Tapisserie d’Aubusson, une inspiration contemporaine
“À mon arrivée, en 2009, nous avons travaillé à raviver l’identité de ce lieu exceptionnel qu’est la Cité de la tapisserie, et à développer toute une série de fonctions. Nous avons ainsi mis en place une formation et avons lancé le premier appel à projets en matière de création contemporaine puis, à partir de 2010, nous avons noué des partenariats de façon à créer des synergies, mettant notamment en lumière le musée départemental de la tapisserie. Comme souvent dans des territoires ruraux, lorsqu’il s’agit de sujets de patrimoines identitaires ancrés, il y a un débat sur la manière d’aborder la gestion des patrimoines et leur inscription dans le futur. Ces échanges fructueux ont été consolidés par l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, de même que par le succès du premier appel à projets avec près de 350 dossiers reçus, dont 20 % issus de pays étrangers. Cet écosystème a créé une nouvelle dynamique locale qui a, je crois, bénéficié également du travail que l’on a mené dans le cadre de nos expositions et du mécénat que nous sommes parvenus à mobiliser. Nous avons ainsi impulsé un rythme, émaillé de pièces très fortes sorties de nos ateliers : je pense, entre autres, à l’œuvre de Mathieu Mercier. Nous avons également bénéficié du ‘retour en grâce’ de la tapisserie qui, à partir de 2010, a fait sa ‘réapparition’ dans le cadre d’expositions de galeries et de manifestations d’art contemporain, de même que du fait que les nouvelles générations d’artistes sont moins attachées aux distinctions extrêmement cadrées entre la dimension arts plastiques et la dimension arts décoratifs ; beaucoup se sont intéressés à ce médium. Pourquoi ? Parce que, d’une part, il y a un retour de l’art textile, et d’autre part, il me semble qu’il y a deux sortes de modernités à travers la modernité : le fait d’être dans une œuvre dans laquelle on s’immerge pleinement – et l’immersion est, elle, très contemporaine – et le fait qu’à l’époque du numérique, on peut créer une correspondance entre le pixel et le point de tapisserie. C’est également une source d’inspiration pour les artistes. Au sein de notre programmation, nous tentons de répondre au credo ‘étonnez-moi, apprenez-moi, amusez-moi’. Nous avons ainsi, après de longs échanges avec les ayants droit, conçu une pièce inspirée de Tolkien (‘Aubusson tisse Tolkien’, jusqu’au 31 décembre) : cette pièce suscite un fort intérêt des visiteurs, ce qui nous a incités à projeter la réalisation d’une deuxième tenture inscrite dans cette direction de regard vers un public plus large. Mais nous poursuivons également le travail de création contemporaine que nous avons construit peu à peu en débutant par des appels à projets – cette année, il s’est intitulé ‘L’œuvre ouverte, la tapisserie en extension’. On sollicite les artistes autour de la réalisation d’une tapisserie avec l’idée d’extension à d’autres médiums (cuir, céramique, bois...) de façon a résonner en termes d’univers créatif. En outre, via la commande mécennée, nous avons, cette année, mobilisé l’imaginaire de Clément Cogitore, Prix Marcel Duchamp 2018, dont le travail est exposé au centre culturel et artistique Jean Lurçat (du 30 juin au 24 août). Nos projets sont multiples, ils ont pour ambition de fédérer différents types de publics, et de mobiliser un grand nombre de partenaires.”
Cité internationale de la Tapisserie : “Aubusson - Unesco : 10 ans”, quatre expositions : “Aubusson tisse Tolkien” (jusqu'au 31 décembre), “Le Mur et l’Espace” (du 28 juin au 6 octobre), “Clément Cogitore” (du 30 juin au 24 août), “Lumière sur les Ateliers Pinton” (jusqu'au 27 octobre).