Anxiété face à la lecture de l'actualité mondiale : comment y faire face ?
Des experts nous aident à relever les défis des temps difficiles que nous traversons tous aujourd'hui.
Alors que nous revenons peu à peu à notre routine normale après plus de deux ans de pandémie, qui nous a mis en isolement social et a forcé un changement soudain des habitudes, un autre moment historique est arrivé. Il ne fait aucun doute que nous vivons des moments difficiles, dans lesquels le mot "guerre" a pris le dessus à la télévision, sur les réseaux sociaux et même au niveau des conversations entre amis. Cependant, comment faire face à toute l'anxiété que cette nouvelle peut apporter ?
Apprendre à filtrer cette pluie d'informations et à maintenir sa santé mentale au milieu de ce scénario est un grand défi pour de nombreuses personnes. Par conséquent, nous avons demandé à Denize Savi, journaliste spécialisée dans la science du bonheur, et à Mônica Camargo Tracanella, psychologue et stratège en stratégie de marque, comment se tenir au courant des conflits qui sévissent dans le monde et équilibrer les mauvaises pensées et sentiments face à tout cela. Suivez leurs conseils.
- Face à une actualité forte, pourquoi est-il souvent très difficile d'y faire face seul ? Que faire dans ce cas ?
Denize Savi : Les nouvelles négatives ont un impact beaucoup plus profond, non seulement sur le plan émotionnel, mais aussi sur le plan neurologique. Notre cerveau traite les nouvelles négatives plus rapidement, plus intensément et mieux que les nouvelles neutres ou positives. Lorsque nous voyons ou recevons une mauvaise nouvelle, nous sommes plus attentifs et nerveux, et nous nous en souvenons plus facilement. Le psychologue, chercheur et auteur de The Brain and Happiness, Rick Hanson, affirme que notre cerveau est composé de velcro pour les choses négatives et de téflon pour les choses positives. Cela signifie que tout ce qui est défavorable attire beaucoup plus notre attention et "colle" à notre esprit comme du Velcro. Sachant cela, les médias utilisent ce phénomène à leur profit, explorant beaucoup plus les tragédies. Oui, nous vivons l'une des pires crises de l'humanité et le sentiment est que la tranquillité – et même le bonheur – est plus loin que jamais.
- Quels conseils donneriez-vous à ceux qui sont particulièrement anxieux de suivre la situation politique en ce moment ?
Denize Savi : Le premier conseil est de choisir des sources d'information fiables et de suivre consciemment l'actualité, c'est-à-dire de rester informé, en essayant de ne pas se gâcher et s'y oublier. Une autre astuce consiste à éviter de consommer de manière obsessionnelle les événements qui se déroulent tout au long de la journée. Selon une étude de l'Université de Californie, lire, écouter ou regarder de mauvaises nouvelles dès le matin déclenche des symptômes d'anxiété et de tristesse qui peuvent persister toute la journée. Pour éviter de commencer la journée la tête pleine, troquez l'actualité contre de l'exercice ou de la méditation. Si possible, les deux. Ces activités libèrent des hormones de bien-être. Fixez-vous une heure tout au long de la journée pour rester informé et évitez également de voir de mauvaises nouvelles avant de vous coucher.
6 conseils pour trouver l'équilibre dans les moments difficiles
- Limitez le temps pour les mauvaises nouvelles
Mônica Camargo : Autant nous voulons savoir ce qui se passe, autant nous devons nous contrôler pour trouver l'équilibre entre information et ivresse. Séparez les moments de la journée pour vous informer, mais évitez de suivre les événements tout le temps, à tout moment. Si l'anxiété perturbe souvent votre sommeil, évitez de lire les nouvelles en fin de journée, avant de vous coucher.
- Équilibrez votre routine avec de bonnes nouvelles
Mônica Camargo : Essayez d'attirer votre attention aussi sur les bonnes nouvelles et les bons événements. Changez d'orientation : lisez des livres et regardez des films avec des thèmes plus légers, parlez à des amis, etc.
- Identifiez les petits moments de bonheur
Mônica Camargo : Tout au long de la journée, essayez de créer et de profiter de petits moments de joie, en faisant quelque chose pour vous faire plaisir. Entraînez-vous à regarder le côté entier du verre — essayez de vous souvenir, chaque soir avant de vous coucher, de 3 moments de votre journée pour lesquels vous devriez sourire et être reconnaissant. Avec cette pratique, ces moments commenceront à être identifiés tout au long de la journée et vous pourrez en profiter de manière plus présente et consciente.
- Concentrez-vous sur votre respiration
Denize Savi : Il existe une technique de pleine conscience appelée Pause transactionnelle. Il consiste en des micro-pauses entre une tâche et une autre pour respirer et attirer l'attention sur son corps. Pour commencer, portez votre attention sur votre respiration, puis sur les sensations procurées dans le corps, et essayez de comprendre ce que vous ressentez, mais ne cherchez pas à changer la sensation, acceptez-la simplement. Autorisez-vous à être et à vous détendre pendant quelques minutes. Si vous vous sentez très anxieux, la pratique de la respiration profonde aide beaucoup. La respiration à quatre temps est idéale pour oxygéner le cerveau et le corps. Inspirez en comptant jusqu'à quatre, maintenez en comptant jusqu'à quatre, expirez en comptant jusqu'à quatre, maintenez en comptant jusqu'à quatre. Répétez le processus pendant 3 à 5 minutes. De cette façon, une concentration plus élevée d'oxygène aidera les réactions chimiques du cerveau en modifiant l'état émotionnel.
- Pensez positivement
Denize Savi : La psychologie positive propose plusieurs outils pour augmenter le bien-être et la qualité de vie, basés sur le développement de forces telles que l'amour, la gratitude, l'optimisme et la résilience. Il est ainsi possible de voir le monde avec des yeux différents — pas les yeux de ceux qui sont aliénés, mais au contraire, les yeux de ceux qui sont plus qu'attentifs pour aider à transformer le monde en un monde meilleur.
- Soyez conscient de la scène mondiale ainsi que de vos émotions
Denize Savi : Ce que nous devons faire, c'est être conscients que nous avons de très mauvaises attentes vis-à-vis du monde à cause de l'excès de mauvaises nouvelles. La prise de conscience est la première étape pour ne pas entrer dans une spirale d'émotions négatives qui mènent au stress, à l'anxiété et même à la dépression. Et de manière pratique, amener cette prise de conscience à ce qu'il est possible de transformer dans notre environnement. Qu'est-ce qui est à ma portée et que je peux contribuer à améliorer ? Être volontaire dans un projet social? Promouvoir des actions pour préserver l'environnement ? Faire du bien ? Qu'est-ce qui est tangible dans ma réalité ?