Tajan dévoile les peintures de Dona Nelson
Si depuis quelques années les maisons de vente ont développé des initiatives – hors ventes pures – à destination d’un public élargi, elles ont opéré à l’aune d’une volonté de compléter l’offre à destination de leur clientèle, mais également portées par le désir de sensibiliser un public peu familier des maisons de vente. De même qu’attirer l’attention des galeries, musées et institutions sur des artistes méconnus ou négligés. Les unes en exposant et commercialisant les œuvres, les autres en procédant aux acquisitions qui permettront de les intégrer dans les collections muséales.
C’est aussi la position de Tajan, mais dans ce cas particulier, afin de saisir la spécificité de la démarche, il convient d’évoquer la figure qui l’incarne pleinement, Rodica Seward, présidente de la Maison. En effet, après une carrière menée aux Etats-Unis dans le domaine de la finance, cette architecte de formation et collectionneuse de longue date, s’est employée à explorer et donner vie à sa passion pour l’art. Ainsi, en dehors des ventes orchestrées dans les locaux Arts déco de la rue des Mathurins, elle a mis au point le principe d’un lieu d’exposition, The Gallery. Destinée à mettre en lumière durant la semaine de la Fiac un artiste émergent ou quelque peu oublié, un mouvement ou une école artistique, The Gallery fonctionne à la manière d’un accélérateur, tant la visibilité octroyée par la mise en espace des œuvres qu’autorise l’amplitude du bâtiment et la fréquentation des visiteurs – issus notamment d’un carnet d’adresses parisien et international croisant monde de l’art et univers de la finance – s’avèrent porteuses.
Un dispositif né de l’extrême vivacité de Rodica Seward qui, tout au long de l’année, arpente biennales, musées et foires. C’est ainsi lors de l’édition 2014 de la Biennale du Whitney, à New York, que Seward découvre l’œuvre de Dona Nelson (née en 1947). “J’ai immédiatement été conquise par sa singularité et sa créativité, indique-t-elle, ce qui m’a amenée à poursuivre des recherches sur cette artiste, puis à la rencontrer. J’ai ainsi, peu à peu, compris toute la richesse et la complexité de son travail.” Seward n’aura ensuite de cesse de le mettre en lumière. “Days, Textures and Patterns” permet ainsi d’embrasser une quarantaine d’années de pratique de Dona Nelson. Explorations formelles, stylistiques et matiéristes s’incarnent dans la figuration des années 1980 invitant à l’observation de scènes de la vie quotidienne, mais également les portraits. Spontanément, des liens se révèlent au regardeur : l’explosion de couleur pure de Karl Schmidt-Rottluff, les portraits “incarnés” d’Alice Neel, ou encore les toiles d’un paisible inquiétant de Peter Doig. Plus loin dans l’exposition, les toiles peintes recto-verso invitent à un mouvement circulaire, engageant le visiteur plus avant encore : “Chaque face de mes toiles diffère l’une de l’autre et c’est ce qui m’intéresse – la façon dont deux manifestations visuelles et physiques très différentes peuvent être inséparables et se créer l’une l’autre”, souligne Dona Nelson.
“Dona Nelson, Days, Textures and Patterns”, jusqu’au 20 octobre, de 10h à 18h, le 17 octobre jusqu’à 21h. Espace Tajan, 37, rue des Mathurins, Paris 8e.