africaine possède une longue et riche histoire. Elle débute avec l’invention de la photographie elle-même, importée au Cap dès les années 1840. Mais la photographie en Afrique, ce fut d’abord la photo des autres, un regard, souvent anthropologique, celui des colons blancs sur les peuples africains. Si, dès le milieu du XIXe siècle, des Africains se sont installés en professionnels de la photographie (livrant portraits et paysages et une tout autre vision de leurs contemporains), il aura néanmoins fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que la photographie africaine s’affranchisse du pesant regard occidental, qu’il soit ethnologique, anthropométrique, exotique, touristique.... Au lendemain de l’Indépendance, ce sont les Maliens Seydou Keita et Malick Sidibé qui contribueront en e et au lancement sur le marché international d’un art populaire en Afrique depuis le début du XXe siècle. Leurs photos de studio seront essentielles pour la réappropriation par le continent noir d’un regard qui lui est propre en dissipant les malentendus suscités par les regards étrangers sur l’Afrique.

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Un regard qui change

Portée par une jeune génération d’artistes, la photographie africaine n’a depuis de cesse d’a rmer son propre langage. Ces nouveaux photographes, passés aujourd’hui au numérique, souvent engagés et issus de la diaspora, entrent dans une vue plus globale, sans concessions, et font autant de la photo documentaire, d’architecture, que du portrait en studio. Si chez nombre d’entre eux se fait encore sentir l’ombre de leurs aînés portraitistes, les images produites par la culture mondialisée, de la mode au hip-hop en passant par le cinéma ou la publicité, ont aussi une forte influence sur leur travail. Ce qui n’empêche pas chacune de leurs œuvres de refléter une manière personnelle de voir l’Afrique. À travers l’image, ces artistes réinvestissent l’imaginaire lié au continent africain et abordent des problématiques culturelles universelles telles que la tradition, la spiritualité, la famille et l’environnement dans le cadre d’expériences quotidiennes et actuelles.

Identité polymorphe

Montrer une partie de ce nouveau territoire visuel en déambulant à travers ses images, c’est ce que donne à voir l’exposition Africa Is No Island, présentée actuellement au Musée d’art contemporain africain Al Maaden à Marrakech. Sur l’invitation du Macaal, le site de photographique Afrique in Visu et la commissaire Madeleine de Colnet présentent, à travers Africa is no Island, plus de quarante photographes émergents et établis, publiés sur le site, en dialogue avec une sélection d’œuvres issues de la collection de la Fondation Alliances et de travaux d’artistes de la scène marocaine. Sélectionnées autour des trois chapitres “Je suis ma représentation”, “Dessiner des géographies” et “Recueillir l’histoire”, ces œuvres racontent la diversité des vécus, en questionnant leurs symboles, leur rapport au temps, à l’espace et relatent les diverses perspectives existant aux quatre coins du continent. Le long d’un parcours dédalique ne laissant rien présager de la richesse qu’il recèle, Africa Is No Island invite ainsi le visiteur à découvrir l’expression polymorphe et foisonnante de la pratique photographique africaine actuelle : des images signées par des hommes et des femmes qui peuvent enfin raconter leurs propres histoires et non plus celles que l’on attend de voir surgir d’un continent trop long- temps associé aux drames et au sous-développement.

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Leïla Alaoui. France-Maroc “Khamlia, Sud du Maroc # 1” (2014), série The Moroccans, tirage Lambda sur dibond, 150 x 100 cm.
Sammy Baloji. République démocratique du Congo vue de La Pagode du Président Mobutu (2013). Impression numérique sur papier Baryte, 80 x 80 cm.
Walid Layadi-Marfouk. Maroc “Haya Jat (Stari xion)”, (2017). Impression d’archives pigmentaires sur papier de chi on perlé, 90 x 112 cm.
Mohammed Laouli – Maroc & Katrin Ströbel – Allemagne “Transit(ions) I-IV série” (2018). Tirage ne art, 80 x 100 cm.
Maïmouna Guerresi. Italie/Sénégal “Throne in White” (2016). Tirage Lambda sur dibond, 200 x 125 cm.
Ishola Akpo. Bénin. Série L’essentiel est invisible pour les yeux (2014). Tirage sur papier Baryté, 60 x 90 cm.
Nicola Lo Calzo. Italie. “Idelphonse Adogbagbe, prêtresse de Mami Tchamba (la vaudou des esclaves) et Mami Wata dans le Convent Hounfon Adogbagbe, Grand- Popo, Bénin” (2011), série Tchamba-Agoudas, projet Cham (2007-2016). Tirage sur papier Baryté 50 x 50 cm.
François-Xavier Gbre. Côte d’Ivoire “Cour suprême II, palais de justice, cap Manuel, Dakar, Sénégal (2014). Série Tracks (2009-2016), tirage sur papier Baryté 100 x 150 cm.
Hicham Gardaf. Maroc Série The Red Square, vue de l’installation, Tanger (2016).
Ayana V Jackson. États-Unis “Sarah Forbes” (2016), série Dear Sarah. Tirage pigmentaire sur papier Hahnemühle, 130 x 76 cm.
Nyaba Léon Ouedraogo. Burkina Faso “Work”, série Les Phantoms du euve Congo (2011-2013). Tirage sur papier Baryté, 90 x 60 cm.
Joana Choumali. Côte d’ivoire “Mme Djeneba”, série Haabré, la dernière génération (2013-2014). Tirage sur papier Baryté, 90 x 60 cm.
Lebohang Kganye. Afrique du Sud “Pied Piper” (2013), série Ke Lefa Laka. Tirage sur papier Baryté, 64 x 90 cm.
Baudouin Mouanda. Congo-Brazzaville Série Hip-Hop et Société, tirage sur papier Baryté, 90 x 60 cm
Hicham Benohoud. Maroc “Sans titre”, série La Salle de classe (1994-2002). Photographie argentique sur papier Baryte, 50 x 60 cm.

"L’Afrique n’est pas une île", Macaal, Al Maaden, Sidi Youssef Ben Ali, Marrakech.
Tél. : 06 76 92 44 92.
À voir jusqu’au 24 août.
www.macaal.org

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