Nouvelle étape pour la Fondation Martell
L’OFFICIEL ART : Depuis sa pré-ouverture à l’automne 2016, la Fondation d’entreprise Martell a multiplié les initiatives pour continuer d’incarner l’ambition de cette entité, avant son inauguration en totalité prévue en 2021, comment cette période et l’ensemble des événements tenus ont-ils enrichi la vision et gagné l’attention des visiteurs, locaux et nationaux ?
NATHALIE VIOT : Finalement nous ne faisons qu’exécuter l’ensemble des éléments de la préfiguration imaginée en janvier 2016. Nous la complétons même par une offre événementielle pleine de surprises pour le public, et des partenariats artistiques ou d’entreprise qui se multiplient chaque année et enrichissent la vision.
Après avoir organisé le festival MétaMusiques (mai) la Fondation soutient la Biennale de Vallauris et les Francofolies de La Rochelle, pourquoi ces choix et comment s’articulent-ils au sein de votre espace à Cognac ?
La Fondation est un lieu pluridisciplinaire et nous avons commencé un partenariat avec L’abbaye aux Dames dès le début de notre existence. La musique a toujours été au cœur de nos envies. Cependant il était important de réaliser aussi notre propre festival et d’ambitionner de faire rayonner la musique folklorique de Nouvelle-Aquitaine tout en gardant en tête notre dimension pluridisciplinaire : durant MétaMusiques, certains musiciens – tels que Chassol, Mellano, Iouri Camicas & Youri Fernandez – ont présenté des dispositifs plastiques qui augmentent l’expérience musicale du public… Il était aussi important de nous entourer de David Sanson, programmateur de cette édition, journaliste musical installé depuis deux ans à Bordeaux.
Prochainement à la Fondation, nous ouvrons les Ateliers du faire. La biennale de Vallauris 100% céramique était un partenaire naturel. J’ai fait partie cette année du comité de pilotage dont la mission était de raviver cette biennale, et proposé qu’Olivier Van Herpt réalise une exposition dont je suis commissaire, autour de treize pièces récentes. Par ailleurs, Olivier Van Herpt a conçu une imprimante 3D pour la céramique que nous venons d’acquérir ; il me semblait important de prolonger cette collaboration en recevant l’artiste dans nos ateliers (2020) ainsi que le prix Jeunes talents décerné au duo Baptiste Sévin & Jaïna Ennequin. Créer un pont entre Vallauris et Cognac est un pari fou, mais le médium terre a toujours été une valeur ajoutée de ces deux régions.
En ce qui concerne les Francofolies de La Rochelle, depuis le début de notre existence nous voulons créer un lien avec la mer, le voyage, le déplacement. Le fait de s’associer aux Francofolies est une belle occasion. Yann Rabanier est un photographe que je connais depuis très longtemps et dont j’aime énormément le regard. Je lui ai proposé de travailler sur la notion d’épuisement. Montrer ces chanteurs au bord du gouffre après une performance, comme les grands sportifs après l’effort. Je souhaitais qu’il saisisse cette intensité d’avoir partagé quelque chose de fort, de sentimental, d’amoureux, de vivant que véhiculent les paroles et la musique. La Rochelle est une destination pour nous, nous devions l’approcher c’est une belle opportunité que nous offre Gérard Pont. Finalement, l’Abbaye aux Dames à Saintes, la Biennale de Vallauris et les Francofolies de La Rochelle sont autant de partenaires qui renforcent les racines territoriales que nous souhaitons ancrer en Nouvelle-Aquitaine.
L’automne-hiver prochain marque une nouvelle étape avec l’ouverture des “Ateliers du faire”, au premier étage du bâtiment : des créateurs (verre, bois, céramique, papier, tissu) y seront conviés à dialoguer dans le cadre de résidences. Comment et pourquoi est né ce projet, quelle forme sera restituée aux visiteurs ?
Le projet est né de notre volonté de faire exister des résidences à la Fondation car il nous semble essentiel que des créateurs se déplacent à Cognac et inventent in situ. Ensuite, le fait que des créateurs se retrouvent, sans s’être choisis, et puissent dialoguer sur d’autres métiers et savoir-faire qu’ils connaissent peu ou pas du tout nous a intéressés. Nous voulions mettre au point un lieu où la création s’affirme avec des techniques anciennes, mais dans une idée de laboratoire créatif. Un musicien avec un maitre verrier, un céramiste avec un circassien… Notre ambition est de refaire surgir la mémoire de ce bâtiment en tant qu’outil de production, autrefois industriel, désormais tourné vers les créations contemporaines.
L’ouverture de la Fondation a porté un coup de projecteur sur la ville de Cognac, étoffant et consolidant son potentiel de séduction, quelles sont les interactions avec la municipalité et les acteurs privés ?
La municipalité nous soutient par la communication digitale, le prêt de plantes ou de mobilier... Autant d’éléments qui sont importants pour nous. En ce qui concerne le secteur culturel privé nous n’avons pas établi de partenariats pour le moment, mais nous sommes bienveillants les uns vis-à-vis des autres. Les Maisons viennent à nos événements, nous allons aux leurs. C’est un échange essentiel que de connaître et d’apprécier ce que chacun fait pour la Ville, la Région et son rayonnemenent en matière culturelle.
“L’Ombre de la vapeur”, Fondation Martell, jusqu’en novembre, Cognac, France.